Review 3053 : Asteriæ – Miejsce, ktore nazywam soba

Découvrons ensemble Asteriæ.

Apparu dans la scène polonaise avec un premier single en 2022, le combo composé de Bartoz Jankowski (chant), Michal Pawlowski (guitare), Marcel Ziolkowski (guitare), Eryk Gaujard (batterie) et Adam Sobota (basse) dévoile trois ans plus tard son deuxième album, Miejsce, ktore nazywam soba, via Kolo Records.

1 – 4 – 8 nous explose immédiatement au visage, proposant des riffs rapides au mix abrasif avant d’intégrer des hurlements saisissants au mélange agressif, mais le titre nous réserve également ce moment de répit salvateur avant une nouvelle vague de rage brute. Bien qu’inquiétant, le contraste entre les deux passages est très prenant et renforce encore plus les explosions de noirceur qui nous attendent tout au long du titre avant de laisser Ruiny prendre le relai avec une touche mélancolique palpable qui complète la fureur des parties vocales. Les moments pesants résonnent comme un début d’apocalypse, la dissonance où les quelques spoken words façon Screamo semblent interminables, puis le blast irrégulier vient finalement nous molester et nous projeter vers Tchnienie, où l’on expérimente un moment de flottement avec l’introduction aérienne. La basse massive vient troubler la quiétude installée en l’alourdissant considérablement sans en retirer le côté planant, mais l’ouragan ne tardera pas à gronder et à imposer son rythme infernal et sa mélodie entêtante tout au long du morceau pour finalement se briser net, laissant le contrôle à Uwolnilem sie. L’introduction nous prévient, mais rien ne pouvait correctement nous préparer à une telle fureur brute infusée au Post-Hardcore sauvage et incontrôlable à peine temporisée par une guitare dissonante, mais notre crâne remue inconsciemment, suivant les déferlantes et ses éruptions désormais évidentes, mais le son s’apaise finalement avant que Ton ne prenne sa place. Bien plus long que ses prédécesseurs, le titre se démarque également par sa rythmique haletante et ses parties vocales assez diversifiées ainsi que son long break central qui fera finalement naître un moment lancinant comme j’en connais peu, suivi du retour des patterns plus hachés et des cris expressifs pour un final intense.

Les meilleures découvertes viennent parfois de groupes totalement inconnus à l’approche brute mais sincère comme Asteriæ. En moins de trente minutes, les cinq musiciens nous déversent leurs tripes sur Miejsce, ktore nazywam soba, et c’est une pure réussite.

95/100

English version?

Quelques questions à Bartosz “Bartek” Jankowski, Marcel Ziólkowski et Eryk Gaujard, respectivement chanteur, guitariste/chanteur et batteur du groupe polonais de Blackened Post-Hardcore/Metal Asteriæ, à l’occasion de la sortie de leur nouvel album, Miejsce, które nazywam soba.

Bonjour, et tout d’abord, merci beaucoup de nous accorder un peu de votre temps ! Une question difficile pour commencer : comment présenteriez-vous Asteriæ sans utiliser de label musical tel que “Post-Hardcore”, “Post-Metal” ou tout autre sous-genre ?
Marcel Ziólkowski (guitare/chant) : Nous sommes un groupe d’amis qui aimons simplement passer du temps ensemble. C’est l’essence même et la chose la plus importante lorsqu’on crée un groupe indépendant.
Bartosz “Bartek” Jankowski (chant) : C’est une musique où se mêlent tristesse, colère, profondeur et simplicité.

Asteriæ me fait penser à la déesse grecque Astéria. Le nom du groupe est-il un lien volontaire avec son histoire, ou quelque chose de complètement différent ? Comment reliez-vous le nom Asteriæ à la musique que vous jouez ?
Bartek : Oui, c’était l’idée de départ. Nous jouions avec un batteur qui avait suggéré que le groupe raconte l’histoire de quelqu’un qui quitte la Terre, non pas dans le sens classique de la science-fiction avec un “vaisseau spatial”, mais plutôt comme un départ spirituel de la planète et du corps. Après son départ, nous avons réalisé que ce n’était pas vraiment ce que nous étions. Nous ne voulions pas d’un concept comme celui-là, nous voulions canaliser notre colère. Le nom Asteria est resté, mais nous y avons ajouté notre petite touche personnelle.

Asteriæ sortira bientôt son deuxième album, Miejsce, które nazywam soba. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà reçu des commentaires ?
Marcel : Jusqu’à présent, les commentaires ont été très positifs, ce qui nous rend incroyablement heureux et nous motive à continuer. L’album est sorti le 4 novembre et nous pensons qu’il reflète vraiment qui nous sommes. Il est empreint de tristesse et de colère, et pour nous, la musique est le moyen d’évacuer ces émotions lourdes.
Bartek : Les retours ont été excellents jusqu’à présent. Peut-être avons-nous juste besoin d’une plus grande audience pour attirer quelques détracteurs 😀 Mais honnêtement, après les concerts, les gens nous disent qu’ils sentent que nous mûrissons musicalement et que nous allons dans la bonne direction.

