Review 2998 : Douve – Sol

Douve affirme ses engagements en musique.

Créé en région parisienne par Chloé Casasola (guitare/chant, ex-Moonreich, ex-Mortis Mutilati), Asphodel (chant, Mortis Mutilati), Eva-Lou Chevet (basse) et Atc (batterie, Homecoming, ex-Creeping Fear), dévoilent en 2025 leur premier album, Sol, sorti via Mort sur Musique.

On découvre dès Heureux ceux qui nous violent, le premier titre, un son très brut et abrasif au possible, mais aussi un discours cru et brutal qui sert parfaitement le propos et s’intègre parfaitement à la rythmique violente. S’ils sont d’abord assez vifs, les riffs s’apaiseront légèrement pour un final entêtant avant de rejoindre Vestige, composition beaucoup plus longue, mais aussi plus saccadée et qui prend le temps d’instaurer une atmosphère pesante et dérangeante pendant que la vocaliste délivre son discours avec la même véhémence. On ressent toutefois une mélancolie palpable dans les passages les plus lents de l’instrumentale, mais elle est remplacée par de la sauvagerie lorsque le blast revient, annonçant finalement un solo chaotique avant de charger vers Rien jamais personne n’existe qui adopte également cette dissonance étouffante. Quelques touches de DSBM rendent les hurlements encore plus viscéraux sur cette rythmique hachée, mais l’oppression prendra fin dès qu’Interlude nous offre ce moment de répit à la guitare acoustique que l’on savoure avant de retourner à la rage sur la poignante Un mur blanc couleur pilule qui privilégie l’agressivité. On retrouvera bien quelques moments de calme dans la déferlante, mais le titre se démarque surtout par son riffing acéré avant de faire place à l’aérienne Novembre qui s’autorise des harmoniques entêtantes bien que relativement tourmentées, mais aussi un passage en chant clair qui contraste avec la rythmique qui servent parfaitement la détresse ambiante. Anamnèse prend le relai, d’abord très doucement puis avec cette voix samplée dont le discours intime nous met mal à l’aise, et on ressent à peine la progression de l’instrumentale jusqu’à ces quelques sursauts qui rendent le moment encore plus perturbant jusqu’à l’explosion saisissante que l’on croirait sortie d’une vieille radio. Le moment sera encore pénible à entendre jusqu’à ce que Tout brûler vienne nous délivrer, renouant avec une violence plus directe dans un premier temps, mais aussi avec une mélodie maussade et presque nostalgique qui temporise avant de relâcher les rênes pour laisser les musiciens se déchaîner jusqu’aux dernières notes.

Revendiquant un discours brut ainsi qu’une position ouvertement queer, Douve fait déjà couler de l’encre au sein de la scène Black Metal, et l’écoute de Sol ne peut que vous convaincre d’une chose : le groupe sait exactement comment faire réagir avec ses riffs et ses hurlements.

85/100

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