Interview : Yojimbo

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Version Française

Quelques questions à Sophie Steff, chanteuse-guitariste du groupe de Stoner Yojimbo, pour la sortie de leur premier album Cycles.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de votre temps ! Sans utiliser les étiquettes de style habituelles, telles que “Post-Rock”, Post-Metal” ou “Stoner”, comment pourriez-vous décrire le groupe Yojimbo ?
Sophie Steff (chant / guitare) : Merci à toi pour l’invitation ! Difficile de se définir sans tomber dans les tiroirs classiques, mais je dirais qu’on est un groupe qui aime explorer. On se nourrit beaucoup de textures, de dynamiques, d’ambiances. Il y a un côté très sensoriel dans notre approche : on cherche moins à coller à un style qu’à traduire une intention. Et on assume aussi le côté un peu cinématographique et narratif. 

D’où vient le nom Yojimbo et comment le relies-tu personnellement à la musique du groupe ?
Sophie : Il vient bien sûr du film de Kurosawa, et par extension de toute la mythologie autour de la figure du rônin. Ce personnage qui agit en marge, avec une morale à la fois floue et très ancrée, nous parle beaucoup. Musicalement, on aime aussi cette idée de ne pas être assignables et en mouvement.

Votre premier album, Cycles, sort dans une semaine, comment vous sentez-vous au sein du groupe ? Est-ce que tu as déjà eu des retours à son sujet ?
Sophie : On est dans un mélange d’excitation, de stress et d’impatience. C’est un projet qu’on a porté longtemps, qu’on a vraiment pris le temps de construire. Les premiers retours sont très encourageants, que ce soit du public ou de la presse. Et surtout, on est super contents de le partager enfin, de le faire vivre sur scène et de voir comment ça résonne avec le public. 

Comment résumerais-tu Cycles en trois mots ?
Sophie : Épopée, Exploration, Viscéral.

Comment s’est passé le processus de composition de l’album Cycles ? Avez-vous remarqué des changements par rapport au premier EP, ou à vos précédentes expériences de création musicale ?
Sophie : On a clairement passé un cap, à plein de niveaux. On a pris plus de temps, développé plus d’écoute entre nous, et appris à vraiment poser nos intentions musicales. Il y a eu aussi beaucoup de préproduction, avec les moyens du bord mais un gros souci du détail. Le fait que Flo soit ingé son nous a permis d’aller loin dans les textures, dans les contrastes. Par rapport au premier EP, on a gagné en liberté. Sur Cycles, on s’est autorisé plus de ruptures, plus d’espace, plus de nuances aussi. On a trouvé notre son et on a beaucoup gagné en maturité.

Le son du groupe navigue entre Post-Rock, Stoner et autres influences Doom aériennes, comment arrivez-vous à créer votre propre patte ?
Sophie : C’est avant tout une alchimie collective. On vient tous d’univers très différents, donc les idées fusent et ne se ressemblent pas. Mais ce qui nous relie, c’est le souci de la narration, de la tension, du mouvement. On aime créer des paysages sonores, des contrastes forts. Et on ne se fixe pas de barrières stylistiques. Si une idée fonctionne dans notre univers, on l’adopte. Il y a du Doom, du Prog, du Desert Rock, même des clins d’oeil à des trucs moins attendus. Tant que ça vibre pour nous, c’est que c’est juste.

Quels groupes pourriez-vous citer comme vos influences ? Comment parvenez-vous à relier toutes les envies de chaque membre pour créer quelque chose de cohérent ?
Sophie : On a des références communes (QOTSA, Tool, Elder, Mastodon, Gojira, Acid King, Truckfighters…), mais aussi des trucs très éclectiques. Stef a un gout pour le Neo Metal, Dom a une culture visuelle et musicale un peu kamoulox, Flo est plus axé Prog et Psyché, et moi j’ai des affinités très fortes avec le Stoner sous toutes ses formes. Ce qui nous aide, c’est que chacun respecte l’univers de l’autre. On n’essaye pas d’écraser nos envies individuelles, mais de les fondre dans une logique commune.

