Review 3030 : Faetooth – Labyrinthine

Faetooth a une nouvelle histoire à nous conter.

Créé en 2019, le trio Jenna Garcia (basse/chant), Rah Kanan (batterie) et Ari May (guitare/chant) – précédemment accompagné par une quatrième membre – sort son premier EP la même année, puis attendra trois ans pour son premier album. En 2025, elles sont soutenues par le label The Flenser pour la sortie de Labyrinthine, leur deuxième album.

On se laisse d’abord envoûter par la sombre dissonance d’Iron Gate, un premier titre très planant auquel se joignent les voix enchanteresses des musiciennes, mais la saturation enflammera la rythmique, lui donnant ses teintes Sludge épaisses et invoquant les hurlements qui rejoignent le chant clair. Toute notion de calme est désormais hantée par la lourdeur jusqu’à ce que Death of Day ne nous autorise un court instant de flottement pour finalement tisser ses mélodies enivrantes qui finiront bien évidemment par s’embraser sous le groove pesant. Notre esprit se laisse aisément malmener et transporter jusqu’à It Washes Over où l’on retrouve temporairement la douceur avant que les riffs ne redeviennent plus gras, recréant ce contraste avec le chant clair lancinant, mais le titre passe en un éclair et laisse la main à Hole, composition également calme à première vue, mais le rythme ralentit progressivement. Les tonalités douces deviennent inquiétantes puis s’emballent une fois de plus, s’abandonnant même aux cris l’espace d’un pic d’intensité ainsi que lors du final, puis on enchaîne avec White Noise et ses riffs très réguliers mais assommants qui vont une fois de plus se déchaîner sans prévenir et mélanges les voix d’Ari et de Jenna pour un duo saisissant. Les influences Stoner du morceau lui offrent un groove accrocheur assez naturel alors qu’Eviscerate privilégie des racines Shoegaze brumeuses pour tisser ton atmosphère onirique avant d’y mettre le feu pour nous projeter dans sa violence qui semble parfois empruntée au Post-Black dans les moments les plus viscéraux. Le groupe nous laisse lentement dériver vers les vagues d’October, composition suivante qui reste assez modérée et nous permet un véritable moment d’apaisement avant que Mater Dolorosa ne prenne le relai avec des sonorités nettement plus sombres et écrasantes, presque même pénibles à endurer par moments. Les hurlements façon DSBM reviennent dans l’océan abrasif avant de nous octroyer une dernière pause via l’instrumental The Well qui propose des mélodies aériennes assez calmes en arrière-plan, mais qui va assez vite céder sa place à la longue Meet Your Maker qui débute très progressivement et nous envoûte avant d’intégrer avec parcimonie le son pesant à ses riffs tout en laissant les vocalistes mener la danse dans ce dernier tourbillon lumineux qui va finalement disparaître dans les limbes.

Faetooth fait à la fois partie de mes découvertes de l’année, mais aussi de mes coups de coeur. Avec la puissance du Sludge et la beauté du Post-Metal, le trio réussit à faire de Labyrinthine un véritable moment de recueillement mental entre ombre et lumière parfait pour affronter l’hiver.

95/100

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