L’heure d’Apocrypha a sonné pour Exiled Hope.

Créé par la multi-instrumentiste Sofia Frasz, elle nous présente en 2025 son troisième album, toujours en tant que projet indépendant. 

On débute avec le piano de The Summoning, d’abord calme puis survolté avant d’accueillir le chant et de finalement se transformer en riffs infusés au Metal Gothique lorsque les hurlements apparaissent également. Le contraste entre les deux chants est mis en lumière par un duo qui nous mène finalement à The Day Will Come où la touche Symphonique est très présente tout comme les influences Heavy sur les leads, et qui rend le morceau assez accessible. On notera à peine une touche de chant saturé alors que Blood of the Ancients se montre immédiatement plus agressive grâce à une première approche effrénée, mais le titre se montre à nouveau plus modéré et finalement saccadé avant que Dreamwalker ne prenne le relai. La vocaliste est rejointe par ??Matthew “Metal Matt” Cousins pour accentuer la touche de mélancolie de la balade ainsi créée, en opposition totale avec la majestueuse Over For You qui conserve ses orchestrations même lorsqu’elle devient plus agressive et saturée. Brendon “Imperator Mortem” Moran rejoint le projet pour Altar Of Moloch qui exploite les racines Black Metal avec un mix assez crasseux, puis The Silence Is Deafening vient à nouveau s’ancrer dans une douceur planante avant de placer une rythmique relativement simple pour accompagner voix claire et claviers. Le son devient plus sauvage avant de déboucher sur Behold My Shattered Skies où la musicienne explore des tonalités orientées vers le Metal Progressif pour accompagner sa voix et se différencier totalement du morceau précédent avec un pic d’intensité qui redescend lentement vers Deathslayer. Le piano et les orchestrations occupent la première partie du morceau, mais ils sont finalement renforcés par les racines Black Metal pour une vague de fureur qui s’apaise, puis s’enflamme à nouveau avant de nous laisser un instant de répit pour rejoindre Lightborn qui reprend les touches Power Metal accrocheuses et leur offre des harmoniques perçantes. Le chant reste principalement clair, créant un contraste intéressant avec l’énergie des riffs alors que Remnants propose un ton assez maussade, bien que mélodieux, et qui reste intégralement dominé par les claviers. Retour de la violence et des autres instruments pour Forbidden Majesties, le dernier titre, où on reconnaît cette touche torturée du Gothique pendant que la vocaliste nous fait profiter de tout son panel vocal avant un solo final.

Les influences diversifiées d’Exiled Hope permettent de faire qu’aucun des morceaux d’Apocrypha ne se ressemble, et c’est une bonne chose ! Quelques moments de flottement viennent cependant parfois briser le rythme instauré, mais la musicienne parvient toujours à relancer la machine.

70/100

English version?

Quelques questions à Sofía Frasz, créatrice d’Exiled Hope et multi-instrumentiste, à l’occasion de la sortie de son troisième album Apocrypha mais aussi de l’EP Realm Of The Exiled réalisé en collaboration avec le groupe Steel Forge.

Bonjour Sofia, et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Comment pourrais-tu présenter le groupe Exiled Hope sans utiliser d’étiquette musicale telle que “Power Metal”, “Black Metal” ou “Melodic Metal” ?
Sofía Frasz : Merci de ton intérêt ! Je présenterais Exiled Hope comme un vaisseau pour une narration sincère et à multiples facettes qui rend les thèmes universels personnels.

D’où vient le nom Exiled Hope et comment le reliez-vous à la musique que tu joues ?
Sofía : “Hope” est le nom du personnage principal de mon premier album en 2020 (Exiled Hope). Une grande partie de l’histoire suit son exil de sa ville après qu’elle ait mené un soulèvement contre les tyrans qui la gouvernent. L’histoire se concentre sur différents personnages et différentes histoires secondaires dans chaque album, mais Hope est le catalyseur central des événements des albums suivants, qu’elle apparaisse comme une héroïne populaire ou comme un personnage réel. Le nom Exiled Hope évoque aussi subtilement les thèmes du retour à l’innocence, aux fantasmes et à l’évasion que nous exilons de nous-mêmes à mesure que nous vieillissons et que la vie progresse. Je veux que ma musique axée sur la narration rappelle à mes auditeurs de ne pas “exiler” ces parties d’eux-mêmes et de s’accrocher à l’art et aux histoires qui nous font continuellement espérer un monde meilleur. Le personnage de Hope représente ce désir que les gens essaient de bannir d’eux-mêmes, croyant qu’il est irréaliste ou futile d’espérer et d’œuvrer pour quelque chose de meilleur. C’est en fin de compte ce dont parle ma musique, à un niveau macro.