Comment avez-vous décidé des thématiques abordées dans les morceaux ? Comment avez-vous choisi les titres à dévoiler pour présenter l’album ?
Sophie : Je suis à l’écriture des textes, mais on discute beaucoup ensemble de ce qu’on veut raconter. On essaye de construire plusieurs niveaux de lecture : de l’intime, du politique, du poétique. Et on s’appuie aussi sur la nouvelle de science-fiction qu’on développe parallèlement depuis les débuts de Yojimbo. Elle nous sert de socle, de terrain de jeu, de référence commune. Pour les titres qu’on a dévoilés, on a cherché un équilibre : montrer la richesse de l’album sans tout dévoiler. Rosebud est un bon exemple, parce qu’il relie à la fois l’imaginaire et le politique.

Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un morceau préféré sur cet album ? Ou celui qui t’a semblé le plus naturel à composer ?
Sophie : En effet, c’est très difficile… Mais je dirais Cycles, celui qui donne son nom à notre album. C’est notre seul morceau instrumental, et il a un côté très transcendantal. Je prends du plaisir à jouer tous nos morceaux, bien sûr, mais celui-ci a quelque chose qui m’emporte encore davantage, il me fait presque entrer en méditation ! *rires*

Cycles sort en auto-production, est-ce une volonté du groupe ? Seriez-vous ouverts à une collaboration avec un label ? Qu’en est-il de votre partenariat avec Angie d’NRV Promotion pour les relations presse ?
Sophie : On est en autoprod parce que c’était le chemin le plus cohérent pour cet album. C’est un peu comme une phase de test : on a d’abord besoin de voir comment ça résonne avec le public et avec les pros avant de pouvoir estimer si oui ou non on est prêts à franchir l’étape supérieure. Et très sincèrement, les premiers retours que l’on a eu nous donnent beaucoup de force et d’ambition pour la suite. On serait ouverts à travailler avec un label, si la rencontre est juste et que le projet est respectueux de notre identité. Pour les relations presse, on est effectivement accompagnés par Angie d’NRV Promotion. Elle fait un boulot très pro et ça nous permet de donner une belle visibilité à l’album. Je suis beaucoup de projets qu’elle défend, depuis un bon moment d’ailleurs, et c’était pour moi une évidence que de travailler avec elle !

Je n’ai jamais eu l’occasion de vous voir en live, comment vivez-vous un live au sein du groupe ? Avez-vous un rituel, ou des petites habitudes avant de monter sur scène ?
Sophie : On est un peu partout et nulle part à la fois, on écoute les groupes qui nous précèdent, on s’échauffe, on a nos petites manies personnelles, avec chacun notre besoin de s’isoler à un moment et quand on se retrouve sur scène, on entre en communion. C’est là que la magie opère. On est pas dans un esprit de performance : jouer juste, c’est évidemment très important, mais vivre le moment et transmettre l’émotion au public, c’est là que tout se joue. 

Quels sont les prochains projets pour Yojimbo ?
Sophie : La sortie de l’album est évidemment un gros morceau, avec la tournée qui l’accompagne. On continue aussi de bosser sur la scénographie lumière avec William Roussel, pour proposer un vrai univers visuel sur scène. On prépare une résidence franco-allemande (on en est encore aux balbutiements du projet, donc on ne peut pas trop en dire pour le moment), on continue de composer, d’écrire notre nouvelle de SF, on aimerait décliner quelques titres en acoustique, continuer les collabs avec les artistes…Bref, on a plein de trucs dans les tuyaux et des envies qui bouillonnent.

Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels vous souhaiteriez collaborer dans le futur ?
Sophie : C’est un peu ce que je disais dans la précédente question, sur la partie résidence Franco Allemande. On prépare ça pour 2026 avec un collectif de musiciens allemands plutôt axé musique expérimentale, dans l’idée de réaliser une sorte de “split live session”. L’idée est de rapprocher nos univers musicaux, de les lier et de créer ensemble. Mais pour l’instant, le projet n’est pas à 100% arrêté, on en reparlera quand ce sera le cas.

