Harakiri for the Sky nous a offert un nouvel album en début d’année, et ils viennent le défendre sur scène quelques mois plus tard.
Une chose relativement logique dans l’industrie musicale, me direz-vous, mais chacun de leurs shows est pour moi un évènement, d’autant plus qu’ils n’avaient pas remis les pieds à Paris depuis deux ans ! Ce soir, c’est donc à la Machine du Moulin Rouge qu’ils nous ont donné rendez-vous grâce à Garmonbozia Inc., emportant avec eux Karg (l’autre projet de J.J.) pour leur première en France, et E-L-R, formation suisse qui m’avait déjà séduite il y a quelques années.
La soirée débute donc avec le trio Suisse E-L-R qui va prendre place au centre de la scène, à peine éclairés par des lampes fixées sur leurs pieds de micro, ainsi que des sortes d’arbres éclairants. Si le son des instruments est vaporeux à souhaits, les voix d’I.R. (basse/chant) et S.M. (guitare/chant) sont malheureusement très peu audibles, et ce dans l’intégralité de la salle, transformant leur performance en show quasi-instrumental. Malgré ce léger “détail”, les deux femmes soutenues par la batterie de leur camarade M.K. va doucement envoûter l’assemblée, qui les regarde attentivement jouer leurs morceaux, pendant que les lumières vont habiller les trois musiciens. On notera également l’utilisation de quelques pédales de loop pour permettre à la guitariste d’ajouter des couches d’harmoniques (malheureusement pas toujours audibles elles non plus), et les quelques morceaux s’enchaînent sous nos yeux jusqu’au final, bien évidemment salué par la foule.
Setlist: Glancing Limbs – Fleurs of Decay – Seeds – Three Winds – Forêt
On enchaine avec la première de Karg à Paris, visiblement assez attendue au vu du bruit qui émane de la fosse alors que les musiciens s’installent, et le show débute immédiatement avec des lumières fort peu pratiques, mais qui mettent en avant la froideur du son. V. Wahntraum (chant/basse) et P.G. (guitare/chant) se partagent les hurlements pendant que Paul Färber (batterie), Daniel Lang (guitare) et Georg Traschwandtner (guitare) assurent un flot de mélodies mélancoliques et agressives qui va tour à tour nous donner envie de planer ou de hurler avec eux. Côté setlist, on notera la présence de Grab der Wellen, un de mes titres favoris qui est exécuté avec une fureur incroyable et qui permet à P.G. de se déchaîner au sein du groupe, et de nous offrir un duo ravageur avec le fondateur du groupe, headbanguant dès que possible alors que leurs camarades sont relativement plus calmes. Malheureusement – et c’est le sort des premières parties – le set est bien trop court, et les quelques compositions qu’ils nous offrent passeront en un éclair avant d’être acclamé comme il se doit par un public déjà plus conséquent.
Setlist : EBBE//FLUT – Tod, wo bleibt dein Frieden – Grab der Wellen – Jahr Ohne Sommer – Heimat bist du tiefster Winter
Les quatre lettres H, F, T et S du nom Harakiri for the Sky sont enfin dressées sur la scène, et lorsque les lumières s’éteignent pour laisser les musiciens entrer un par un, on sent que la fosse est déjà prête à prendre la déferlante en pleine face. Et ça ne manquera pas, Keep Me Longing vient nous écraser la première, mené par un J.J. (chant) en très grande forme, autant au niveau de ses hurlements saisissants que de sa présence scénique, toujours aussi brute. Autour de lui, M.S. (guitare), Marrok (guitare) et Radek Karpienko (basse) headbanguent en quasi-permanence sous les rouleaux de double pédale dévastateurs de Paul Färber (batterie), n’hésitant pas à s’avancer lorsque les longs passages instrumentaux nous hypnotisent, mais le quintet repart dans sa rage dès qu’il le faut avec un naturel incroyable, pendant que le vocaliste se passe le câble de son micro autour du cou. Pour ma part, c’est Fire, Walk With Me, Funeral Dreams et Without You I’m Just a Sad Song qui remportent la palme des morceaux les plus saisissants, mais ils seront devancés par Street Spirit (Fade Out), où ils accueillent leur ami P.G. au chant, comme sur l’incroyable dernier album, et bien que le morceau soit très différent des autres, il nous saisit à la gorge et nous laisse pantois, autant par la performance des six musiciens (J.J. et Marrok assurant les chœurs hurlés) que par sa puissance. Le groupe fait mine de partir, mais il leur reste deux titres, Sing for the Damage We’ve Done qui fait désormais partie des classiques de la formation autrichienne alors qu’elle ne date que de quatre ans, mais aussi (et surtout) la virulente Lungs Filled With Water qui fait partie du premier album, et qui verra également… un pit en ébullition qui s’est visiblement dit que c’était le meilleur moment pour se rentrer dedans, et que je me fais un plaisir de repousser tout en écoutant la complainte du groupe me bercer avec toute sa hargne. Il va sans dire que les nuées d’applaudissements sont plus que largement méritées ce soir !
Setlist: Keep Me Longing – With Autumn I’ll Surrender – Fire, Walk With Me – Heal Me – Funeral Dreams – Without You I’m Just a Sad Song – Street Spirit (Fade Out) (Radiohead cover)
Rappel : Sing for the Damage We’ve Done – Lungs Filled With Water
La soirée s’achève, et le stand de merch est pris d’assaut, témoignant à la fois de l’amour que portent les fans aux groupes, mais également de la qualité du concert. Si pour Harakiri for the Sky c’est à nouveau une consécration, je suis plus qu’heureux d’avoir pu assister à cette première de Karg à Paris, et d’avoir revu E-L-R, qui méritent le coup d’oreille. Et bien évidemment, un grand merci à Garmonbozia Inc. pour une organisation toujours aux petits oignons !
3 thoughts on “Live Report : Harakiri for the Sky + Karg + E-L-R – La Machine du Moulin Rouge”