
La fatigue s’accumule, mais le Motocultor Festival est loin d’être terminé !
Surtout lorsque l’on sait à quel point les groupes du jour sont non seulement diversifiés, mais également très prometteurs ! Je commence donc l’aventure en arrivant légèrement après l’ouverture des portes, j’arme mon objectif, et nous voilà partis ! A noter que l’alerte canicule a été mise en place par le département, et que le festival a répondu présent en offrant l’eau fraîche dans ses bars.
On débute donc sur la scène principale avec la performance d’Hürlement, groupe de Heavy Metal parisien qui est déjà en train d’envoyer du bois ce midi. La chaleur n’a pas refroidi (vous l’avez, le jeu de mots ?) les fidèles, et bien que la fosse soit encore un peu clairsemée, on note quelques acharnés qui remuent le crâne en rythme avec les musiciens, visiblement très heureux d’ouvrir la journée. Alexis the Warnabot (chant) n’hésite pas à nous présenter les morceaux, passant donc de Dogue de Brocéliande au Prince noir avec un peu de contexte, mais ce sont les instruments qui en parlent le mieux, et les musiciens savent les faire parler en se mettant en avant, en particulier sur les leads tranchants ! Une très bonne entrée en matière.
On passe au Thrash avec Hexecutor, un nom que je vois dans la scène underground depuis au moins dix ans, et que j’ai enfin la possiblité de voir ce midi ! J’avoue n’être que peu familier avec leur musique (du Thrash parfois Blackened, parfois teinté de Heavy), mais Jey Deflagratör (chant/guitare) et sa bande vont faire en sorte de me le rendre accrocheur, multipliant les longues parties leads vicieuses, et haranguant dès que possible. Le look Old School des musiciens colle parfaitement à leur approche musicale, et les bracelets à pointes semblent attirer du monde, puisque la quasi-intégralité du public s’est tout simplement décalé de scène, ce qui permet au groupe de partager sa violence devant nombre de témoins conquis !
Ils ont le vent en poupe en ce moment et ils sont si éloignés de mes goûts musicaux que je n’aurai probablement pas d’autre opportunité de les voir, je me décide à tenter l’aventure All For Metal, qui officie dans un Power Metal très… visuel. Mené par le duo Tim « Tetzel » Schmidt et Antonio Calanna, deux vocalistes à la carrure et à la voix extrêmement différente, le groupe va immédiatement fédérer avec ses riffs simples mais accrocheurs, et surtout ses musiciens qui posent tous à chaque moment. Si on note quelques problèmes de son sur le premier morceau, les musiciens se rattrapent vite, et n’hésitent pas à haranguer la foule entre les titres, notamment grâce à “It’s a beautiful weather, beautiful festival, support us on this one” ou un magnifique “Flex with me!” qui permet à Tetzel de montrer son imposante musculature. Mention spéciale au bassiste Florian Toma pour son medley hommage à Ozzy avant la fin du show, mais également à Jasmin Pabst (guitare) dont c’est l’un des derniers shows avec le groupe, et qui témoigne d’une énergie débordante.
On retourne dans des teintes musicales plus communes à mes oreilles avec Hiraes, qui est déjà sur le pied de guerre, et qui propose une très longue intro avant de démarrer pied au plancher pour proposer son Death Mélodique aux influences suédoises bien marquées. Au centre, Britta Görtz (chant) ne manque pas d’haranguer les premiers rangs déjà acquis aux riffs de ses camarades, mais également de déambuler pendant que ses camarades délivrent leurs riffs. Nous apprendrons que le batteur du groupe s’est blessé, et que Ruston Grosse, batteur de Skeletal Remains dont c’est l’anniversaire, leur a sauvé le show en apprenant les titres en un temps spectaculaire, mais le groupe n’a pas de temps à perdre, et les titres pleuvent, offrant au public une véritable leçon ! La vocaliste ira même jusqu’à pousser l’expérience sur les barrières, puis dans le circle pit, mettant un petit coup de pression à l’équipe de sécurité, qui récupérait déjà les quelques slammeurs les plus aventuriers avant de mettre fin au show.
