Alors que je pensais être presque en retard devant le Glazart pour assister à la venue d’Uada, accompagnés par leurs confrères Alda, mais aussi des locaux de Griffon et des suédois Anguish, je me rends compte que je suis seul devant la salle.
Mon dos me fait toujours souffrir, mais qu’importe. Peu après m’être fait appeler “sheitan” par un passant qui n’écoute visiblement pas cette douce musique, je croise Jake, chanteur/guitariste d’Uada avec qui je discute quelques minutes. Ce n’est qu’à 17h40, soit vingt minutes avant l’heure prévue d’ouverture des portes, que j’aperçois enfin un confrère. Finalement, une petite file d’attente se forme devant la salle, et nous pénétrons dans la cour pour profiter de l’happy hour vers 18h30.
Anguish est le premier groupe à monter sur scène. Les suédois ne perdent pas de temps, car il y a malheureusement quelques minutes de retard. Si l’introduction rate une première fois, ça valait réellement le coup d’attendre. Le groupe nous envoie un Doom aux accents Black macabre qui met la pièce entière en transe. Si David (guitare) semble littéralement possédé, Linus Oljemark (guitare lead) est plus calme, et se contente de se laisser pénétrer par la musique comme nous tous. Derrière les fûts, Rasmus abat consciencieusement ses baguettes, alors que J.Dee (basse/chant) n’hésite pas à poser un peu sur les retours pour permettre à la foule d’admirer son instrument après qu’il ait terminé de chanter. Malgré le peu de monde dans la salle, tous contemplent ce show qui semble irréel. La gestuelle lente mais intense des musiciens doublée de la lumière puissante nous aide à rentrer dans leur univers mélancolique. Alors que les musiciens alignent leurs riffs emplis d’une tristesse sans nom, quelques spectateurs se mettent à headbanguer lentement, suivant la rythmique imposée par les musiciens. L’infernal chant de J.Dee est un véritable atout pour le groupe, et il restera aussi massif du début du set jusqu’à sa fin, que je juge arriver un peu trop rapidement. Les musiciens font donc un dernier effort pour finalement nous laisser après une excellente entrée en matière.
Setlist : The Woven Shield – Elysian Fields of Fire – Requiescat In Pace – Dawn of Doom
Les musiciens de Griffon, déjà maquillés avec du noir sur le visage, s’installent en hâte et règlent leurs instruments. En effet, ils n’avaient malheureusement pas eu le temps de faire des balances correctes avant l’ouverture des portes, et ces réglages devront se faire en live. Si le début du premier titre est un peu brouillon, le son se bonifiera tout au long du set. De chaque côté de la scène, Sinaï et Antoine (guitares) enchaînent les harmoniques en headbanguant légèrement pendant que Dino (basse) et Kryos (batterie) imposent une rythmique très carrée. Au centre, Aharon (chant) fait en sorte d’attirer les regards, en bougeant en quasi-permanence lorsqu’il chante. L’homme s’avance sur le devant de la scène pour haranguer les premiers rangs lorsque ses camarades placent des parties rythmiques. Après la fin du titre, les musiciens demandent des réglages supplémentaires puis enchaînent avec L’Arbre Blanc, tout en continuant leur manège scénique. Si les guitaristes bougent un peu plus, ils n’hésitent plus à s’avancer au plus près des spectateurs voir à poser un pied sur le retour en jouant. Très visuel, le show prend forme. Quelques samples placés entre les titres lui donnent une ambiance presque mystique, et les guitaristes aident Aharon au chant. Très investi, le chanteur pousse sa voix pour donner vie aux chansons du groupe, et même s’il chante en français, ce qui d’habitude me rebute, leur Black Metal brut me séduit. Avant le dernier titre, le frontman prend la parole pour remercier le public, puis tous entament Tout Est Accompli, qui fédère à nouveau le public. Sur scène comme dans la fosse, tous headbanguent en rythme, et la fin du titre sera marquée par les frappes d’Aharon sur une sorte de tambour de guerre, renforçant l’aspect primitif et rituel de leur concert.