Pensez-vous vous être améliorés en tant que musicien avec cet album ?
Sophie : Oui, très clairement ! On a davantage appris à s’écouter, à mieux comprendre nos propres outils, à sortir de nos zones de confort. Et surtout, on a gagné en cohésion. On fait les choses de manière beaucoup plus intuitive, collective et ça nous a fait grandir. 

Avec quels groupes rêves-tu de jouer ? Je te laisse imaginer ta date de rêve avec Yojimbo en ouverture, et trois autres groupes.
Sophie : SLIFT, Messa, Acid King !

Dernière question : à quel plat pourrais-tu comparer la musique de Yojimbo ?
Sophie : Une choucroute de l’espace ! (Fallait bien placer quelque part qu’on est alsaciens ahah)

C’était donc ma dernière question, je te remercie pour ta disponibilité, et je te laisse les mots de la fin !
Sophie : Merci à toi pour toutes ces questions intéressantes ! Mon mot de la fin, c’est : continuez de faire vivre la scène locale et nationale, on en a plus que jamais besoin ! Ce n’est que grâce à vous et à votre soutien qu’on peut évoluer et continuer d’exister <3

English version

A few questions for Sophie Steff, singer-guitarist with the Stoner band Yojimbo, for the release of their debut album Cycles.

Hello, and first of all, thank you for your time! Without using the usual style labels, such as “Post-Rock”, “Post-Metal” or “Stoner”, how would you describe the band Yojimbo?
Sophie Steff (vocals/guitar): Thank you for the invitation! It’s hard to define ourselves without falling into the classic drawers, but I’d say we’re a band that likes to explore. We thrive on textures, dynamics and moods. There’s a very sensory side to our approach: we’re less interested in sticking to a style than in translating an intention. And we also take on a slightly cinematographic and narrative side.

Where does the name Yojimbo come from, and how do you personally relate it to the band’s music?
Sophie: It of course comes from the Kurosawa movie, and by extension from all the mythology surrounding the figure of the ronin. This character who acts on the bangs, with a morality that’s both blurred and deeply rooted, speaks to us a lot. Musically, we also like the idea of being unassignable and on the move.

Your debut album, Cycles, will be out in a week’s time. How are you feeling in the band? Have you had any feedback on it yet?
Sophie: We’re in a mixture of excitement, stress and impatience. It’s a project we’ve been working on for a long time, and we’ve really taken the time to build it up. The initial feedback has been very encouraging, both from the public and the press. And above all, we’re really happy to finally be sharing it, bringing it to life on stage and seeing how it resonates with the public.

How would you sum up Cycles in three words?
Sophie: Epic, Exploration, Visceral.

What was the composition process like for the Cycles album? Did you notice any changes compared to the first EP, or to your previous musical creation experiences?
Sophie: We’ve clearly turned a corner, on so many levels. We took a lot more time, listened more closely to each other, and learned to really set out our musical intentions. There was also a lot of pre-production, with the means at hand but a great attention to detail. The fact that Flo is a sound engineer enabled us to go a long way in terms of textures and contrasts. Compared with the first EP, we’ve gained a lot of freedom. On Cycles, we allowed ourselves more breaks, more space, more nuances too. We’ve found our sound and we’ve matured a lot.

The band’s sound navigates between Post-Rock, Stoner and other airy Doom influences. How do you manage to create your own style?
Sophie: Above all, it’s a collective alchemy. We all come from very different worlds, so the ideas flow and don’t resemble each other. But what unites us is our concern for narrative, tension and movement. We like to create soundscapes and strong contrasts. And we don’t set ourselves any stylistic barriers. If an idea works in our world, we adopt it. There’s Doom, Prog, Desert Rock, even nods to less expected stuff. As long as it resonates with us, it’s right.

What bands could you name as your influences? How do you manage to link all the desires of each member to create something coherent?
Sophie: We have common references (QOTSA, Tool, Elder, Mastodon, Gojira, Acid King, Truckfighters…), but also some very eclectic stuff. Stef has a taste for Neo Metal, Dom has a rather kamoulox visual and musical culture, Flo is more into Prog and Psyche, and I have a very strong affinity with Stoner in all its forms. What helps us is that each of us respects the other’s universe. We don’t try to squash our individual desires, but to blend them into a common logic.