On reste dans le Death Metal avec le groupe que tout le monde (ou presque) connaît en France, j’ai nommé Loudblast, qui va débuter le concert avec un vibrant hommage à Ozzy Osbourne en laissant les musiciens (tous vêtus d’un t-shirt à son effigie) reprenant Crazy Train avant d’enchaîner sur leurs propres titres. Le Death/Thrash du quatuor formé et mené par Stéphane Buriez (guitare/chant) dont la voix puissante colle parfaitement à l’agressivité ambiante, et qui ne se prive pas pour arpenter la scène entre deux hurlements pendant que ses camarades s’en donnent à coeur joie sur leurs instruments. Quelques incitations au circle pit et autres joyeusetés physiques qui soulèveront une masse impressionnante de poussière, le vocaliste prend un moment pour nous remercier, et lâcher un “Vous êtres contents d’être avec nous pour nos putain de 40 ans ?” qui fera gronder la fosse, et montre donc à quel point le groupe est ancré dans nos petits cœurs tout mous avant de revenir à ses riffs toujours aussi emblématiques, comme la fameuse Cross the Threshold qui fera partie des immanquables. Une valeur sûre.
Restons dans le Death Metal pur jus avec les américains de Skeletal Remains (dont le batteur s’est déjà illustré une heure auparavant, si vous avez bien suivi) et leur son qui n’autorise aucun foutu compromis. Le set se lance de lui-même, musiciens déjà en place, et c’est en headbanguant sous son impressionnante masse capillaire que Chris Monroy (guitare/chant) s’avance vers son micro pour accompagner ses riffs de rugissements bestiaux. La fosse aura à peine eu besoin de ce “Motocultor, come on!” pour commencer à remuer de manière très peu organisée, à l’inverse du combo qui ne rate pas une note ni une occasion de nous faire remuer le crâne avec ses riffs gras et assassins. Les musiciens restent concentrés sur leurs instruments, se contentant de quelques petits gestes entre les titres ou d’un “Keep this shit doing” pour entretenir la flamme, mais leurs compositions parlent d’elles-mêmes, et la ferveur reste intacte du début à la fin, preuve que le groupe a déjà bien établi sa réputation au fil de ses cinq excellents albums.
Retour sous la tente pour assister au show de Pelican, quatuor instrumental qui se fait assez rare dans nos contrées (un passage au Hellfest en 2022 et un au Motocultor en 2018, comme le soulignera l’un des guitaristes), mais qui semble visiblement être assez attendu, à en juger par l’affluence. Lorsque le show débute, on assiste à un moment privilégié où les quatre musiciens ajoutent progressivement saturation, dissonance et riffs selon un schéma bien précis que suivent leurs morceaux, avec une précision de maîtres, et qui est loin de nous laisser indifférents. Musique instrumentale oblige, il n’y aura que peu d’interactions avec l’assemblée, mais les quelques remerciements qui ponctuent le concert suffisent à entretenir le lien déjà fort avec le groupe, qui ne manquera pas de redoubler d’intensité pour notre plus grand bonheur sous des lumières chaotiques, mais qui conservent cette touche vaporeuse.
Là non plus, mon choix n’était pas encore fait, mais l’idée de voir Enslaved en plein jour – eux qui sont plutôt habitués aux grands chapiteaux ou aux sombres salles parisiennes – m’a fait me diriger vers la Dave Mustage, où le combo montait sur les planches. Le show n’a pas vraiment changé depuis ma dernière expérience, Ivar Bjørnson (guitare/chant) restant cantonné à son emplacement pendant que Grutle Kjellson (basse/chant) s’autorise un peu plus de mouvements, passant parfois haranguer la foule, mais c’est encore et toujours Arve Isdal (guitare), torse nu, qui assure la touche visuelle en arpentant l’intégralité de la scène, dansant presque avec son instrument. Côté son, l’équipe est également rodée, permettant à la grande variété d’influences de se répondre, passant des cris d’Ivar et Grutle aux parties claires d’Iver Sandoy (batterie) et Håkon Vinje (claviers) qui se relaient pour créer une harmonie naturelle qui encourage naturellement la foule à entrer dans leur transe. On notera tout de même quelques excités qui remuent pendant les passages les plus virulents, mais le concert est une réussite pour les norvégiens.