Setlist : Souviens Toi, Karbala – L’Arbre Blanc – Si Rome Vient À Périr – La Cité Est Perdue – Tout Est Accompli
Alors que Griffon remballe son matériel à la hâte, c’est Alda qui s’installe pour une prestation visiblement assez attendue. Les trois musiciens s’installent sur le devant de la scène, et Michael Korchonnoff (batterie) derrière son kit. Ils lancent alors l’assaut avec un Black Metal aux tonalités atmosphériques qui emplit l’espace aussi bien qu’eux emplissent leur espace de jeu. En plein milieu, Stephanie Knittle (basse) headbangue en suivant les frappes de son camarade, pendant que les deux guitaristes (je ne sais pas si Timothy Brown et Jace Burton sont tous les deux présents ou bien si l’un d’entre eux a été remplacé par Vines, leur guitariste live) se répartissent la rythmique et les harmoniques plus planantes. Flirtant avec un Post-Black, les compositions du groupe sont assez magiques, et leurs outros qui me rappellent une ambiance rituelle que les lumières illustrent parfaitement. Le groupe entier se donne à fond, et l’intensité de leur show est rapidement transmise au public, qui ne tarde pas à headbanguer avec eux. Leurs longs titres que je regrette de ne pas avoir connu plus tôt résonnent, et les hurlements de Michael sont parfaits, malgré les efforts que l’homme fait en frappant sans relâche sur sa batterie. Quelques samples d’ambiances sont également présents pour nous garder captifs de leur univers sombre. Soudain, le show s’arrête, avec la sensation pour tous qu’il est passé en une fraction de seconde, alors que les musiciens rangent déjà leur matériel. Bluffant.
Setlist : The Clearcut – Tearing of the Weave – Adrift – In the Wake of an Iron Wind
Les musiciens sont déjà prêts, et le changement de plateau se fait rapidement. Les musiciens d’Uada testent leur matériel, leur capuches rabattues sur le visage. Pas besoin de voir leur visage pour savoir qu’ils sont prêts à en découdre. Et quand les lumières s’éteignent, le groupe tout entier entre à nouveau en scène. Brent Boutte (batterie) s’installe silencieusement sur son tabouret, pendant qu’Edward Halpin (basse), James Sloan (guitare) et Jake Superchi, le poing tendu en l’air, (chant/guitare) se regroupent autour de la batterie, dos à nous. D’un coup, le show commence et les musiciens commencent à jouer en se ruant vers nous. Edward et James s’avancent, un pied sur le retour, alors que Jake se place derrière son pied de micro pour headbanguer en jouant une rythmique malsaine mais perçante. Le mixage soigné nous laisse entendre chaque note, et surtout la basse, dont le son est parfaitement souligné dans les compositions du groupe. Chacun leur tour, les membres se placent en avant sur la scène, tout en bougeant comme s’ils étaient possédés. Le chant de Jake retentit alors dans toute la salle, créant des vagues de headbang qui collent parfaitement avec la tornade mélodique qui fend l’air devant nous. Si le jeu de scène des musiciens ne changera pas tout au long de leur heure de set, il est réellement captivant, et il donne l’impression que les instruments des américains sont littéralement hantés, et qu’eux sont contraints de leur obéir pendant ce rituel sombre. Par moment, la fosse tente de bouger un peu, mais les quelques spectateurs qui auraient eu envie de se rentrer dedans sont rapidement arrêtés par les autres et se contentent finalement de headbanguer frénétiquement comme le reste de l’assemblée, sous la musique hypnotique des américains. Pas un mot n’est échangé entre deux titres, tous s’emboîtent à la perfection, et le groupe quitte la scène sous les acclamations à la fin de leur heure de jeu.
Setlist: Natus Eclipsm – Snakes & Vultures – Devoid of Light – The Purging Fire – Cult of a Dying Sun – Black Autumn, White Spring.
Toute la pression retombe, et j’en profite pour passer au stand de merchandising. Certains membres sont présents, et discutent avec une bière à la main. Je prends la direction du tramway, mais je ne suis pas encore tout à fait sorti de cette transe. Si Anguish m’a hypnotisé dès le début avec son Doom sombre, Griffon a relancé la machine à grand coups d’un Black Metal d’excellente facture, avant qu’Alda ne nous tombe dessus grâce à leurs sonorités planantes. Le coup de grâce a été donné par Uada et leur prestation à couper le souffle, et je vous confirme mon impression du Motocultor : ces gars là iront loin, très loin ! Merci à Ondes Noires pour cette date exceptionnelle.