Après un message envoyé via Facebook, nous avons eu la chance de pouvoir nous entretenir avec Zoltán « Zoli » Farkas, chanteur/guitariste, mais également fondateur d’Ektomorf, un groupe hongrois aux multiples influences. Entretien dans les loges de L’Empreinte, à Savigny-Le-Temple (77).
- Peux tu te présenter ainsi que le groupe ?
Je suis Zoli d’Ektomorf, on vient de Hongrie.
- Comment décrirais tu la musique d’Ektomorf à quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler avant ?
Je dirais que c’est du Groove Metal avec un peu de Thrash Metal et même quelques éléments de Death Metal. Une sorte de mélange.
- Qu’est ce que ça te fait d’être de retour en France ? Qu’est ce que tu penses des fans français en général ?
En fait, on a pas joué tant que ça en France, peut être quelques concerts, mais hier on a fait un concert énorme. Ce que je veux dire c’est qu’on jouait la bas pour la toute première fois et c’est comme si on y avait joué des dizaines de fois : les gens étaient fous ! Aussi sur la tournée de 2013, à Paris, c’était notre première fois là bas et les gens étaient tout aussi fous. Les français sont vraiment cools.
- Comment fonctionne le processus de création dans Ektomorf ?
J’écris les chansons. Généralement, je joue chez moi avec mon ordinateur portable, j’ai un logiciel sympa pour faire la guitare et un groove de batterie. Je mets les pistes ensemble et quand c’est fait je l’envoie au reste du groupe, on le joue ensemble en répète et c’est bon. C’est aussi simple.
- A propos du line-up, est ce qu’il y a eu des changements entre le premier album ?
Il y a eu quelques changements ouais. Mon frère jouait dans le groupe, comme bassiste, il y a… je ne sais plus exactement combien de temps mais c’était il y a un moment. Ensuite, mon guitariste a pris sa place en tant que bassiste et il est toujours là depuis. Ensuite, Róbert, notre batteur, est le plus jeune à être arrivé dans le groupe, il est là depuis cinq ans. Tamás est dans le groupe depuis huit ans, je crois. Et je suis la depuis toujours.
- Est-ce que tu penses que ces changements de line-up ont affecté le groupe en lui-même où ta motivation ?
Non, jamais. Un changement de line-up ne devrait jamais affecter quoi que ce soit à part… Tu sais, certaines choses se passent, si quelqu’un veut partir, qu’il parte. C’est notre avis, mais quand j’avais 14 ou 15 ans et que j’ai créé le groupe, ça faisait vraiment mal. Je voulais garder tout le monde parce que je pensais que ça durerait éternellement. Mais maintenant, je sais que ce n’est pas le cas. Bien sûr, j’ai 41 ans maintenant, et si un problème survient entre nous, on se pose et on en parle, c’est comme ça. On essaye de résoudre le problème parce qu’on veut rester ensemble parce que le line-up qu’on a actuellement est vraiment fort. Donc par le passé, le line-up a changé… Je n’ai jamais regretté.
- Vous avez fait une tournée acoustique en 2010, est-ce que les concerts étaient aussi intenses que ceux que vous faites d’habitude ? Est-ce que ça a été difficile de transposer la musique d’Ektomorf en acoustique ?
Je ne sais pas, j’ai simplement cette fièvre de l’acoustique, j’ai toujours adoré ça ! Je leur ai dit que j’allais faire un album, et j’ai demandé à ma maison de disques, ils m’ont répondu « T’es complètement taré ! », depuis que la musique d’Ektomorf ne se concentre plus simplement sur de la mélodie. Mais je voulais vraiment le faire, alors on l’a fait, on a fait quelques concerts comme ça, je pense trois ou quatre, et c’était tout. Depuis un moment, c’était dans la setlist et je jouais quelques chansons avec une guitare, mais pas plus. C’était juste une expérience, mais j’aime toujours ça. Je veux dire, jouer à la maison, et si tu regardes sur mon Facebook, je poste toujours des vidéos où je chante comme Lynyrd Skynyrd, comme « Simple Man » et des trucs dans le genre parce que j’aime ça, j’aime toujours ça. Mais je ne veux pas vraiment mettre ça dans Ektomorf parce qu’on fait un truc vraiment lourd, plus lourd qu’avant encore. Et je pense que c’est ce pourquoi Ektomorf est fait, et c’est pourquoi nos fans nous aiment autant.
- Pourquoi as tu choisi des guitares avec plus de six cordes, et pourquoi est-ce que vous vous accordez aussi bas ?