En 2025, il y aura non seulement une, mais deux sorties : l’EP Realm Of The Exiled en collaboration avec le groupe Steel Forge, mais aussi ton nouvel album Apocrypha. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà des retours ?
Sofía : Je suis très excitée par ces deux sorties, et je veux qu’elles reçoivent l’attention qu’elles méritent. C’est difficile de le faire quand on sort deux albums l’un après l’autre, mais chaque sortie s’appuie sur l’autre et attire davantage l’attention sur les sorties précédentes. Les deux albums sont de loin mon meilleur travail à ce jour, en termes d’écriture, de production et d’interprétation. À ma connaissance, les deux albums ont déjà reçu des réactions très positives. Je m’attendais à ce qu’ils soient des albums polarisants que l’on aime ou que l’on déteste en raison du mélange des genres, donc je suis agréablement surpris de voir qu’ils reçoivent déjà des retours positifs. Tout le monde ne comprend pas ma musique, car je joue avec un tas de styles qui n’ont pas forcément l’air de fonctionner ensemble. On comprend ou on ne comprend pas, et je comprends tout à fait que les gens ne comprennent pas et mettent du temps à s’y habituer.

Comment résumerais-tu l’identité de ces deux albums en trois mots ?
Sofía : Realm Of The Exiled – aventureux, féroce, fier. Apocrypha – méticuleux, choquant, sincère.

Comment s’est déroulé le processus de création d’Apocrypha ? As-tu remarqué des changements par rapport à l’EP Realm of the Exiled ?
Sofía : Il a fallu plusieurs années pour créer Apocrypha. J’ai pris environ un an pour affiner mes compétences vocales et instrumentales avant de reprendre l’écriture et l’enregistrement d’Apocrypha parce que j’avais heurté un mur après Angel Of Greytown (2021) et que je ne pouvais pas me produire au niveau auquel je voulais me produire sur l’album suivant. À partir de là, j’ai utilisé mes nouvelles compétences pour retravailler la majeure partie de l’album à partir de zéro jusqu’à ce que j’obtienne quelque chose qui reflète précisément mes capacités actuelles et qui corresponde à l’objectif final de l’album. Realm Of The Exiled a été enregistré alors que la majeure partie d’Apocrypha était déjà terminée, il n’y a donc pas eu de courbe d’apprentissage, et toutes mes parties ont été terminées en quelques mois seulement. Les seuls obstacles que nous avons rencontrés sur Realm Of The Exiled ont été la coordination des horaires d’enregistrement des membres de Steel Forge et le choix d’un ingénieur de mixage et de mastering. Bien sûr, lorsque vous travaillez avec un groupe, tout le monde doit être d’accord sur le produit final, ce qui a également pris du temps.

Qu’en est-il de l’œuvre d’art, quelles étaient les directives que vous avez données à l’artiste, et comment s’accorde-t-elle avec la musique que vous avez créée ?
Sofía : L’œuvre est une peinture de 1834 de John Martin, intitulée The Deluge. Elle capture parfaitement l’atmosphère sombre, orageuse et chaotique que ma musique crée sur cet album ; cet album est une tempête de styles différents, d’émotions concurrentes, et traite du tumulte de choisir son propre chemin et de trouver la vérité quand le monde s’est mis en tête de vous décevoir.

En ce qui concerne l’album lui-même, le son de votre projet est à la fois ancré dans le Black Metal et le Power Metal, mais comment décrirais-tu ta propre touche ? Quels sont les groupes qui t’inspirent ?
Sofía : En tant que personne, je me sens comme une contradiction ambulante, et ma musique reflète cela ; elle est pleine de contradictions stylistiques qui semblent ne pas devoir fonctionner ensemble, mais c’est le cas. Cela ne me semble pas vraiment inhabituel, car mes principales influences (Avantasia, Iced Earth, Kamelot, Nightwish, Wintersun, Unleash The Archers, Swallow The Sun, The Foreshadowing, Cradle Of Filth) mélangent très souvent les genres et ont souvent changé de style au fil du temps, ce qui me fait toujours rire lorsque les gens sont surpris par mes mélanges de genres. Ce n’est jamais une surprise pour moi lorsque des groupes font cela, parce que c’est parfaitement logique si vous voulez que votre musique reste intéressante ; ne serait-ce pas ennuyeux si chaque groupe restait dans sa propre boîte tout le temps ?

