Review 2677 : Cytotoxin – Biographyte

Nouvelle menace nucléaire signée Cytotoxin.

Cinq ans après leur dernière déclaration, Grimo (chant, ex-Extinctionist), V.T. (basse), Fonzo (guitare), Jason (guitare, ex-The Last Hangmen) et Maximilian Panzer (batterie, Dying Empire, Led Astray) dévoilent Biographyte, leur cinquième album.

L’album débute sur les chapeaux de roues avec Hope Terminator, une première composition aussi brutale que complexe qui permet aux musiciens de se déchaîner sur leurs instruments avant que Grimo n’arrive pour hurler. Les riffs cinglants n’oublient pas de caler des moshparts imposantes avant de nous écraser avec les racines Old School mais techniques de Condemnesia qui donnent à la rythmique ses tonalités massives pendant que les leads apportent les touches perçantes. La déferlante est temporisée par un court sample, puis la composition adopte des patterns saccadés avant le final qui mène à Behind Armored Doors où la fureur continue à bonne allure, proposant tout de même des passages légèrement plus accessibles et presque mélodieux. On continue avec Biographyte, le morceau éponyme qui propose un groove accrocheur pour débuter, mais qui ne tardera pas à replacer ses harmoniques infernales et ses patterns travaillés pour compléter la violence avant de nous offrir un moment de répit sur l’apaisante Deadzone Desert, interlude mélancolique où l’on retrouve tout de même des bruits de chaîne inquiétants. Le tapping refera son apparition sur les derniers instants pour enchaîner avec The Everslave à toute allure, et même si parfois le morceau semble ralentir, c’est uniquement pour revenir encore plus enragé comme sur la longue Eventless Horizon qui nous maltraite de long en large avec des frappes constantes et des vociférations sauvages. Quelques moments incluent tout de même des claviers majestueux ainsi qu’un solo aérien avant de continuer avec Bulloverdozed dans une voie des plus violentes, multipliant les moshparts pour nous donner envie de frapper tout ce qui passe à portée de poing. Retour du tapping fou sur Transition Of The Staring Dead qui mise autant sur la maîtrise que sur des moments légèrement moins riches mais tout aussi efficaces, puis on marche sur Revelation jusqu’à un monologue qui finira par mourir sous les radiations pour atteindre From Bitter Rivers, la longue dernière composition durant laquelle les cinq membres du groupe se déchaînent et nous proposent six minutes de violence effrénée et saccadée, parfois même accompagnée de quelques touches plus planantes qui contrastent avec l’allure infernale.

Si Cytotoxin a toujours proposé des composition de qualité, autant dans la violence que la technicité, je dois reconnaître que Biographyte est un cran au dessus de tout le reste ! Le groupe est devenu une véritable machine de guerre dont le seul objectif est de tout détruire à coups de riffs massifs !

95/100

English version?

Quelques questions à Sebastian “Grimo” Grihm, chanteur et fondateur du groupe allemand de Brutal Death Metal Cytotoxin.

Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Comment présenterais-tu le groupe Cytotoxin sans utiliser les mots “Death Metal” ?
Sebastian “Grimo” Grihm (chant) : Bonjour. Je m’appelle Grimo, je suis le chanteur du groupe. Je dirais que nous jouons une musique de guitare plus brute, avec nos instruments alimentés par l’énergie du réacteur de Tchernobyl.

Le groupe existe depuis 15 ans maintenant. Te souviens-tu de la façon dont le nom Cytotoxin a été choisi, et quel lien fais-tu avec la musique que tu joues ?
Grimo : Je me souviens de notre première répétition. Nous avons réalisé que ce que nous allions jouer allait être assez fou, des trucs techniques. D’une certaine manière, cela collait bien avec le thème de Tchernobyl, parce qu’en 1986, tout se passait beaucoup trop vite pour les gens de l’époque. Le nom du groupe devait avoir ce caractère technique, tout en restant assez universel, parce qu’à l’époque, nous ne savions pas si nous allions rester sur ce thème pour toujours.

Cytotoxin est sur le point de sortir son cinquième album intitulé Biographyte. Avez-vous déjà des retours ?
Grimo : Jusqu’à présent, c’est un peu une boîte noire, car on est toujours en train de se creuser la tête avec nos propres attentes, de mettre beaucoup d’énergie dans notre performance live actuelle, et aussi de fonctionner un peu à l’aveuglette. Nous attendons donc avec impatience la sortie de l’album et sommes impatients de voir les réactions. Les réactions que nous avons reçues jusqu’à présent indiquent que chacun cite différentes chansons comme étant ses préférées, tout comme nous le faisons dans le groupe. C’est un bon signe.