On joue sur des guitares huit cordes, j’ai essayé des sept cordes mais je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de différence entre six et sept, mais entre six et huit je la sens vraiment. Je ne suis pas un shredder, je ne pas vraiment shredder, je suis plus un guitariste rythmique et un compositeur. La raison pour laquelle on utilise plus de cordes sur nos guitares, c’est que quand tu t’accordes plus bas que la normale, le son est toujours juste. Parce que si tu accordes bas une guitare six cordes, tu vas commencer à perdre du son, ça va devenir vraiment sale. Mais les huit cordes sonnent toujours juste et énergiques. Mais tu sais, c’était un test sur trois où quatre mois pour savoir ce qui était meilleur : si on restait sur six où si on passait sur huit. Mais les huit cordes sonnent vraiment vraiment vraiment mieux ! Alors on est passé à huit. Et je ne pense pas revenir un jour aux six cordes.
- Est-ce que ça a été facile de convaincre Corpsegrinder de Cannibal Corpse de chanter avec toi sur le dernier album ?
On est potes (rires) ! Je ne pense pas qu’il le ferait pour n’importe qui aussi facilement : « Salut ! Je suis fan ! Est-ce que ça te dirait de faire une chanson avec moi ? ». Parce que tu sais, il est parmis les meilleurs chanteurs de Death Metal. On est amis depuis un bon moment et on s’est rencontrés à Budapest à un de leurs concerts, j’étais la pour les voir et j’ai dis : « Hé mec, pourquoi on ferait pas une chanson ensemble ? », alors il a dit « Ouais, allons y ! ». Je lui ai envoyé une démo et il a adoré. Tout a été super simple à part l’enregistrement qui a pris près d’un an. Tu sais, il était tout le temps en tournée, j’étais tout le temps en tournée… Ca n’a pas été facile de se rejoindre, mais avant qu’on enregistre l’album, ils jouaient encore à Budapest en été et on a enregistré la chanson dans leurs loges ! J’ai été là bas en voiture, j’ai pris mon ordinateur portable et un micro, et il a chanté. C’est un professionnel, ça a pris entre quinze et vingt minutes. Sa voix mec ! C’est comme un putain de tonnerre ! Je ne sais pas si tu l’as déjà rencontré, mais quand il parle, sa voix est comme la mienne, un peu brute, mais quand il commence à chanter mec… C’est un putain de tonnerre ! C’est tellement puissant ! Je l’ai ressenti, mon ordinateur était sur le canapé et je l’ai senti vibrer à cause de sa voix. C’est le meilleur. Et il est vraiment sympa !
- Pourquoi est-ce que c’était important pour toi de sortir une chanson appelée « Holocaust« , « en mémoire des 6 millions de victimes », comme tu l’as dis au début du clip ?
Je suis Gitan, mon père est Gitan et mon grand-père a failli être déporté à Auchwitz, et il a pu s’échapper. Mais ça a failli arriver, et il m’a raconté beaucoup d’histoires à ce propos. En fait, la toute première démo d’Ektomorf s’appelle « Holocaust« . Il n’y avait pas de paroles et je voulais lui donner un titre différent, comme « The Voices Of Holocaust » (« Les voix de l’Holocauste », ndlr), ou quelque chose en rapport avec Auchwitz, mais finalement je me suis dis « on va juste l’appeler Holocaust. » J’ai toujours été contre le racisme, toujours, alors cette chanson est importante pour moi. On a tourné le clip à Auchwitz. On a pas eu d’autorisation, ils ne voulaient pas nous laisser faire, donc on y est simplement allés et on a tourné à huit heures du matin. J’ai cru que peut-être ils allaient revenir vers nous et nous baiser la gueule, mais ils ne l’ont pas fait. Je pense que c’est parce que quand tu regardes cette vidéo, tu comprends que c’est en fait pour toutes les victimes, comme un souvenir.
- Vous venez de Hongrie, un pays que l’on ne connaît pas vraiment, comment est la scène Metal là bas ? Penses tu qu’un style de Metal domine la scène musicale hongroise ?
Tu peux trouver tous les styles de Metal là bas, du Black Metal, du Death Metal, du Punk-Rock, tout. Mais bien sûr, c’est un petit pays alors on a pas beaucoup d’endroits où jouer, en fait peut-être quelques villages ou villes et c’est tout. Il y a quelques bons groupes, et particulièrement un gros groupe qui joue dans des stades, ils sont plus orienté Punk-Rock. On fait partie de ce milieu depuis 1999, on devait faire quelque chose parce que j’ai vu que ce cercle se réduisait de plus en plus, et Dieu merci, on l’a fait.
- Quel est le line-up avec lequel tu rêverais de partir en tournée ?
