
Après une pause bien méritée qui m’aura permis de tomber malade sans réellement impacter mon planning, me revoilà d’aplomb pour l’étape parisienne de la toute première tournée en tête d’affiche de Nailed to Obscurity !
Cela fait quelques années déjà que je suis le groupe allemand (dont j’avais d’ailleurs vu la toute première date française en 2019), mais savoir qu’en plus ils sont accompagnés des grecs de Yoth Iria qui avaient proposé un show mémorable au Hellfest l’an passé, qu’ils vont me permettre de découvrir Oak, Ash & Thorn, et qu’en plus le show organisé au Backstage By The Mill par Sanit Mils… comment refuser ?
A l’heure dite, Oak Ash & Thorn montent sur scène, d’abord retournés, puis pleins d’entrain pour nous faire découvrir leur mélange entre Death Mélodique, Folk et pointes de Heavy inattendues. Bien qu’inconnu de la quasi-totalité d’une salle presque vide, le groupe ne va pas se laisser démonter et jouer ses compositions avec une énergie folle, enchaînant riffs, hurlements et même chant clair avec un naturel assez planant, Adam Armstrong (chant) se laissant épauler de temps à autre par ses musiciens. Le vocaliste nous remerciera dans un français très correct entre deux morceaux, profitant d’un moment de creux pour déclarer “My French is rusty but my mom is in the audience” avant que la déferlante ne reprenne, toujours aussi intense sous des lumières assez énergiques. On sent tout de même que la scène est un peu petite pour les cinq musiciens, et si le frontman n’hésite pas à faire de grands gestes théâtraux pour accompagner son discours, les autres musiciens doivent attendre les passages rythmiques pour pouvoir convenablement jouer entre eux, pendant que les premiers rangs headbanguent. Une excellente découverte et ouverture pour la soirée.
On enchaîne avec l’un des groupes les plus attendus du soir, les grecs de Yoth Iria qui laissent leur longue introduction mystique sonner pendant que Rustam “He” Shakirzianov (chant) entre avec sa bougie, s’assied et commence ses incantations occultes. Les autres membres le rejoignent, et dès les premiers riffs, l’homme bondit, hurle, puis descend dans la foule pour chanter pendant que ses camarades occupent la scène, tissant leurs harmoniques pendant que leur frontman revient sur scène, toujours aussi déjanté. L’homme, qui est d’ailleurs le seul portant un maquillage de scène, annonce les morceaux de manière cryptique, laissant ses camarades headbanguer de temps à autre avant de se jeter au sol en vociférant, vivant chaque note macabre de leurs compositions qui défilent sous des lumières rouges assez fixes. Il n’hésitera pas à confier le micro à Jim Mutilator (basse), fondateur du groupe, qui nous remercie de notre présence et annonce “a very old track that I wrote with my friend Sakis”, la légendaire Non Serviam, qu’il dédie à Vangelis, l’organisateur. La fosse réagit évidemment au quart de tour, levant le poing, et le vocaliste revient faire un tour comme si de rien n’était, rendant la performance encore plus chaotique jusqu’à ce que le morceau finisse, et le groupe accueillera… une danseuse qui envoûte visiblement le vocaliste pendant sa performance, le jetant au sol avant de tenter de le ranimer de ses mouvements mystiques. Un show hors du temps, et hors du commun.
Setlist: Blazing Inferno – But Fear Not – In the Tongue of Birds – Rites of Blood and Ice – We Call Upon the Elements – Non Serviam (Rotting Christ cover) – Sid Ed Djinn
A l’heure dite, les lumières s’éteignent et les musiciens de Nailed to Obscurity investissent la scène avec un calme olympien, déjà acclamés par les premiers rangs, mais dès que le son ne débute, ils sont véritablement transformés. Raimund Ennenga (chant) est plus énergique que jamais, espaçant ses hurlements de furieuses séances de headbang pendant que Volker Dieken et Jan-Ole Lamberti (guitares) placent habilement leurs harmoniques sur la rythmique de Jann Hillrichs (batterie), aidé par Lutz Neemann (basse/choeurs) qui alterne entre le devant de la scène et l’arrière, où se trouve son pied de micro. Les parties vocales fusent de toutes parts et les riffs nous hypnotisent, mais le vocaliste prendra le temps de lâcher “Bonsoir Paris nous sommes Nailed to Obscurity d’Allemagne” ou nous remerciant entre deux morceaux, faisant à peine retomber la pression qui remonte dès que le titre suivant ne démarre. C’est déjà la quatrième fois que j’ai la chance de voir le groupe, et j’ai pu voir leur évolution : d’une timide formation de Doom/Death aux racines Black, ils sont devenus de véritables mastodontes de scène, avec un jeu certes statiques et des lumières diffuses principalement derrière eux, mais qui maîtrisent de bout en bout leur mélancolie, et qui nous tiennent clairement en haleine à chaque note. Raimund n’hésitera pas à laisser la place à ses musiciens lors de longs solos, mais il reviendra toujours placer son chant clair ou saturé – vu qu’il maîtrise les deux – que l’on savoure beaucoup plus au centre de la salle. Mais le temps file, avec pas moins de sept morceaux de leur dernier album, et c’est après un “We want you to know that we, Nailed to Obscurity don’t believe in fascism, racism or anything but equal rights!” que les derniers morceaux sont joués avant que le public n’ovationne correctement les allemands.
Setlist: Glass Bleeding – Feardom – Overcast – Generation of the Void – King Delusion – Spirit Corrosion – Uncage My Sanity – Resonance – Liquid Mourning – The Ides of Life – Echo Attempt – Deadening – Road to Perdition
Il n’est pas très tard, mais je suis déjà en train de courir après mon dernier train, me remémorant déjà l’excellente découverte qu’a été Oak, Ash & Thorn, la furie de Yoth Iria et le flot mélodieux de Nailed To Obscurity. Les trois groupes ont chacun proposé leur univers unique, et tous ont conquis de nouveaux fans ce soir, malgré l’inexplicable faible densité de population au Backstage By The Mill, qui me fait me répéter inlassablement : vous avez raté un grand moment. Merci à Vangelis de Sanit Mils pour cette soirée unique et exceptionnelle, et à très vite dans de nouvelles contrées !

