Comment résumeriez-vous l’identité de Biographyte en trois mots ?
Grimo : Atome. Désert. Titan.

Comment s’est déroulé le processus de création de Biographyte ? Y a-t-il eu des différences par rapport aux versions précédentes ?
Grimo : Le processus d’écriture a une fois de plus été entièrement pris en charge par Jason et Fonzo, qui ont travaillé de manière relativement indépendante sur le matériel. Notre ancien batteur a également apporté sa contribution. Cette fois-ci, Jason est responsable de la majeure partie de la musique, ce qui a donné une direction intéressante à l’ensemble. Nous ne voulions pas vraiment prendre autant de temps pour un nouvel album, mais certaines choses prennent du temps. Je promets toutefois qu’il ne faudra pas attendre cinq ans avant le prochain album. Cela augmente également la pression sur l’équipe d’auteurs-compositeurs 🙂

Le son du groupe est bien sûr ancré dans le Brutal et le Technical Death Metal, mais comment créez-vous votre propre touche ? Y a-t-il de nouvelles influences avec le temps ? Y a-t-il des groupes que vous pourriez citer comme source d’inspiration ?
Grimo : Nous avons de nombreuses influences, qui ne se limitent pas à la musique. Nous abordons les choses avec des oreilles et des yeux ouverts. En tant que frontman, mes influences vocales sont Aborted, Beneath the Massacre, Gorefest et Vader. En termes de jeu de scène et d’interaction avec le public, je suis impressionné par des groupes comme Gutalax, Aborted et Kanonenfieber.

As-tu une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album.
Grimo : La chanson la plus difficile pour moi est Condamnesia. Il y a tellement de choses qui s’y passent, et je dois vraiment reprendre mon souffle quand nous la jouons en live 😉 Mes préférées sont Bulloverdozed (une deuxième partie brutalement puissante, que j’ai vraiment aimé enregistrer) et From Bitter Rivers (j’aime sa nature épique et c’est donc une excellente fin pour l’album).

La principale inspiration du groupe a toujours été la catastrophe de Tchernobyl, et plus globalement tout ce qui est lié à la menace nucléaire, d’où vient cette fascination ?
Grimo : Je pense que cette fascination initiale s’est accompagnée d’un sentiment de responsabilité au fil des années. De nombreuses personnes avec lesquelles nous entrons en contact par le biais de la musique ont un lien avec le sujet, en particulier plus nous nous produisons à l’est de l’Europe. Mais cela exige aussi de traiter et de transmettre ce sujet avec soin, ce qui explique aussi le temps de création plus long pour les albums.

Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien/auteur-compositeur avec ce nouvel album ?
Grimo : Je me qualifierais personnellement d’artiste aujourd’hui, mais cela a pris du temps ;-). Il n’est pas facile de répondre à la question de la qualité de l’écriture, car il arrive que des chansons que l’on n’avait pas envisagées auparavant fassent mouche, ou que des concepts discrets fonctionnent très bien. Je peux dire que je suis très heureux de notre évolution et j’ai hâte que notre nouveau batteur ait plus d’influence sur l’écriture des nouveaux morceaux. Sinon, les radiations sont sans pitié et il est important pour nous que la musique perfore chaque cellule de notre corps à haute pression.

Le groupe a bien sûr joué beaucoup de concerts en 15 ans, alors comment te prépares-tu pour un concert ? As-tu une sorte de routine avant le concert ?
Grimo : Des pompes, des tractions, de la gaffe, de l’étirement des nerfs de tout le monde. Il y a un rituel que nous faisons tous de temps en temps : Nous nous tenons en cercle derrière la scène pendant que l’intro joue et que je fais une sorte de discours de coaching. Nous portons tous des masques à gaz ; personne ne comprend rien ; certains hochent la tête d’un air incertain, d’autres ont les yeux fermés. D’une manière ou d’une autre, j’ai toujours trouvé ce moment bénéfique pour l’atmosphère du groupe. Peut-être devrions-nous le faire plus souvent ; alors peut-être qu’un album ne prendra pas nécessairement cinq ans.

Comment vous préparez-vous pour la tournée européenne qui aura lieu très bientôt avec Gutalax, Necrotted, Acranius et Osiah ? Comment avez-vous décidé de la setlist ?
Grimo : Wow, les discussions sur la setlist, c’est un processus incroyablement intéressant et amusant. S’il s’agissait de savoir quelles chansons nous pourrions jouer, ce serait à peine suffisant pour ouvrir la soirée 🙂 Blague à part, cela a vraiment été une lutte et un combat. Jusqu’à présent, tout est resté objectif et paisible, même si le cœur de mon réacteur intérieur est déjà en train de dégouliner et de fondre parce que nous ne jouerons plus de chansons du premier album. Sinon, bien sûr, c’est mon scientifique nucléaire intérieur qui décide quelles sont les meilleures chansons.