Une sorte de groupe imaginaire, avec les membres ? C’est difficile, mec ! (Rires) Je ne sais pas… J’adore Slayer, c’est certain… Mais j’adore Metallica, alors c’est compliqué de choisir un frontman. Bon, ça donnerait quelque chose comme… Kerry King jouerait de la guitare, et Georges « Corpsegrinder » chanterait. Roy Mayorga serait à la batterie, comme à l’époque de Soulfly. Et à la basse… (Szabi Murvai, le bassiste d’Ektomorf agite la main derrière nous pour que Zoltán le remarque, ce qui fait rire tout le monde). Paul Gray de Slipknot, qui est décédé. Ce serait mon line-up !
- Ce serait vraiment épique !
Et il nous faut un autre guitariste aussi ! (Darren, guitariste d’XtortYa lève la main, ce qui fait une fois encore rire tout le monde) Toi ? (Darren: « Ouais ! ») Alors… James Hetfield, comme ça il pourrait chanter aussi, certains passages, parce que pour moi Georges c’est… Mais ils pourraient chanter ensemble !
- Préfères tu un solo épique ou une rythmique imposante ?
Je suis plutôt rythmique comme mec, alors je préfère une chanson, même avec un solo sympa, que tu écoutes et qui te reste en tête pendant des mois ! Et tu t’en souviens pour toujours. Mais j’aime aussi les solos sympa. Si il y en a un, pour moi il doit être court et vraiment marquant, il doit rester en tête. Les gros shreds, sans raison sont juste la pour montrer que je sais jouer vite et bien… C’est pas mon truc.
- Quel est le premier morceau de Metal que tu aies écouté ?
La première chanson de Metal ? C’était « Metal Heart » d’Accept. C’était la première… Ces enfoirés (probablement le reste du groupe, ndlr) continuent de se foutre de moi ! Je trouve que c’est une chanson cool, et tout l’album est bien !
- Pourquoi joues-tu du Metal ?
Je ne peux pas l’expliquer mec… C’est dans ma nature, c’est ce qui m’attire le plus et je pense que cette musique représente ma personnalité.
- Quand est-ce que tu as décidé que tu voulais jouer du Metal en tant que musicien professionnel ?
Je pense que j’avais quatorze ans, et j’en ai maintenant quarante et un… Tu vois, des gens disent qu’avec le temps, tu vas murir et que tu diras « C’était cool en étant petit ! », mais je veux conserver ça pour toujours, c’est dans mes veines !
- On espère que ça durera éternellement ! Ensuite, quelle est la chose la plus dingue qu’un fan ait fait pour toi ?
Il y en a pas mal, en fait pour moi, même rien que quand ils restent à côté du bus, quand je descends du bus et qu’il y a quelques fans avec des CD à signer et qu’il fait super froid dehors mais qu’ils sont restés, je trouve que nos fans sont géniaux… Mais tu sais, quand ils se font le symbole d’Ektomorf sur la peau, en se faisant tatouer… Ou quelqu’un qui est venu me voir en me demandant de lui signer l’épaule, c’était un mec, il a dit « Je vais me le faire tatouer ! », je ne le croyais pas vraiment, mais il l’a fait putain ! Et il n’y en a pas qu’un seul, il y en a plein d’autres comme lui ! Pour moi, tout ce que font les fans pour nous, acheter les CD, regarder les vidéos, venir aux concerts, soutenir les groupes. Sans les fans, on serait finis, on pourrait jouer dans nos chambres pour nous-mêmes. Tout ce qu’ils font est une preuve de leur soutien, mais ce qui me fait vibrer, ce sont les tatouages. Il y avait un mec en Allemagne, qui avait un portrait de moi avec deux guitares sur sa jambe et c’était comme un tableau, je lui ai dis « Putain mec, c’est énorme ! ». J’aime tous nos fans.
- Dernière question, quel est ton dernier coup de cœur musical ? Un groupe que tu nous recommandes ?
Un nouveau groupe ? Eh bien… C’est compliqué parce qu’en fait, c’est difficile à dire mais je n’arrive pas vraiment écouter de nouveaux groupes. J’adorerais et je suis tout le temps en train de chercher de nouvelles choses, mais je ne trouve pas ce petit truc si spécial que je retrouve dans les vieux groupes. C’était Suicide Silence pendant un moment, pour moi. Je les aime parce que leur son est vraiment lourd, mais leur dernier album… tu dois l’écouter beaucoup de fois pour l’accepter. Mais pour les nouveaux groupes, je ne peux en donner aucun pour le moment.
- Quelques mots en hongrois pour conclure ?
(Tous les musiciens disent des choses en hongrois et rient) N’écoutez pas ces enfoirés ! Je dirais « K?szi szépen hogy j?ttetek és k?szi Szuportot ». Ca veut dire « Merci beaucoup d’être venus et merci de votre soutien » !