Comment résumeriez-vous l’identité de Miejsce, które nazywam soba en seulement trois mots ?
Marcel : Feu, émotion, tristesse.
Bartek : Mon coin de paradis.
Eryk Gaujard (batterie) : Poids, mélancolie, révélation.

Asteriæ n’existe que depuis trois ans. Comment se déroule le processus de création au sein du groupe ? Avez-vous remarqué des changements depuis votre premier album ?
Bartek : Le deuxième album a été créé de manière plus professionnelle et plus mature. Nous savions exactement ce que nous voulions, et je pense que cela se voit. Le processus d’écriture était similaire, mais le studio a ajouté sa propre touche.

Le son d’Asteriæ mélange le Post-Hardcore et le Post-Metal sous un voile noir et mélancolique. Quels groupes citeriez-vous comme vos principales influences ? Comment façonnez-vous votre propre son au fil du temps ?
Bartek : Chacun d’entre nous écoute des styles de Metal légèrement différents. Bien sûr, nous partageons certains genres et groupes, mais nos “groupes préférés” personnels se recoupent rarement. Cela nous empêche de nous enfermer dans un seul sous-genre, c’est pourquoi il est difficile de nous cataloguer clairement.
Marcel : Nous avons tous nos influences, mais les miennes sont principalement Neurosis, Cult of Luna, Amenra et Oathbreaker. Ces groupes m’ont inspiré à jouer comme je le fais.

Quelle est ta chanson préférée sur Miejsce, które nazywam soba — ou peut-être celle qui a été la plus difficile à réaliser ?
Marcel : La chanson qui me touche le plus émotionnellement est Ton, même si ce n’est pas la plus entraînante. Si je devais choisir le morceau le plus “potentiellement populaire”, je dirais 1 – 4 – 8.
Bartek : J’ai toujours préféré le morceau qui s’appelait à l’origine Pies — maintenant Uwolnilem sie. Pourquoi cette chanson ? Elle est un peu différente — plus Punk, plus rapide. Un changement de rythme agréable.

Où trouvez-vous l’inspiration pour votre musique et vos paroles ? Y a-t-il un concept derrière Miejsce, które nazywam soba ?
Marcel : Toute émotion, bonne ou mauvaise, mérite d’être mise en musique. Les expériences et les difficultés quotidiennes nous inspirent. Miejsce, które nazywam soba (L’endroit que j’appelle moi-même) dit tout : ces chansons sont des “endroits” où nous pouvons nous défouler, exprimer notre frustration et purger nos sentiments lourds. C’est très apaisant.
Bartek : Dans la musique et dans les émotions qui nous entourent.

Pensez-vous avoir progressé en tant que musiciens et compositeurs sur ce nouvel album ?
Marcel : Absolument. J’espère que cela s’entend. Je ne me considère pas comme un grand guitariste, je joue ce que j’aime et ce dont j’ai besoin. Je ne cherche pas à atteindre un objectif particulier. Pour moi, l’émotion est toujours l’élément le plus important de la musique.
Bartek : J’ai du mal à me juger moi-même, mais j’entends souvent dire que nous avons progressé. Je mets généralement cela sur le compte de la production, car on ne peut pas tout juger uniquement à partir des enregistrements, mais nous avons également reçu des commentaires positifs après nos concerts, donc c’est peut-être vrai. En fin de compte, quelques pourcents de talent, le reste, c’est du travail acharné.

Miejsce, które nazywam soba est une sortie indépendante. Est-ce que rester indépendant était un choix conscient ? Seriez-vous ouverts à une collaboration avec un label ? Comment se passe la collaboration avec Filip Sarniak en ce qui concerne les relations presse ?
Marcel : Nous avons en fait réussi à rejoindre un label, DIY Kolo Records. Même si nous avons un label, nous voulons rester indépendants. Piotrek nous aide à faire connaître notre travail au monde entier ; il fait partie intégrante de tout cela et nous lui sommes très reconnaissants pour son travail. Quant à notre collaboration avec Filip, nous sommes heureux de l’avoir à nos côtés. “Indépendant” ne devrait pas signifier “ignoré”.
Eryk : L’album est sorti sous le label D.I.Y. Kolo Records, un label polonais DIY dirigé par Piotr Zajac. Nous sommes heureux de faire partie de cette famille ! Le label rassemble divers groupes underground de la scène Hardcore/Punk/Metal polonaise.
Bartek : Oui, l’album est sorti chez DIY Kolo Records. Quant aux grands labels, c’est difficile à dire. Ils peuvent aider, mais ils peuvent aussi vous limiter. Et à propos de Filip… Je ne m’étais pas rendu compte à quel point nous avions besoin de lui 🙂

