Interview: Vaerohn – Pensées Nocturnes

Interview réalisée par mail
Merci à Les Acteurs De L’Ombre

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Bonjour à toi et merci de prendre un peu de ton temps pour répondre à mes questions. Comment décrirais tu le concept de Pensées Nocturnes à quelqu’un qui ne vous connaît pas ? Pourrais-tu nous décrire l’histoire de ta création, Pensées Nocturnes ?
Vaerohn (tous instruments et chant) : Débuté en 2008, Pensées Nocturnes est initialement un projet solo. Ce n’est qu’en 2017 que d’autres membres ont rejoint le projet pour les lives, le studio restant pour le moment un travail majoritairement solitaire. Le projet s’autorise toutes les libertés possibles et imaginables pour peu qu’une matière cohérente et logique résulte de ce travail. De nombreux instruments et des influences diverses sont ainsi employés pour obtenir des effets relativement exotiques pour une musique ayant pour racine le Black Metal. La dernière sortie, Grand Guignol Orchestra, est le 6ème album de Pensées Nocturnes et développe une ambiance de cirque maudit.

Vaerohn tu es le seul maître à penser du groupe, pourquoi avoir choisi de composer seul ? Est-ce que ce n’est pas trop difficile à gérer ou est-ce que tu préfères justement cette totale liberté ?
Vaerohn
: En studio la structure du one man band est à mon sens indispensable ne serait-ce que pour les instruments utilisés : comment se prétendre innovateur en se limitant à deux guitares et une basse ? L’absence de line up en studio permet de se libérer d’une structure clairement définie et immuable.
La composition reste donc pour le moment un effort solitaire et c’est ensuite un gros travail de réécriture qui permet l’adaptation pour le live. Cette démarche permet de ne pas compromettre la composition en raison de l’évolution live car c’est à mon sens ce qui castre aujourd’hui toutes les formations classiques et aseptise les tonnes de productions pondues tous les jours. Vouloir se cantonner à composer pour le live stérilise la créativité et invite beaucoup trop à se vautrer dans la facilité pour pouvoir être digne d’écoute. Il est largement préférable de travailler à retranscrire une compo injouable, d’autant que l’exercice est rendu assez excitant lorsque les musiciens sont prompts à improviser

Motocultor - Pensées Nocturnes - 21

Tu as fait tes débuts en live en 2017, comment as tu choisi les musiciens qui t’accompagnent sur scène ?
Vaerohn : Le recrutement s’est déroulé relativement naturellement car ce sont tous des connaissances très proches ce qui permet de déboucher sur ce côté naturel de jouer ensemble. Il y a une bonne vie dans le groupe et c’est le plus important. En complément ce sont tous des tueurs dans leur domaine ce qui facilite grandement la tâche, notamment pour les grosses parts d’impro en live, il faut que ça vive, que ça soit naturel. Il m’aurait été impossible d’imaginer jouer au clic avec énormément de samples, on a plutôt pris le parti de déshabiller les morceaux mais de ne conserver que de vrais instruments pour obtenir cet aspect vivant. Le public le ressent et ça marche vraiment très bien.

Le groupe a déjà joué une dizaine de fois sur scène (dont au Hellfest en 2018 et au Motocultor cette année), que retires-tu de ces expériences ?
Vaerohn :
A ce jour le compte est bien supérieur à 10 ! La mise au point a pris énormément de temps, mais notre petit spectacle tourne maintenant très bien. Nous évoluons néanmoins à chaque show. Les idées viennent, nous n’avons de cesse de chercher du nouveau, de développer d’autres pistes que cela soit scéniquement, musicalement ou en terme de mise en scène. Nous n’avons pas dans l’idée de nous reposer sur nos lauriers, et chaque show à venir sera une expérience nouvelle.

L’univers de Pensées Nocturnes combine le cirque, l’horreur, la folie et la culture française, comment arrives tu à assembler tous ces univers ? Quelles sont d’ailleurs tes principales sources d’inspiration, à la fois pour les paroles et la musique ?
Vaerohn : L’écriture des paroles est un élément qui prédomine la réflexion, avant même le démarrage de la composition. L’ambiance générale et les enchaînements suivent sa logique. Au-delà des multiples jeux de mots qui nécessitent une créativité de tous les instants, c’est la direction générale des morceaux qu’il convient de développer. L’écriture en français est en ce sens primordiale pour moi afin de s’autoriser le maximum de liberté et la maîtrise totale du procédé.
Musicalement parlant tout y passe n terme d’écoute : Classique, Black Metal dans toutes ses formes, Death, Blues, Jazz, Post-Rock, Variété, cabaret,… Difficile donc d’identifier une inspiration bien claire.
En terme d’écriture il s’agit surtout d’un travail de tous les instants, tout élément de mon entourage peut être source d’inspiration d’idées, de jeu de mot, de concept. Il s’agit dès lors d’être suffisamment organiser pour noter ce type de détails et les travailler ensuite.

