Review 2728 : Aldaaron – Par-delà les cimes

Nouveau voyage pour Aldaaron.

Peu après ses vingt ans, le duo formé par Ioldar (tous instruments/chant, Ordalie) et Voldr (guitare lead) collabore avec Ordre du Givre Records et Paragon Records pour la sortie de son quatrième album, Par-delà les cimes.

La basse a été enregistrée par Rich Gray (Aeon Zen, Annihilator…).

L’album s’ouvre avec la grandiose Antediluvian prophecies qui se pare très rapidement d’une noirceur viscérale, emportant dans sa déferlante dissonance, tonalités glaciales et hurlements sauvages. Les mélodies se mêlent aux vagues de fureur, mais également à ces quelques passages plus doux qui nous permettent de reprendre notre souffle avant de reprendre notre course effrénée avec le son majestueux jusqu’à Frozen shadows of the exalted sun où l’allure ralentit. L’atmosphère devient beaucoup plus brumeuse et elle le restera même lorsque la batterie s’enflamme à la double pédale, puis au blast en rejoignant des parties vocales plus féroces, mais on peut aisément identifier les différentes accélérations qui nous exposent à quelques choeurs et parties claires qui tempèrent la rage, comme on peut le voir sur l’introduction de Chants d’hiver et de solitude. Le moment de flottement du début rend l’arrivée de la saturation encore plus violente, permettant ainsi à ce contraste nature de renforcer la mélancolie qui nous envahit pleinement lorsque la rythmique accueille les leads aériens, rendant la performance très intense jusqu’à la fin. Under the icy sky, memories fade away sera le dernier titre de cette aventure sonore, débutant avec un courant d’air frais puis adoptant à nouveau la puissance déchaînée du Black Metal que ce soit dans l’instrumentale ravageuse ou les hurlements infernaux, mais le groupe pourra également compter sur la voix d’Eric Castiglia (Osculant Brutality) pour apporter la touche plus éthérée à son atmosphère pesante avant de s’achever entre brutalité et le violon lugubre d’Oleg Bezuglov.

Toujours fidèle à ses racines Pagan, Aldaaron développe une fois de plus son atmosphère glaciale unique qui ne manque pas de nous envoûter à chaque instant. Par-delà les cimes est un album dépaysant qui nous transporte sans mal sur les flancs des alpes en un rien de temps.

95/100

English version?

Quelques questions à Ioldar, créateur et tête pensante du projet Aldaaron, à l’occasion de la sortie de son cinquième album, Par-delà les cimes.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Sans utiliser le terme “Black Metal”, comment pourrais-tu décrire le groupe Aldaaron ?
Ioldar (tous instruments/chant) : Bonjour et merci à toi ! Une musique épique, mélancolique et intense, inspirée par les paysages majestueux et désolés des montagnes. Une expression d’isolement, de contemplation et de puissance, enracinée dans une vision romantique et austère de la nature.

Le nom d’Aldaaron m’est familier depuis plusieurs années déjà, mais d’où vient-il ? Comment le relies-tu personnellement à la musique du groupe après tant d’années ?
Ioldar : Aldaron est un personnage du Silmarillion de Tolkien, le Seigneur des Arbres parmi les Valar. J’ai ajouté un « a » au nom original, car il était déjà utilisé par un autre groupe. Ce nom évoque à la fois une connexion profonde avec la nature et un aspect guerrier et épique, ce qui correspond parfaitement à l’univers musical du groupe.

Le cinquième album du groupe, Par-delà les cimes, est sur le point de sortir. Comment te sens-tu ? Est-ce que tu as déjà eu des retours à son sujet ?
Ioldar : C’est toujours un mélange d’excitation et d’attente avant une sortie. Je suis fier du résultat et j’ai hâte que l’album puisse vivre à travers ceux qui l’écouteront. Les premiers retours sont extrêmement positifs, ce qui est encourageant. 

Comment résumerais-tu Par-delà les cimes en trois mots ?
Ioldar : Épique, contemplatif, mélancolique.

Comment s’est passé le processus créatif de Par-delà les cimes ? En tant que principal compositeur, as-tu remarqué des différences avec la création des albums précédents ?
Ioldar : L’album a été composé en quelques mois, dans un processus plus instinctif et spontané qu’auparavant. J’ai pris plaisir à travailler rapidement, en capturant l’émotion brute de chaque morceau. Par rapport aux albums précédents, j’ai peut-être exploré des structures plus progressives et donné une place plus marquée aux solos de guitare de Voldr.

