
Wolvennest a repris son rituel.
Deux ans après leur dernière épreuve, Shazzula (chant/theremine), Corvus von Burtle (basse/guitare/claviers, Cult of Erinyes), Michel Kirby (guitare/chant), Marc De Backer (guitare), VaathV (basse) et Bram Moerenhout (batterie) – toujours aidés par Déhà (instrumenta additionnels) – signent chez Consouling Sounds pour dévoiler Procession, leur quatrième album.

Another Nail est le premier morceau à tisser ses riffs envoûtants accompagnés d’éléments bruitistes étranges dûs au thérémine, puis des parties vocales uniques d’une Shazzula d’abord très froide, puis qui mêle habilement à la dissonance créée par ses camarades. Le mélange est à la fois si enivrant et en même temps tellement attendu lorsque l’on connaît un temps soit peu la formation qu’il nous berce naturellement jusqu’à son final abrupt, qui débouche sur Purple Poison et son inquiétante introduction qui mène à un nuage sonore lourd et oppressant mais aussi très entêtant dès que les paroles apparaissent. Je n’ai personnellement même pas essayé de résister à ce piège mystique, l’accueillant à bras ouvert pour transporter mon esprit grâce à ses tonalités psyché jusqu’à un final plus calme, puis à The Shadow on Your Side qui lui emboîte le pas, et semble plus décidé à instaurer une atmosphère enjouée grâce à sa batterie dans toute cette noirceur. La rythmique reste assez constante et nous capture sans mal en nous menant à Damnation où le son s’apaise un court instant, profitant de la longueur du morceau pour installer mystère et même inquiétude chez les moins aguerris avant d’imposer une tension propre au Black Metal tout en plaçant ses pointes d’harmoniques. Le mélange hétérogène développe progressivement de nouvelles touches complémentaires avant de laisser Décharné nous nourrir de ses tonalités ecclésiastiques plus majestueuses sous les quelques paroles en français qui sonnent comme une douloureuse berceuse à mes oreilles. Le titre est long, et connaîtra un moment d’enhardissement, puis c’est Things that Breathe are Death qui apparaît ensuite et commence à tisser sa toile de dissonance accompagnée d’un sample vocal qui répond à la mélodie assez simple qui sert d’interlude avant que Burial ne prenne les riffs en main, proposant après une douce introduction sa saturation étouffante et complexe. La brume sonore que les musiciens développent sert de nid aux leads enivrants qui apparaissent de temps à autres, relayant ou doublant le chant avant de finalement nous lâcher sur Famadihana, la composition suivante, qui nous ouvre les portes de ses ténèbres intrigantes. Claviers, voix et autres bruits ambiants rendent le tout assez planant bien que toujours très sombre qui progresse à son propre rythme éthéré jusqu’à son arrêt inattendu. Quelques cris en arrière-plan nous tiennent en haleine avant qu’Hunters ne prenne le relai, se montrant rapidement bien plus pesante et menaçante, profitant de grognements pour accentuer cette sensation d’étouffement malgré un passage central moins chargé. Le manège reprend alors, toujours aussi malsain et persistant, puis laisse soudainement place à Tarantism, où le groupe reçoit Hekte Zaren (Adaestuo) au chant qui complète à merveille l’atmosphère lugubre de ses vocalises, invoquant la lourdeur de Wolvennest. Le théâtre de l’étrange s’intensifie tellement qu’il finit par se délabrer et nous met face à The Last Chamber qui, comme son nom l’indique, est là pour clore l’album, mais aussi nous ouvrir des recoins encore inexplorés comme ces longs rugissements glauques qui surgissent de nulle part ou laissant les musiciens préparer parfois le terrain pour les harmoniques qui vivent au sein de ce très long dernier titre jusqu’au silence total.
Personne n’écoute encore Wolvennest “par hasard”. Si vous vous essayez à Procession, c’est que vous souhaitez découvrir ou revivre une expérience mentale et sensorielle hors du commun qui transporte votre esprit toujours plus loin.
90/100
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