Grand Guignol Orchestra, le dernier album de Pensées Nocturnes, est sorti il y a quelques mois, et il a été très bien accueilli par la critique. Est-ce que tu t’attendais à un tel retour ?
Vaerohn : Mon peu de respect pour la « critique » est de notoriété publique et j’ai un recul énorme et clairement désabusé face à ce qu’elle peut produire. Néanmoins je savais avec Grand Guignol Orchestra avoir produit pour la première fois pour Pensées Nocturnes un album totalement mesuré, contrôlé et finalisé de bout en bout, dans son intégralité. C’est une entité dont je suis encore fier plus de 6 mois après sa sortie ce qui n’était jamais arrivé jusqu’alors. C’est la seule critique qui m’importe.

L’artwork est signé Cäme Roy de Rat, avec qui tu as déjà collaboré pour les deux opus précédents, comment se passent les échanges pour aboutir à un résultat qui te plaît ?
Vaerohn : Grand Guignol Orchestra est en effet notre 3ème collaboration puisqu’il a déjà réalisé l’artwork de Nom d’une Pipe! Et celui de A Boire et A Manger. Nous parvenons à travailler en véritable osmose car Cäme a cette capacité à s’intégrer dans le projet en s’imprégnant des particularités de chaque album. Il parvient à intégrer les idées et directions que je lui donne tout en conservant son style. L’idée du clown accueillant le spectateur devant le chapiteau est mon idée après plusieurs essais infructueux. Cette proposition a immédiatement résonné dans la tête de Cäme et c’était dès lors réglé.
Il est à l’initiative d’énormément de détails intérieurs très percutants et parfois de jeux de mots également.

Un petit mot sur la scène Black Metal française ?
Vaerohn : « Non »

La collaboration entre Les Acteurs De L’Ombre et Pensées Nocturnes date littéralement depuis le début de vos aventures respectives, tu as du coup pu voir le label évoluer. Quel est ton ressenti sur cette évolution ?
Vaerohn : Les deux premiers albums de Pensées Nocturnes sont en effet les deux premières sorties des acteurs de l’ombre. Nous en gardons un très bon souvenir et j’estime pour ma part que LADLO a été un très excellent tremplin pour Pensées Nocturnes. L’énergie que le fondateur, Gérald (Gérald Milani, NDLR), y a dépensé n’aurait pu être trouvé nulle part ailleurs.
Depuis le label a beaucoup évolué, avec de nombreuses nouvelles têtes et surtout une orientation musicale très tournée vers l’ère du temps, là où Pensées Nocturnes garde la tête tourné vers l’arrière. Nos avis divergent donc en de nombreux points mais nous entretenons toujours une relation d’amitié et de confiance certaine.

Motocultor - Pensées Nocturnes - 15

Quel est ton meilleur et ton pire souvenir de scène ?
Vaerohn : Pour le meilleur je pense à notre première participation au festival de Beltane en 2017. Nous y avons joué en dernier, personne ne nous attendait et la surprise de l’auditoire a engendré une sorte d’euphorie générale sous la grange ! C’était vraiment très prenant.
Pour le pire, je pense à une soirée relativement arrosée pour certains membres du groupe, mais avant de monter sur scène. Je ne mentionnerai pas la date par respect pour le public qui ne semble pas avoir compris notre douleur ce soir là.

Quel est le premier morceau de Metal que tu aies écouté ? Et celui qui t’a dit « c’est ça que je veux faire ! » ?
Vaerohn : Le premier morceau qui m’a donné le déclic de m’intéresser au Metal Extrême est un morceau de Kronos sur une veille compile Metallian il doit y avoir 15 ans…
Le groupe qui m’a ouvert l’esprit sur le fait d’ouvrir les horizons du Black Metal sont les canadiens d’Unexpect. Enfin, celui qui m’a clairement permis d’assumer l’orientation cirque de Pensées Nocturnes s’appelle Circus Contraption.

Question d’imagination maintenant : je te laisse créer une tournée avec 3 groupes pour lesquels tu rêverais d’ouvrir avec Pensées Nocturnes !
Vaerohn : Circus Contraption, Diapsiquir et Unexpect. Uniquement des groupes qui n’évoluent plus live en somme…

Est-ce que tu as un coup de cœur musical en ce moment ? Ou un groupe que tu viendrais de découvrir ?
Vaerohn : Five The Hierophant avec qui nous partageons 3 dates en Scandinavie est vraiment un groupe à suivre de prêt !

Dernière question : quel est ton secret pour avoir une barbe en pleine santé ?
Vaerohn
: Un peu de blanc de clown et de rouge à lèvre rouge de temps à autre !

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