Le groupe tire son inspiration des Alpes françaises, qu’est-ce qui te parle dans cette région ? Comment arrives-tu à retranscrire ces influences dans ta musique ?
Ioldar : Les montagnes sont un refuge, un territoire vierge où l’homme est insignifiant face aux forces naturelles. Cette grandeur et cette rudesse se traduisent dans la musique à travers des riffs tranchants, des atmosphères glaciales et une intensité dramatique.

Sur Par-delà les cimes, trois des quatre morceaux ont des titres en anglais, et un seul porte un nom français. Pourquoi avoir fait ce choix, alors que l’on pouvait observer le phénomène inverse sur les précédentes sorties ?
Ioldar : Le choix de la langue se fait instinctivement, selon ce qui me semble le plus naturel pour chaque morceau. Il n’y a pas de règle fixe, et je laisse l’inspiration guider ce choix.

Bien que – comme indiqué précédemment – tu sois le principal compositeur d’Aldaaron, Voldr participe toujours aux guitares. Comment se passe votre alchimie créatrice ? Tu parles également de sa “perspective extérieure”, comment joue-t-elle dans sa création des leads ?
Ioldar : Voldr intervient principalement sur les solos et apporte un regard extérieur précieux. Quand on est plongé dans la composition d’un album entier, on peut perdre en objectivité. Ses retours permettent d’affiner certaines parties et d’apporter une touche différente, sans altérer l’essence du projet.

Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un morceau préféré sur cet album ? Ou celui qui t’a semblé le plus naturel à composer ?
Ioldar : Difficile de répondre, car chaque morceau a son propre intérêt. Mais peut-être le 2nd morceau Frozen shadows of the exalted sun, car il synthétise bien l’atmosphère générale de l’album.

Par-delà les cimes sort en collaboration avec Ordre du Givre Records et Paragon Records, comment se passe la collaboration avec eux ?
Ioldar : Paragon Records est un partenaire de longue date avec qui nous avons toujours eu une bonne relation. Ordre du Givre Records est mon propre label, ce qui me permet de garder un contrôle total sur certains aspects de la production et de la distribution.

Je n’ai trouvé que quelques traces de live pour Aldaaron, remontant selon le site setlist.fm à 2009 et 2011, y en a-t-il eu d’autres ? Pourquoi avez-vous arrêté de vous produire sur scène, et comptez-vous un jour y revenir pour interpréter vos morceaux ?
Ioldar : Nous avons donné une trentaine de concerts, dont certains aux côtés de groupes comme Mayhem et Nargaroth. Mais les contraintes logistiques et l’énergie demandée pour organiser des concerts ne correspondent plus à ma vision actuelle du projet. Aldaaron est avant tout un projet de création. Une reprise des concerts n’est pas exclue, mais ce n’est pas une priorité.

Quels sont les prochains projets pour Aldaaron ?
Ioldar : Je vais gérer la promo de l’album sur les 2 mois mois qui viennent puis basculer sur le prochain album de mon autre projet Ordalie.

Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels tu souhaiterais collaborer dans le futur ?
Ioldar : Je n’ai pas d’idée précise à ce sujet. Mon approche est très personnelle et solitaire, donc une collaboration devrait avoir un sens artistique fort pour être envisagée.

Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien et compositeur avec cet album ?
Ioldar : Avec le temps, on gagne en maîtrise technique et en efficacité dans le processus de création. Mais le plus important pour moi est de conserver une approche instinctive et sincère.

Aldaaron est actif depuis 2004 (ou 2002 si on prend en compte l’existence d’Empires de Glace), et en vingt ans, as-tu constaté une évolution, ou des changements au sein du paysage Black Metal français ? Quels sont selon toi les groupes à suivre en France en 2025 ?
Ioldar : Je suis assez détaché de la scène actuelle et je ne suis pas forcément au courant des nouveaux groupes. Il y a toujours eu d’excellentes formations en France, mais je me concentre davantage sur mon propre univers musical que sur ce qui se fait ailleurs.

Avec quels groupes rêves-tu de jouer ? Je te laisse imaginer ta date de rêve avec Aldaaron en ouverture, et trois autres groupes pour la sortie de Par-delà les cimes.
Ioldar : Peut-être Windir, Immortal et Dissection, mais ce sont des groupes qui n’existent plus, ou du moins plus sous leur forme originale. En réalité, je ne me projette pas vraiment dans l’idée de concerts.

C’était ma dernière question, je te remercie pour ta disponibilité, et je te laisse les mots de la fin !
Ioldar : Merci pour l’intérêt porté à Aldaaron. Par-delà les cimes est une invitation à l’élévation, à la contemplation et à l’immersion dans un univers où la nature est souveraine.

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