Faisons un bond dans le passé. Obituary est l’un des premiers groupes d’un style qui sera plus tard nommé Death Metal.
Si le groupe se forme en 1984 sous le nom d’Executionner, il changera pour Xecutionner en 1986 avant d’opter pour Obituary en 1988. Ils sortent dès lors leur premier album l’année suivante, et c’est le début d’une aventure qui, malgré une pause entre 1997 et 2003, les a conduit à sortir leur dixième album l’an passé. Si les frères Donald (batterie) et John Tardy (chant) sont les fondateurs du projet, ils ne sont pas les seuls à être restés depuis le début. En effet, Trevor Peres (guitare) les accompagne depuis les premiers riffs. Mais les américains peuvent compter sur un line-up solide qui est complété par Terry Butler (basse, ex-Six Feet Under, ex-Gruesome, ex-Death) et Kenny Andrews (guitare) depuis quelques années déjà. Revenons sur leur deuxième tuerie, Cause Of Death, sorti en 1990. Enregistré avec Frank Watkins à la basse (décédé en 2015) et James Murphy à la guitare aux côtés de Trevor, il n’a fait que confirmer à l’époque que le Death Metal a un grand avenir devant lui.
On démarre sur Infected et son sample angoissant qui met en place une ambiance sombre dès le début. Les premiers riffs sont gras, lourds et oppressants, mais soudain la rythmique démarre en trombe. Les blasts surgissent en même temps que les hurlements de John. Sous toute cette violence, on remarque une dextérité des musiciens, qui alignent parties leads avec rythmique puissante, en calant même un petit solo. On découvre un growl caverneux sur Body Bag, qui résonne longtemps après que les guitares n’aient commencé leur office. La rythmique se simplifie, mais le groupe propose des riffs toujours aussi puissants, et plutôt novateurs pour l’époque. Le mixage était plutôt réussi, laissant chaque instrument à sa place, même lors des parties plus rapides qui auraient pu être chaotiques. Toujours présente sur les récentes setlists du groupe, Chopped In Half a su convaincre un public qui découvrait le Death Metal grâce à une rythmique entraînante et un chant hurlé qui reste en tête longtemps après.
On repart sur une composition un peu plus rapide avec Circle Of The Tyrants, une reprise de Celtic Frost, qui n’a pas pris une ride, et qui incitera très facilement à un petit headbang de par ses riffs facilement mémorisables, mais c’est surtout Dying, un autre titre que le groupe joue souvent, que le public retiendra. A nouveau, la recette d’Obituary fait mouche. Une rythmique massive frappe de plein fouet l’auditeur, qui n’a d’autre choix que d’adhérer à ce titre quasi instrumental. Le rugissement de John n’interviendra qu’en fin de parcours pour quelques phrases, mais qui subliment une rythmique légendaire. Sur Find The Arise, on ne trouve également que très peu de chant. Un sampler de craquements de tonnerre lance l’assaut, et les seules phrases hurlées par John Tardy se joignent aux riffs sanglants. Les musiciens continueront seuls jusqu’à la fin, juste avant que John ne revienne, et lance Cause Of Death, le titre éponyme. Le chant occupe une place plus importante que sur les deux titres précédents, mais la créativité des musiciens est largement exploitée. Les grands coups d’harmoniques donnent à la groupe cet aspect qu’ils ont su conserver jusqu’à aujourd’hui.
Une accélération bienvenue mettra le feu à vos enceintes avec Memories Remain et un son saccadé au possible qui vient parfois flirter avec des tonalités angoissantes pour profiter des hurlements bestiaux. La rythmique devient plus lourde, mais c’est une partie lead tranchante qui terminera ce titre avant le dernier morceau. Intitulé Turned Inside Out, il est également présent lors de bon nombres de concerts, et on comprend pourquoi. Le groupe a attendu la fin de l’album pour nous dévoiler le titre le plus accrocheur, et qui alterne entre rythmique technique et passages lourds, le tout sous quelques hurlements puissants. Une bien belle surprise.
Ce n’est pas pour rien qu’Obituary est considéré comme faisant partie des pionniers d’un style qui ne se démode pas, mais également comme un des groupes les plus influents du genre. Avec cet album, ils ont prouvé que leur son était unique, malgré le peu de groupes de Death Metal de l’époque, mais également de qualité, qu’ils n’ont d’ailleurs jamais perdu avec les années. Même sur scène et du haut de leurs presque cinquante ans, les américains donnent tout ce qu’ils ont et chaque concert est un régal.
95/100