
A peine remis du début de saison que je reprends déjà la route de Petit Bain, mon bateau préféré.
Ce soir, le dernier des deux seuls shows français de Der Weg einer Freiheit et Heretoir est sold-out, et pour cause ! Encadrés par Garmonbozia Inc., les deux formations fêtent la sortie de leurs albums respectifs, les excellents Innern et Solastalgia, et la soirée promet d’être dantesque pour peu que vous aimiez les confins obscurs et mélancoliques du Black Metal. L’air est frais, mais nous sommes prêts.
L’attente est longue, mais soudainement, les lumières s’abaissent, et les cinq musiciens d’Heretoir entrent en scène dans un silence déjà pesant. Le sample qui marque le début de The Ashen Falls se lance, et je retrouve cette même angoisse saisissante que sur l’album, mais aussi et surtout cette même éruption de violence, ces riffs saccadés, puis la voix si communicative de David “Eklatanz” Conrad (guitare/chant). Pendant quarante minutes, les musiciens vont nous faire vibrer avec leur mélancolie tantôt lancinante, tantôt plus virulente, mais surtout si vraie, si pure et si communicative, que ce soit sur les passages les plus bruts et agressifs que pendant les moments planants. Si dans la fosse tout le monde est calme, le groupe est très remuant, n’hésitant jamais à headbanguer lors des riffs les plus intenses, ou se laissant baigner dans les lumières aveuglantes des passages apaisants, créant un flot naturel à peine troublés par les remerciements du vocaliste qui n’hésite pas à s’adresser à nous en français à base de “encore une fois merci beaucoup”, ou à rester dans l’anglais pour nous annoncer les morceaux. Il nous rappellera évidemment la sortie très récente de Solastalgia, leur incroyable dernier album, mais c’est après la très lancinante Golden Dust que le show prend fin, sous des acclamations amplement méritées.
Setlist: The Ashen Falls – Season of Grief – Twilight of the Machines – Solastalgia – Golden Dust
L’attente reprend, et c’est finalement devant une foule immobile que Der Weg einer Freiheit entre en scène sans artifice, mais lorsque les amplis se mettent à parler, c’est une toute autre histoire. J’en ai vu des shows du groupe, mais sur celui-ci, ils ont clairement franchi un cap, restant dans cette noirceur viscérale tout en maîtrisant son sujet, et nous propulsant dans ses recoins les plus agressifs, les plus cinglants, mais aussi dans des passages plus doux et apaisants. Au centre, Nikita Kamprad (guitare/chant) n’hésite jamais à profiter des passages instrumentaux pour monter sur les retours et distiller ses riffs au plus près d’un public attentif comme jamais, mais il retourne rapidement hurler dans son micro pendant que ses camarades headbanguent et maltraitent leurs instruments. On notera également une setlist très bien construite qui fait la part belle aux longueurs de leurs morceaux tout en nous gardant captifs de leur toile sombre qui s’allonge, s’intensifie grâce à des accélérations ou ralentit pour devenir lancinante. J’ai beau connaître les morceaux du groupe, je reste pantois devant leur fureur, leur douceur, mais surtout leur impact sur la salle qui lève le poing à chaque interlude pendant que les musiciens grimacent ou sourient. Quelques mots à peine ou bien un silence, et les vagues reviennent, accompagnées au bout d’un moment par la climatisation (quel bonheur), et la croisière reprend son rythme torturé, mais toujours aussi fascinant. Le groupe aura joué près d’une heure et demie, et les applaudissements qu’ils récoltent sont de rigueur.
Setlist: Marter – Xibalba – Immortal – Einkehr – Vergängnis – Eos – Finisterre II (sur bande) – Monument – Ruhe – Aufbruch – Finisterre III (sur bande) – Forlorn
La soirée prend fin, le bateau se vide non sans le traditionnel passage au stand de merch, et les visages sont tous ravis. Deux groupes, deux formes de noirceur, mais une seule et unique passion se sont exprimés ce soir. Si Der Weg einer Freiheit a confirmé leur statut d’étoile montant de la scène, Heretoir a enfin pu présenter son art à notre pays, et m’est d’avis que nous risquons de les revoir très vite. Aucun défaut à signaler, tout était parfait, merci Garmonbozia Inc. !











