Février commence à peine, et le mois va nous mettre sur les rotules ! Pourquoi ? Parce qu’en plus du Mondial du Tatouage, évènement très attendu si comme moi vous avez ne serait-ce qu’un peu d’encre dans la peau, trois groupes très poétiques vont jouer ce soir : Carcass, que l’on a pas vu en headline depuis des lustres, Brujeria, qui célèbrent l’oeuvre de deux de leurs camarades tombés récemment, mais aussi Rotten Sound qui… viennent tout casser. C’est parti pour l’Europa Rigor Mortis ?
Arrivant un peu plus tôt à la Grande Halle de la Villette, j’y découvre d’abord le Mondial du Tatouage, ses allées et ses stands tous dédiés à l’art corporel. S’il y a bien évidemment beaucoup d’artistes qui viennent de l’hexagone, la diversité est plus que présente cette année encore, avec des artistes qui viennent littéralement des quatre coins du monde : Amérique, Asie, Australie, Europe… et ils représentent également tous les styles possibles et imaginables ! Du tatouage traditionnel Japonais au blackwork le plus violent et déstructuré possible en passant par de petits personnages d’animation adorables, tout y est. Les listes d’attente sont également très remplies, certaines depuis quelques mois, mais les artistes et leur équipe sont tous très ouverts à la discussion, certains participant même aux concours du jour qui récompensent les meilleures pièces (et certaines sont vraiment impressionnantes). Les balances ont été faites, et l’heure arrive.
Après plusieurs appels au micro, c’est Rotten Sound qui s’installe en toute décontraction, et qui envoie d’un seul coup un son bien abrasif comme on les aime. Le groupe balance ses riffs à toute allure sans une once de compassion, et on voit déjà quelques têtes qui commencent à remuer dans la fosse, juste avant que Keijo Niinimaa (chant) ne temporise avec un “thanks for coming so early for us” qui permet à ses camarades de vérifier leur accordage. La prochaine déferlante ne tarde pas à venir nous frapper, sans concession ni temps mort autre que la fin des morceaux, mais ils s’enchaînent à un rythme soutenu. Les musiciens n’hésitent pas à martyriser leurs instruments ou à les lever devant un public qui semble déjà bien en forme, et qui n’hésitera pas à hurler “faster!” après un morceau plus gras et lourd. Le vocaliste prend le pari, et les morceaux continuent à motiver la fosse, qui n’hésitera pas à remuer de plus en plus, répondant même présent lorsqu’un circle pit est demandé pour terminer la performance, largement applaudie.
Le changement de backdrop est un peu douloureux pour Brujeria. En effet, les visages de feu Juan Brujo et Pinche Peach sont présents, et lorsque le show démarre, c’est avec un petit pincement au cœur que l’on retrouve El Sangrón (chant) seul au centre. Fantasma (basse) et El Criminal (guitare) l’aident bien entendu pour les parties vocales les plus virulentes, et la fosse remue déjà bien sur ces riffs accrocheurs au groove dévastateur qui secouent la scène. Entre deux titres, on entendra quelques “Ça va bien Paris, you’re having a good time today?” qui seront bien entendu très fédérateurs, mais également les demandes d’hommage à leurs camarades disparus l’été dernier. Si le public devient totalement déchaîné pendant les morceaux, reprenant avec les musiciens le refrain, il est également très respectueux et solidaire avec le groupe, qui nous remercie vivement de notre présence ce soir. Si tous les morceaux sont incroyablement fédérateurs, on notera surtout La ley de plomo qui a tout simplement tout détruit, les substances pas très légales consommées sur Consejos narcos à la demande des musiciens, mais également l’enchaînement Raza odiada (Pito Wilson) et Matando güeros (avec notamment un slam relativement long) avant lequel El Sangrón présentera les membres, guitariste, bassiste et enfin le batteur El Sativo, “el hijo de Juan”, qui a littéralement tabassé son instrument toute la soirée. Après le dernier morceau, les membres restent sur scène et signent avec joie quelques pochettes ou drapeaux sous les acclamations.
Setlist: Brujerizmo – El desmadre – Hechando chingasos (Greñudos locos II) – Vayan sin miedo – La migra (Cruza la frontera II) – Chingo de mecos – Cristo de la roca – Desperado – Colas de rata – La ley de plomo – Revolución – Consejos narcos – Raza odiada (Pito Wilson) – Matando güeros – Marijuana (sur bande)
Dernier groupe du soir, la légende anglaise Carcass vient clore la soirée avec plus d’une heure de maîtrise entre Goregrind et Death Mélodique. Daniel Wilding (batterie) se place à l’arrière de la scène, suivi par Bill Steer (guitare) toujours aussi joyeux, Nippy Blackford (guitare) légèrement plus concentré, puis enfin Jeff Walker (basse/chant) qui arbore désormais le crâne rasé, mais dont le regard possédé fait toujours son effet. Le show débute avec les longs leads de Buried Dreams, mais avec une foule aussi excitée et certains éléments avinés, le tout va rapidement dégénérer, obligeant les agents de sécurité à repousser certains spectateurs un peu trop motivés. Les leads s’enchaînent entre deux passages beaucoup plus violents, mais les lumières semblent une fois de plus de notre côté, proposant tout de même quelques motifs de temps à autres, mais on remarque que les membres du groupe restent sur leurs positions. Jeff grimace entre deux hurlements, Bill sautille en faisant danser ses doigts, et le plus concentré reste Nippy, qui toise la foule du regard pendant qu’il couple ses harmoniques à celles de ses camarades. Le bassiste sera toujours aussi généreux en médiators, les offrant à chaque titre ou presque et continuant à jouer au doigt avant d’en prendre un nouveau, mais il sera également le premier à haranguer à coups de “Paris, I can see you!”, et le public le lui rend bien ! Côté setlist, le groupe reste sur une sélection de classiques, de medleys partagés entre du vieux, du très vieux, et du récent (dont deux titres issus de Torn Arteries, leur dernier album qui approche des quatre ans), et même un solo de batterie ! Au final, tout le monde est content, vu les applaudissements retentissants !
Setlist: Buried Dreams – Kelly’s Meat Emporium – Incarnated Solvent Abuse – No Love Lost – Tomorrow Belongs to Nobody / Death Certificate – Dance of Ixtab (Psychopomp & Circumstance March No. 1 in B) – Black Star / Keep On Rotting in the Free World – Genital Grinder – Pyosisified (Rotten to the Gore) – Exhume to Consume – 316L Grade Surgical Steel – This Mortal Coil
Rappel : Corporal Jigsore Quandary – Tools of the Trade – Drum Solo – Ruptured in Purulence / Heartwork
2025 était ma première année au Mondial du Tatouage, et voir autant de personnes talentueuses au même endroit est vraiment stimulant ! Pour la partie concerts, la soirée est une véritable réussite entre les riffs bruts de Rotten Sound, le Grind accrocheur de Brujeria qui a rendu un vibrant hommage à ses frères d’armes, et les pontes de Carcass qui assurent toujours avec leur recette inchangée ! Merci à Simon pour l’accréditation photo, et n’oubliez pas de boire de l’eau !
2 thoughts on “Live Report : Carcass + Brujeria + Rotten Sound au Mondial du Tatouage”