Je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de voir Asteriæ en concert. Comment vivez-vous un concert de votre point de vue ? Avez-vous des rituels avant ou après les concerts ?
Marcel : Nous essayons de nous donner à 100 % tout en restant naturels. Je pense que les concerts sont notre point fort, c’est là que l’on peut vraiment voir qui nous sommes.
Eryk : Notre objectif est simplement d’apporter autant d’énergie que possible. Nous n’avons pas de rituels particuliers, nous montons simplement sur scène avec un objectif commun très fort : transmettre des émotions et faire bouger le public.
Bartek : Nos concerts ne sont pas chorégraphiés, il n’y a ni script ni routine. Chaque concert est un peu différent. Nous réfléchissons toujours à la manière de le rendre plus percutant. Par exemple, Marcel a eu l’idée de crier une partie de To? sans micro. Cela touche vraiment les gens, beaucoup disent que cela les émeut, surtout lorsque c’est utilisé comme chanson finale.

D’après ce que je sais, Asteriæ a surtout donné des concerts en Pologne. Comment avez-vous vécu ces expériences ? Aimeriez-vous en donner davantage, y compris en dehors de la Pologne ?
Marcel : Chaque concert est unique et tout aussi important. Nous sommes actuellement en pleine tournée de 9 concerts, et nous en avons déjà d’autres prévus pour le début de l’année prochaine. Quant à jouer à l’étranger, nous y travaillons et espérons que cela se concrétisera bientôt.
Bartek : Je pense que nous avons déjà donné une douzaine de concerts ensemble. Ils étaient tous très différents, sans aucune similitude. Parfois, nous arrivions et je me disais “bon, ça va ressembler à une répétition”… et puis je me rendais compte que j’avais complètement tort. Nous allons donner quelques concerts supplémentaires cette année, et j’espère vraiment que l’année prochaine nous permettra de jouer en dehors de la Pologne.

Quelle est la prochaine étape pour Asteriæ ? Musicalement, en live ou dans d’autres projets ?
Marcel : Nous avons des idées pour l’esthétique live et pour de nouveaux éléments sonores, nous voulons faire quelques expériences. Nous avons également quelques atouts dans notre manche, mais nous ne pouvons pas encore les dévoiler. Je vous recommande de nous suivre de près, le début de l’année 2026 pourrait réserver quelques surprises intéressantes.
Bartek : Je ne peux pas encore en dire beaucoup, mais je pense que notre son sera plus riche à l’avenir.

Connaissez-vous la scène Metal Française ? Y a-t-il des groupes français que vous appréciez ?
Bartek : Bien sûr — Gojira, Alcest, Landmvrks, Betraying the Martyrs… et probablement quelques autres. Je ne vérifie pas toujours d’où viennent les groupes.
Marcel : Birds in Row et Alcest. En fait, je connais plus de musique en français que de groupes strictement français.
Eryk : L’année dernière, nous avons joué au festival polonais Summer Dying Loud, où nous avons découvert d’excellents groupes français comme Cavalerie, Necrowretch et Aluk Todolo. Je suis moi-même français, donc je connais la scène pour y avoir vécu.

Y a-t-il des groupes avec lesquels vous aimeriez jouer ? Créez votre affiche de rêve avec Asteriæ et trois autres groupes, même si vos choix sont irréalistes.
Marcel : Si c’était une affiche de rêve, il faudrait ressusciter quelques cadavres, ça ferait un sacré festival. Les premiers groupes qui me viennent à l’esprit sont Cult of Luna, Deafheaven, Amenra, Nirvana. Sur la scène polonaise, j’aimerais jouer avec Dom Zly, Deszcz et, encore une fois, Hegemone, qui s’est malheureusement séparé.

Dernière question amusante : à quel plat compareriez-vous la musique d’Asteriæ ?
Bartek : Probablement à la pizza. J’aime la pizza. Tout le monde peut y trouver son compte.
Marcel : Bien sûr, la pizza — on peut y mettre n’importe quoi et c’est toujours bon. C’est l’essence même du Post-Metal !

Merci beaucoup pour votre temps et votre musique. Le mot de la fin vous appartient !
Marcel : Je suis reconnaissant que nous puissions échanger quelques mots ici. Cela signifie beaucoup pour nous que quelqu’un écoute ce que nous faisons et s’y identifie. Si notre musique aide ne serait-ce qu’une seule personne à surmonter une épreuve dans sa vie, alors je me sens comblé.
Bartek : Merci pour l’interview et l’intérêt que vous nous portez. Si vous êtes arrivés jusqu’à la fin, lancez la lecture sur le lecteur de musique. Peut-être nous reverrons-nous à travers les haut-parleurs.

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