Shores of Null et Convocation associent leur douleur.
Réunis par Everlasting Spew Records, les deux groupes ont chacun une vision différente du Doom, qu’ils nous exposent grâce à leur split album, Latitudes of Sorrow.
On débute les trois premier titres signés par les italiens avec An Easy Way qui tisse ce jeu dissonant mais mélancolique sur les guitares de Gabiele et Raffaele (guitares) pendant que Davide (chant) nous montre autant son growl brut que ses parties claires plus aériennes. La section rythmique tenue par Matteo (basse) et Emiliano (batterie) permet de temporiser les envolées mélodieuses en nous faisant revenir à des tons plus lents comme ceux de The White Wound qui retrouve aussi des harmoniques enivrantes. L’alternance vocale reste au coeur du morceau, teintant ses riffs de sa présence et la faisant passer de la rage à la quiétude malgré l’explosion de l’instrumentale, et le capitaine guide son navire dans les flots de peine, récitant inlassablement sa complainte avant de collaborer avec Marko “MN” Neuman (Waste of Space Orchestra, ex-Dark Buddha Rising) pour The Year Without Summer. Si Davide est d’abord seul à chanter, les hurlements de l’invité rendent le morceau incroyablement plus agressif, créant un contraste intense entre les deux moments avant de laisser la main aux finlandais pour Abaddon’s Shadow ou Lauri “LL” Laaksonen (tous instruments) délivre à MN ainsi qu’à Kari Kankaanpää (chant, Sepulchral Curse, ex-Solothus, ex-Yawning Void) et Matti Mäkelä (paroles, Corpsessed, Tormentor Tyrant) une noirceur étouffante. Les tonalités glaciales et angoissantes se multiplient sur ce long titre, et les riffs abrasifs tout comme sur The Empty Room ou le groupe finlandais progresse en duo et nous étale une mélancolie plus majestueuse, plus différente mais toute aussi entêtante et qui se brisera un moment avant de revenir accompagnée de claviers pour nous offrir un final grandiose et ainsi refermer le split.
Doom et noirceur sont à l’honneur avec Latitudes of Sorrow, réunissant deux formations underground aux styles complémentaires sous la même bannière. Si Shores of Null sait autant se montrer agressif que mélancolique, Convocation reste quand à lui cantonné à sa lente agressivité pour convaincre. Les deux groupes sont en train de devenir des valeurs sûres de la scène.
90/100