As-tu une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album.
Sofía : Ma chanson préférée sur l’album change tout le temps, mais Deathslayer et Forbidden Majesties ont sans doute été les plus difficiles à enregistrer. Je n’arrivais pas à décider comment je voulais que tous les morceaux s’emboîtent, alors j’ai refait ces chansons plusieurs fois avant de leur trouver un ancrage stylistique solide.

Où trouves-tu l’inspiration pour créer de la musique ?
Sofía : J’écoute BEAUCOUP de musique et je me dis “comment cette chanson changerait-elle si elle prenait des éléments de cette autre chanson, ou de cette autre chanson” ? La plupart de mes idées de chansons commencent par une itération de “et si ce groupe de Power Metal écrivait une chanson de Black Metal” ou “et si ce groupe de Thrash Metal écrivait une chanson de Symphonic Metal”, en mélangeant et en associant différents styles et techniques jusqu’à ce que j’obtienne quelque chose d’intéressant que j’aurais aimé découvrir moi-même en tant qu’auditeur. Je ne comprends pas les artistes qui n’écoutent jamais de nouvelles musiques, car mes idées les meilleures et les plus originales proviennent de l’expansion et de l’expérimentation de toutes les nouvelles musiques fantastiques qui existent.

Penses-tu t’être améliorée en tant que musicienne et compositrice avec ce nouvel album ?
Sofía : Absolument, oui. J’ai passé presque une année entière à prendre des cours et à travailler ma technique en tant que chanteuse et musicienne pour pouvoir donner vie à mes nouvelles idées. Il n’y a aucune comparaison possible avec mes albums précédents ; je suis toujours fière de ceux-ci parce qu’ils font partie de mon histoire, mais il s’agit d’une renaissance complète d’Exiled Hope. Si vous pensiez connaître mon travail avant, je vous promets que ce n’est pas le cas.

Comme Exiled Hope est un groupe solo, il semble difficile pour toi de jouer en live. Envisages-tu d’engager des musiciens pour porter tes chansons sur scène ?
Sofía : Non, je ne pense pas que cela se produise un jour. Je sais que d’autres projets solo l’ont fait, mais je déteste les tournées et je ne me souviens pas de la plupart de ce que j’enregistre parce qu’il y a tellement de couches, qu’il serait impossible d’enseigner ces chansons à d’autres musiciens. Ce serait un cauchemar logistique.

Quelles seraient les prochaines étapes pour l’avenir d’Exiled Hope ?
Sofía : L’album 4 est enregistré, un EP de reprises est presque terminé, et l’album 5 est à peu près à la moitié de son enregistrement. J’ai également une autre bande originale de court-métrage, Hallowed Paths, qui est terminée depuis un moment et qui sortira, je l’espère, l’année prochaine ou en 2026. Et bien sûr, je ne cesse d’affiner mes compétences et de m’inspirer de nouvelles influences.

Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels tu aimerais collaborer ? Que ce soit pour une chanson, ou peut-être plus.
Sofía : Ce serait vraiment génial de collaborer avec certaines des influences que j’ai citées dans ma réponse à la question 7 pour une ou deux chansons, ainsi qu’avec certains des plus petits groupes qui m’ont influencée.

Que sais-tu de la scène Metal Française ? Y a-t-il des groupes que tu connais et que tu apprécies ?
Sofía : Steel Forge a récemment tourné avec Aephanemer ! Je suis très fière d’eux, car Aephanemer est probablement mon groupe français préféré.

Si tu devais organiser un concert pour la sortie d’Apocrypha, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Je te laisse créer une affiche avec Exiled Hope et trois autres groupes !
Sofía : Je pense que je choisirais Vintersea, Aversed et Seven Spires. Ils sont tous proches de mon style, et je les compte parmi ma très longue liste d’influences.

Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique d’Exiled Hope ?
Sofía : Exiled Hope est une salade avec un million de choses différentes mélangées ; on peut distinguer chaque ingrédient, mais c’est clairement destiné à être cohérent.

C’était ma dernière question, alors merci à nouveau de m’avoir accordé de ton temps et pour ta musique, je te laisse les mots de la fin !
Sofía : Merci pour tes questions, j’ai pris beaucoup de plaisir à y répondre ! N’hésitez pas à me suivre sur les sites Internet suivants :
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