Quelle est la prochaine étape pour le camp Cytotoxin ? Avez-vous déjà prévu des concerts ?
Grimo : Oui, nous avons des festivals et des concerts individuels. Nous prévoyons aussi de faire plus de tournées, voyons comment nous pouvons les gérer et les organiser avec nos capacités.

Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson ou peut-être plus.
Grimo : Dans mes rêves, je ferais quelque chose avec Einar Selvik, quelle personne, quel charisme et quelle voix. Je ne suis pas sûr que cela nous convienne, héhé. Je pourrais imaginer faire quelque chose avec les artistes qui ont créé les musiques des jeux vidéo Stalker. En réalité, nous recherchons toujours des artistes ou des gens qui sont allés à Tchernobyl pour de vrai, afin d’entrer en contact avec eux ou même de collaborer.

Que connais-tu de la scène Metal française ? Y a-t-il des groupes que tu connais et que tu apprécies ?
Grimo : En dehors de Benighted, j’étais très intéressé par la scène underground française à l’époque et j’écoutais des groupes comme Kronos (ils étaient plus underground à l’époque), Recueil Morbide (j’aime toujours Hurt the Human Race) et Gurkkhas (A Life of Suffering avait beaucoup de potentiel et leur thème était rafraîchissant). Les morceaux français ont toujours été quelque chose de spécial pour moi, je ne sais pas pourquoi ni comment.

Que peux-tu me dire sur l’évolution de la scène Metal autour de toi ? Y a-t-il des groupes underground que tu aimerais recommander ?
Grimo : Tous les groupes et promoteurs n’ont pas survécu à la période où il était impossible de se produire sur scène ou seulement possible dans des conditions douteuses. Le comportement des gens en matière d’écoute et de concerts a également quelque peu changé, s’orientant généralement vers le consumérisme. Je suis d’autant plus heureux que les gens apprécient l’atmosphère et l’interaction en direct. Les groupes allemands que je recommande : Cypecore (The Alliance), Disillusion (Back to Times of Splendour), Sinners Bleed (From Womb to Tomb), Ahab (The Call of the Wretched Sea), Kanonenfieber (Die Urkatastrophe).

Même si vous grandissez lentement, le groupe est encore assez “petit” comparé à d’autres, que faites-vous dans la vie ?
Grimo : Je suis d’accord. C’est aussi lié au fait que notre musique n’est pas facile à écouter et qu’elle semble s’adresser à un public spécifique. Mais l’atome est patient et se répandra. Ne vous inquiétez pas. Deux d’entre nous sont professeurs de musique, un mécanicien, un entraîneur sportif et un médecin. Maintenant, c’est à vous de choisir qui est qui. Je ne suis pas le médecin, c’est sûr.

Je me souviens avoir vu Cytotoxin quelques fois à Paris, avez-vous des souvenirs de concerts en France que vous aimeriez partager avec nous ?
Grimo : Beaucoup de souvenirs. Je me souviens de la tournée avec Aborted, Benighted et Cryptopsy où nous avons joué à Petit Bain. Je n’avais jamais joué sur un bateau. Quelle expérience ! Et il y avait un grand parc à proximité et nous avons fait de la gymnastique sous un soleil magnifique (ce qui s’est retrouvé dans la vidéo de notre tournée, que vous pouvez voir sur notre chaîne youtube). Je me souviens aussi que lors de notre premier concert en France sur cette tournée, nous avions un excellent service de restauration (nourriture et vin végétaliens) et tous les groupes étaient réunis autour d’une table comme dans une auberge de jeunesse. C’était spécial et cela restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Si je te demande de créer une affiche avec Cytotoxin en tête d’affiche et trois autres groupes pour un concert spécial de sortie de Biographyte, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Même les réponses irréalistes sont acceptées.
Grimo : Irréaliste : ZZ Top, Judas Priest, Queen. Presque irréaliste : Meshuggah, Insomnium, Fear Factory. Un peu plus réaliste : Aborted, Kanonenfieber, Shadow of Intent.

C’était ma dernière question, alors merci à nouveau de m’avoir accordé de ton temps et pour ta musique, je te laisse les mots de la fin !
Grimo : Merci de nous avoir contactés et de votre intérêt. J’aimerais souhaiter la bienvenue à tous ceux qui lisent ces lignes à nos concerts. Faisons de ces moments des souvenirs. N’oublions jamais Tchernobyl. Merci en son nom.

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