La fosse est déjà pleine lorsque Paleface Swiss monte sur scène, et ils ne sont visiblement pas là pour enfiler des perles ! A peine leur temps de jeu débuté, Marc « Zelli » Zellweger (chant) et Yannick Lehmann (guitare/chant) commencent à hurler, lâcher “what the fuck are you doing just move”, mais surtout à envoyer leurs riffs assassins avec le soutien de Tommy Lee (basse) et Cassiano « Cassi » Toma (batterie) qui matraquent leurs instruments. Il n’a fallu que quelques secondes à la fosse pour se transformer en un véritable champ de bataille, suivant les indications des musiciens qui sont visiblement très en forme de soir, nous incitant à toujours plus de mouvements pour le plus grand bonheur de la sécurité, qui ne se laisse toutefois pas dépasser. Pour célébrer la golden hour, le groupe nous déverse son Deathcore surpuissant, mêlé à toutes ses influences, et bien qu’il ne soit pas encore terminé, Zelli temporise en nous annonçant “This is officially the best fucking show we’ve ever played in your country” (et sachant qu’ils ont déjà joué dans quelques festivals, dont le Hellfest et le Festival 666, c’est un sacré compliment !). Les riffs s’enchaînent, et le chaos suit, c’est encore une fois plus que validé !
La show d’Extreme ayant été mis sur liste pour les photographes, j’ai décidé de prendre ce créneau pour me restaurer, et profiter un peu de l’ambiance avant d’aller voir ce que je soupçonnais à raison d’être l’une des meilleures claques du jour, la légende du Screamo japonais : envy. Près de trois années après un Trabendo plein à craquer et avec dans leurs bagages un incroyable nouvel album à défendre (Eunoia, sorti en octobre 2024 pour ceux du fond qui ont raté l’information), le groupe s’installe avec un peu de retard, mais le public est déjà bien massé, et l’acclamation qu’il leur réserve veut tout dire. Le son débute, la magie opère, et nous sommes mentalement transportés, autant par la rythmique planante des musiciens que par les changements vocaux de Tetsuya Fukagawa (chant/claviers) qui passe d’un scream viscéral à des spoken words en japonais très calmes, véritable signature du groupe. Les morceaux s’enchaînent sous les bravos, les musiciens restant également très silencieux, devenant un peu plus mobiles lors des parties déchaînées aux lumières apocalyptiques, mais revenant à leur quiétude lorsque les riffs s’achèvent. La machine est parfaitement huilée, et le spectacle est incroyable.
La file de photographes grossit à nouveau pour la tête d’affiche du jour, Trivium qui revient au Motocultor après dix ans (oui, j’y étais) ! La scène semble immense pour eux avec ses cinq pieds de micro, mais le décor – bien que minimaliste – va participer à rendre ce show dantesque dès que les quatre gaillards l’investissent, Matthew K. Heafy (guitare/chant) en tête, haranguant déjà la foule. A ses côtés, Corey Beaulieu (guitare) et Paolo Gregoletto (basse) remplissent parfaitement l’espace tout en le laissant libre d’arpenter la scène, changeant de micro à presque chaque couplet pendant qu’Alex Bent (batterie) rythme le tout avec une précision remarquable. Matthew n’a besoin de faire qu’un mouvement pour que circle pit parte, et les morceaux s’enchaînent très naturellement, le groupe ne s’autorisant que quelques secondes de répit et d’acclamations avant que le prochain titre ne nous frappe, fédérant les premiers rangs qui reconnaissent immédiatement ou faisant à nouveau exploser la fosse. Quelques remerciements à base de “It is our honor to be back », et le frontman tente déjà d’entretenir la fougue avec un audacieux « Can you do better than Bloodstock? », show que la critique avait pleinement encensé. Je ne peux pas affirmer que le public breton a fait meilleur que les anglais pour ce show à la setlist très diversifiée, mais je peux vous assurer que Pull Harder on the Strings of Your Martyr était de loin l’un des moments les plus violents du jour, et qu’In Waves était l’un de ceux où toute la fosse a hurlé à l’unisson comme une seule et unique entité dont le mot d’ordre est simple : merci Trivium pour ce show !
La journée se termine ici pour moi, mais peu importe la chaleur et la fatigue accumulée, je suis plus qu’heureux d’avoir pu voir et revoir tous ces shows ! Difficile de dire qui a remporté la palme, mais il est certain qu’envy, Pelican, Skeletal Remains et Paleface Swiss m’ont marqué par leur intensité ! Il ne reste (déjà ? seulement ?) qu’une journée, et elle débute tôt !
































