
Zatokrev est enfin de retour.
Dix ans après leur dernier album studio, Frederyk Rotter (guitare/chant), Lucas Löw (basse/chant), Matthieu Hardouin (guitare/chant) et Frédéric Hug (batterie) signent chez Pelagic Records pour la sortie de leur cinquième album, …Bring Mirrors to the Surface, où ils font appel à certains de leurs compatriotes..

L’album débute par Red Storm, une première composition étouffante qui accueille les groupes Bölzer et Schammasch pour une collaboration angoissante qui allie lenteur, lourdeur et parties vocales diverses qui hantent la dissonance. L’instrumentale n’hésite pas à s’apaiser tout en restant oppressante, profitant de ses tonalités minimalistes pour mettre en lumière les voix avant un temps de pause maîtrisé qui appelle à nouveau une saturation infernale, transformant les leads en sons stridents avant que Blood ne nous offre ses harmoniques entêtantes. Le morceau s’offre également quelques passages assez remuants qui contrastent avec la puissance brute et lancinante, mais accueille également Inezona dans son berceau d’inquiétude avant de passer à l’effrénée The Only Voice qui nous emporte sans mal dans son torrent de fureur. Les cris déchirants emplissent l’air et intensifient une rythmique impénétrable qui ralentit à peine en accueillant de touches Prog, temporisant le flot avant de rejoindre Unwinding Spirits qui débute de manière beaucoup plus douce mais également plus sombre, devenant même un peu mystique lorsque les voix se répondent. Les musiciens accueillant d’ailleurs Manuel Gagneux (Zeal & Ardor) qui donne une touche éthérée supplémentaire qui se tisse lentement et capture notre esprit et qui ralentit avant d’atteindre Faint où l’on retrouve des effets assez modernes et parfois surprenant pour contraster avec toute cette lourdeur brute. La touche de folie est de plus en plus visible, et elle va donner toute sa saveur au final chaotique avant de retrouver Schammasch pour Changes, morceau qui adopte des accents Black/Death en plus de ses influences d’origine et des parties vocales sauvages, puis qui s’oriente vers une approche très vaporeuse avec des riffs planants qui s’apaisent peu à peu, jusqu’à nous bercer un moment, puis les parties vocales reviennent troubler la quiétude. Pearl Eyes reste dans cette entre riffs pesants et chargés, mais en incluant pas mal de voix claire, créant un son accrocheur à la limite du Post-Metal, puis c’est avec les américains de Minsk que le groupe referme ce chapitre sur Deep Dark Turns Green, composition d’abord majestueuse au possible, puis finalement assez imposante sur le duo vocal, tendre sur le break central minimaliste qui mène de nouveaux aux voix, puis au silence.
Si Zatokrev sait se montrer très brutal et agressif, c’est dans les tonalités planantes que le groupe s’illustre le mieux. Les différentes collaborations de …Bring Mirrors to the Surface rythment parfaitement cet excellent album.
90/100