How did you decide on the themes to be addressed in the songs? How did you decide which tracks to unveil to present the album?
Sophie: I write the lyrics, but we talk a lot together about what we want to tell. We try to construct several levels of reading: intimate, political, poetic. We also draw on the science-fiction short story we’ve been developing in parallel since the early days of Yojimbo. It serves as a foundation, a playground, a common reference. For the tracks we’ve unveiled, we’ve tried to strike a balance: showing the album’s richness without revealing everything. Rosebud is a good example, because it links both the imaginary and the political.

I know this is a difficult question, but do you have a favorite track on this album? Or the one that seemed the most natural to compose?
Sophie: Indeed, that’s a very difficult question… But I’d have to say Cycles, the one that gives our album its name. It’s our only instrumental piece, and it has a very transcendental feel to it. I enjoy playing all our songs, of course, but there’s something about this one that carries me away even more – it almost makes me go into meditation!

Cycles is a self-produced album, is this something the band wanted to do? Would you be open to working with a label? What about your partnership with Angie from NRV Promotion for press relationships?
Sophie: We’re self-producing because it was the most coherent path for this album. It’s a bit like a test phase: first we need to see how it resonates with the public and with the pros before we can judge whether or not we’re ready to take the next step. And quite frankly, the initial feedback we’ve had has given us a lot of strength and ambition for the future. We’d be open to working with a label, if the match is right and the project respects our identity. As far as press relationships are concerned, we’re actually supported by Angie from NRV Promotion. She does a very professional job, and that helps us to give the album good visibility. I’ve been following a lot of her projects for quite some time now, and it was an obvious choice to work with her!

I’ve never had the chance to see you live, so how do you experience a live performance within the band? Do you have any rituals or habits before going on stage?
Sophie: We’re all over the place and nowhere at the same time, so we listen to the bands before us, we warm up, we have our own little personal habits, each of us needing to isolate ourselves for a while, and when we get up on stage, we enter into communion. That’s when the magic happens. We’re not into performance: playing just right is obviously very important, but living in the moment and transmitting emotion to the audience, that’s where it all comes in.

What are Yojimbo‘s next projects?
Sophie: The release of the album is obviously a big deal, as is the tour that goes with it. We’re also continuing to work on the lighting design with William Roussel, to create a real visual universe on stage. We’re preparing a Franco-German residency (we’re still in the early stages of the project, so we can’t say too much about it at the moment), we’re continuing to compose, to write our SF short story, we’d like to release a few acoustic tracks, continue our collaborations with artists… In short, we’ve got a lot of things in the pipeline and a lot of desires bubbling up.

Are there any musicians or artists you’d like to collaborate with in the future?
Sophie: It’s a bit like what I said in the previous question, about the Franco-German residency. We’re planning a residency for 2026 with a group of German musicians focusing on experimental music, with the idea of creating a sort of “split live session”. The idea is to bring our musical worlds together, to link them and create together. But for the moment, the project isn’t 100% set in stone, so we’ll talk about it when it is.

Do you think you’ve improved as musicians with this album?
Sophie: Yes, definitely! We’ve learned to listen to each other more, to understand our own tools better and to get out of our comfort zones. And above all, we’ve become more cohesive. We do things much more intuitively, collectively, and that’s made us grow.

What bands do you dream of playing with? I’ll let you imagine your dream date with Yojimbo opening, and three other bands.
Sophie: SLIFT, Messa, Acid King!

Last question: what dish would you compare Yojimbo‘s music to?
Sophie: Space sauerkraut! (We had to mention somewhere that we’re from Alsace, ahah)

That was my last question, so thank you for your availability, and I’ll leave you with the last words!
Sophie: Thank you for all your interesting questions! My final word is: keep the local and national scene going, we need it more than ever! It’s only thanks to you and your support that we can evolve and continue to exist <3

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