Ce vendredi 11 avril 2025, L’Olympia accueille trois formations légendaires du Black Metal, Behemoth, Satyricon et Rotting Christ.
Cette tournée, nommée The Unholy Trinity 2025, a plusieurs objectifs : non seulement elle est dédiée à la célébration des arts obscurs, mais elle permet aux polonais de préparer l’arrivée de leur treizième album The Shit ov God, de marquer le retour à la scène des norvégiens, et de promouvoir le nouvel album live des grecs. Une date inratable signée Live Nation France, que je remercie pour l’accréditation.
A noter que mon amie Mary, gérante du webzine Chairyoursound, n’ayant au dernier moment pas pu se déplacer, vous pourrez également retrouver cet article sur son site.
A l’heure prévue, les quatre musiciens de Rotting Christ s’installent et démarrent leur show avec une énergie débordante et extrêmement communicative qui se traduit sans attendre par des séances de headbanging en suivant les riffs massifs. Si le groupe est bien entendu guidé par le charismatique Sakis Tolis (guitare/chant), Kostas Heliotis (basse/choeurs) et Kostis Foukarakis (guitare/choeurs) ne sont pas en reste, et n’hésitent pas à haranguer une fosse très réceptive pendant que Themis Tolis (batterie) reste imperturbable derrière son kit. Le concert est extrêmement bien rythmé – probablement faute d’un temps de jeu réduit pour les grecs – et les morceaux s’enchaînent sous les grimaces des musiciens qui posent en quasi-permanence ou headbanguent à s’en décrocher les vertèbres devant les premiers slammeurs. Entre deux morceaux, on notera quelques phrases rapides comme “Paris merci beaucoup” ou “make some noise”, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe se démène tout autant sur ses titres phares parmi lesquels Kata Ton Daimona Eaytoy ou Non Serviam (respectivement des albums éponymes), mais aussi sur le seul morceau de leur dernier album Pro Xristou, Like Father, Like Son. Mais le public en a eu pour son argent, et bien que la fosse ne soit pas totalement pleine, l’ovation est sans appel.
Setlist : 666 – P’unchaw kachun- Tuta kachun – Fire, God and Fear – Kata Ton Daimona Eaytoy – Like Father, Like Son – Elthe Kyrie – Non Serviam – Societas Satanas (Thou Art Lord cover) – Grandis Spiritus Diavolos
L’atmosphère s’assombrit lorsque le set de Satyricon débute, avec notamment Frost (batterie) qui traverse froidement la scène pour s’installer derrière son kit (et que l’on ne reverra plus) avant qu’entrent Anders Hunstad (claviers), Steinar Gundersen (guitare), Attila Vörös (guitare) ainsi que leur nouveau bassiste live Phil Pieters Smith, mais ce n’est que lorsque Satyr (chant) brandit son imposant drapeau que le public se fédère instantanément. Bien que l’approche norvégienne du Black Metal soit plus froide, les guitaristes n’hésitent pas à headbanguer en compagnie de leur collègue bassiste pendant que le vocaliste, en véritable maître de cérémonie, déambule sur scène, jouant un peu avec le public ou se cramponnant à son pied de micro pour remuer le crâne sur les passages les plus entêtants. On notera de rares interventions vocales, un sobre “Good evening Paris” entre deux morceaux, ou un “Paris!” hurlé avant que la rythmique ne nous frappe à nouveau, mais c’est avec une guitare que Satyr s’avance pour Walk the Path of Sorrow, nous ramenant trente années en arrière. Mother North suit, et l’enchaînement glacial ravira les fans avant que le groupe ne revienne à ses classiques plus “récents” (qui ont tout de même bientôt vingt ans) et plus énergiques, pour clore leur set “best-of” avec panache, et sous les applaudissements.
Setlist : Now, Diabolical – Our World, It Rumbles Tonight – Black Crow on a Tombstone – Deep Calleth Upon Deep – Walk the Path of Sorrow – Mother North – To the Mountains – The Pentagram Burns – K.I.N.G.
Place maintenant au grand drap blanc qui cache la scène de Behemoth, et qui ne tombe qu’une fois les membres déjà en place, en train de blasphémer et de vociférer de toutes leurs forces. Le public est déjà en effervescence, et le pit s’agrandit au fur et à mesure des riffs sombres d’un combo en grande forme, qui prend totalement possession de son espace de jeu en allant haranguer les premiers rangs entre deux jets de fumée ou de flammes. Nergal (chant/guitare) n’hésite pas à prendre la parole entre deux titres, que ce soit pour un simple “Bonsoir Paris, ça va bien ?” ou pour nous remercier de les accueillir, changeant parfois de tenue ou d’accessoires pour mieux reprendre et nous offrir une expérience démentielle, autant côté sonore que visuel. Orion (basse) et Seth (guitare) montent aux côtés d’Inferno (batterie) ou sur des plateformes aux extrémités de la scène, Nergal descend sur les caisses devant la scène… on sent véritablement que le groupe est au top de sa forme.
Si on note tout de même que la moitié de la setlist est dédiée aux trois derniers albums, The Satanist en tête, le groupe n’hésite pas à revenir sur le démentiel Demigod ainsi qu’aux autres albums, comme avec le titre Cursed Angel of Doom, première composition écrite par le groupe en 1992, auquel le chanteur ajoute une histoire. “At the meet & greet, a fan said he saw us at the Gibus club, back in 1998… and now, we’re here because of your support!”. Un moment émouvant qui suscite la ferveur, puis la rage avec le titre susnommé, mais aussi et surtout ce qui est pour moi LA déferlante ultime de Behemoth, le morceau Chant for Eschaton 2000 qui est d’une efficacité incroyable et qui verra le vocaliste nous remercier, nous encourager à soutenir non seulement leur art, mais aussi la musique en général, ainsi qu’Orion sur les barrières, à la rencontre des slammeurs. Le show se termine alors sur un O Father O Satan O Sun! beaucoup plus ritualistique, mais qui fera à n’en pas douter le bonheur des fans, qui acclament (le mot est faible) les polonais.
Setlist : The Shadow Elite – Ora Pro Nobis Lucifer – Demigod – The Shit ov God – Conquer All – Blow Your Trumpets Gabriel – Ov Fire and the Void – Christgrinding Avenue – Bartzabel – Solve (sur bande) – Wolves ov Siberia – Once Upon a Pale Horse – Christians to the Lions – Cursed Angel of Doom – Chant for Eschaton 2000
Rappel : O Father O Satan O Sun!
Si vous n’avez jamais vu un quelconque show de Behemoth, et malgré leur performance incroyable l’an dernier à la Philharmonie, je peux vous assurer que celui-ci restera gravé dans les mémoires comme l’un de leurs meilleurs. Félicitations également à Satyricon pour ce retour un poil plus statique mais très apprécié, ainsi qu’à Rotting Christ pour leur énergie, mais aussi et surtout à Live Nation France pour m’avoir permis d’assister à la soirée.
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