Le perfectionnisme de Crippled Black Phoenix célèbre ses vingt ans.
Mené comme toujours par les infatigables Justin Greaves (guitare/batterie/basse) et Belinda Kordic (chant), le groupe s’entoure de Andy Taylor, Helen Stanley, Matt Crawford, Georg Paco Nitschke, Wesley J. Wasley, Ryan Patterson, Justin Storms, Kostas Panagiotou, Robin Tow et Martin Hyde pour réenregistrer les sons présents sur The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature, ainsi que des reprises sur Horrific Honorifics Number Two(2), son treizième album.
Loin d’être un tout nouvel album, The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature ne contient que des morceaux déjà sortis, mais que le groupe a choisi de remettre au goût du jour. On commence par exemple avec les rires sinistres de la longue We Forgotten Who We Are qui deviendra rapidement entêtante et aérienne avant de finalement accueillir les parties vocales lancinantes. Le morceau reste globalement ancré dans la quiétude, notamment grâce à ses racines Shoegaze brumeuses et progressives, rejoignant la glauque mais festive You Put The Devil In Me, composition guidée par les claviers où la vocaliste s’en donne à coeur joie pour nous envoûter, laissant les guitares prendre le relai pour de longs passages leads. 444 reste dans cette approche occulte avant de proposer un son chaleureux mais assez imposant, profitant de quelques samples pour nous faire à moitié sortir de notre torpeur, mais les différentes voix se répondent jusqu’à atteindre Goodnight, Europe (Pt2). L’approche est sensiblement différente, laissant Belinda jouer avec des notes vaporeuses qui flottent aisément dans l’air et forment une brume fascinante avant de s’effacer pour laisser (-) nous autoriser un long moment de flottement grâce aux claviers et bruits ambiants. On retrouve un duo vocal intéressant sur Song For The Unloved pour les premiers instants assez calmes, mais l’atmosphère s’intensifie et nous dévoile une saturation doublée de tonalités mystiques avant de s’apaiser à nouveau, puis de revenir à des influences Jazz grâce à un saxophone. Le reste du morceau conserve cet univers futuriste surprenant avant de finalement revenir à une approche plus épurée avec Whissendine, nous permettant de respirer tout en laissant la chanteuse nous hypnotiser. La voix samplée finale nous accompagne jusqu’à Blizzard Of Horned Cats, une dernière composition d’abord très douce puis plus lourde imposante, mais qui reste dans cette dynamique d’effets aériens jusqu’à céder à la folie et disparaître dans un bruit blanc.
On reprend donc avec Horrific Honorifics Number Two(2) qui débute par Vengeance de New Model Army, où on sent clairement la vibe Post-Punk et les touches Gothiques qui deviennent plus énergiques sous la patte du combo. Les tonalités vindicatives deviennent planantes sur Self Control de Laura Branigan, laissant Belinda sublimer un nuage de douceur inattendu avant de revenir à l’atmosphère Post-Hardcore teintée d’Industrial de Blueprint, composition de Fugazi où la rage rencontre l’apaisement. Le morceau reste assez intense, mais le son redevient d’abord lancinant avec And That’s Sad, création hétéroclite de NoMeansNo où les régulières éruptions de violence font rage entre les vagues de calme. Retour à la véritable quiétude sur Hammer Song du Sensational Alex Harvey Band où les touches Rock des années 70 sont plus que présentes et sublimées par le groupe, en particulier dans les leads, alors que When A Blind Man Cries de Deep Purple nous emporte dans sa nostalgie. Les touches Blues résonnent à la perfection avec l’approche aérienne, mais My Pal de GOD viendra transformer la rythmique pour lui donner une énergie communicative. La dernière reprise est Goin’ Against Your Mind, des américains de Built To Spill, dont le Rock Atmosphérique colle parfaitement à l’approche plus lourde de Crippled Black Phoenix. Je ne connaissais pas le groupe d’origine, mais j’aurais pu jurer que la composition était nouvelle !
Crippled Black Phoenix a cette fois choisi de revisiter d’anciens morceaux pour leur donner une seconde jeunesse, et c’est une excellente chose. En plus de réactualiser leur son sur The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature, ils nous dévoilent leurs influences sur Horrific Honorifics Number Two(2), permettant aux fans les plus récents de les découvrir, ou redécouvrir.
85/100