“Pas de repos pour les braves”, paraît-il… alors on fait fi du sommeil, car l’étape parisienne de Xathrites, Askeesi et Decima est sur le point de commencer.
Toujours amer d’avoir dû rater les géorgiens et les irako-français l’an dernier, je ne comptais pas laisser passer cette date.
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On démarre avec les silhouettes encapuchonnées et masquées de Decima, qui s’installent sans un mot, et commencent à nous distiller leur mélange entre Post-Black et Black/Death. Le chanteur, seul à ne pas posséder de masque sur sa cagoule, n’hésite pas à s’avancer au plus près d’une fosse encore assez clairsemée mais attentive, faisant de grands gestes assez théâtraux pour donner vie à son discours pendant que ses camarades maltraitent comme ils le peuvent leurs instruments. Bien qu’assez peu familier avec l’univers du groupe, j’interprète leur setlist comme une relation malsaine, et la froideur que les cinq musiciens (qui luttent pour ne pas se rentrer dedans) nous présentent entre les morceaux ne fait que corroborer ce sentiment. C’est également sans un mot qu’ils quittent la scène, après une performance courte, mais très appréciée.
Setlist: Intro – Le rêve – La Création – Les Sentiments – L’Union – La Dépendance – La Destruction
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On passe à Xathrites, qui s’embarasse à peine d’une introduction pour déverser son DSBM brumeux et mélancolique. La magie opère immédiatement, et l’intégralité de l’assemblée semble comme fascinée par le son déchirant produit par les trois musiciens et leur tablette, dont la présence est justifiée par l’absence du guitariste fondateur, Alex Basher, qui ne peut quitter le pays où il vit actuellement. Whirlwind (guitare/chant) présente les titres, et nous explique qu’au vu de la difficulté de leur tournée, sa voix risque d’en pâtir ce soir, mais il peut compter sur Wendigo (basse/chant) pour l’épauler, et le duo fonctionne à merveille. Les musiciens donnent littéralement tout ce qu’ils ont, assurant une performance poignante, mais les aléas du direct semblent ligués contre eux : la double pédale de Ronce (batterie) fait des siennes, et contraint le groupe à s’interrompre à deux reprises. Cela n’empêchera pas le vocaliste de dédier le morceau Suicide Was My End à une spectatrice, dont c’était l’anniversaire, et de nous transporter jusqu’aux confins de la tristesse dans une dissonance envoûtante avant de finalement être longuement applaudis pour cette expérience.
Setlist: Screaming from inside – Human Contact Is a Plague – No Longer Me – No Room for Another Wound – Suicide was my end – As my last ray of hope fades – My Journey to the Morgue – Nostalgia (Nocturnal Depression cover) – My last day story – Hope Is a Mental Illness
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Dernier groupe de la soirée, Askeesi nous emporte au beau milieu de la forêt pour un rituel païen qui suit les traditions de son pays. Les six membres tiennent à peine sur la scène, mais rien ne semble pouvoir arrêter Gvantsa (chant) qui hurle au bord de celle-ci, que ce soit en anglais ou en géorgien, pendant que ses camarades alignent leurs harmoniques glaciales. La vocaliste prend le temps de nous remercier, de préciser qu’ils adorent tous notre pays, puis de présenter chaque morceau, son histoire et sa langue, avant que le son n’emporte à nouveau l’assemblée, visiblement très attentive aux riffs du combo en robe de bure. Tout comme pour les deux groupes précédents, le son est exceptionnellement bon, et nous permet un véritable voyage mental entre mysticisme et mélancolie évidente, laissant la dissonance nous bercer et les hurlements nous effrayer, créant un contraste permanent qui fédère la fosse. Après huit morceaux, la chanteuse saluera notre “amazing energy” et le groupe quitte la scène sous l’ovation générale.
Setlist: The Foggy Mountains of the Caucasus – Ancient Existence – Castle of Despair – The Mountains Are My Refuge – Death Is Somewhere Here – In Another Life – The Roots of a Sacred Tree – Saint Askeesi
Je sais qu’il y avait au Zénith un monument du Metal venu du Brésil, mais je ne regrette absolument pas mon choix, tant le show de ce soir était dépaysant et qualitatif. L’ouverture de Decima nous a permis d’entrer dans une phase de mélancolie parfaite pour apprécier les univers de Xathrites et Askeesi, deux formations rares à la musique intense qui méritent beaucoup plus d’exposition.