L’épopée de Manticora s’apprête à prendre fin.
To Live to Kill to Live, le neuvième album du groupe, reprend là où son prédécesseur s’était arrêté. Toujours guidés par le récit de leur livre, Lars F. Larsen (chant, ex-Fear Itself), Kristian H. Larsen (guitare, ex-Fear Itself), Kasper Gram (basse, Killing Gandhi), Stefan Johansson (guitare) et Lawrence Dinamarca (batterie, Loch Vostok, Carnal Forge, ex-Nightrage) reprennent les armes en notre compagnie, aidés par des membres de Allegiance Reign, Defacing God et Withering Surface.
Deux ans seulement séparent les deux productions, et bien que la dernière soit de grande qualité, j’ai l’impression que le groupe a énormément mûri entre ces deux albums. Katana – The Moths And The Dragonflies – Katana – Mud, le titre introductif et ses quatorze minutes en témoigne. Les sonorités épiques qui piochent dans le Power, le Speed et le Metal Progressif sont intenses, et on se laisse facilement prendre dans cette aventure. Rage, finesse, technicité, mélancolie, douceur… le groupe nous fait vivre toutes leurs émotions. Le chant clair laisse parfois place à des hurlements bestiaux, et le blast beat offre un parfait tremplin pour des leads endiablés. To Nanjing nous permet de reprendre nos esprits tout en conservant cet esprit de voyage, puis c’est The Farmer’s Tale Pt 3 – Eaten By The Beasts qui prend la suite. Entre violence et maîtrise de l’atmosphère changeante, le groupe nous conte avec conviction son histoire, qui mène à la lourde et mystérieuse Slaughter in the Desert Room. Les orchestrations et le chant féminin donnent une autre dimension à ce combat qui fait rage, et dont l’intensité ne retombera pas à la fin.
Through the Eyes of the Killer – Filing Teeth conserve cette dimension imposante avec un jeu de batterie puissant lors de l’introduction, mais c’est un aspect plus calme et tout aussi captivant de leur son que le groupe met en lumière avant Katana – Death of the Meaning of Life. Vous l’aurez compris, si le son est tranchant, il est aussi épique et tragique. Une interprétation de la dualité sonore qui habite Manticora. On enchaîne avec Tasered – Ice Cage, un titre à la guitare lead hypnotique et à la rythmique capable d’être aussi imposante que les breaks ne sont majestueux. Le titre alterne entre énergie et calme, mais Goodbye Tina viendra briser totalement le rythme. Inutile d’être devin pour comprendre que la mélancolie habite cette Power ballad, mais il est également aisé de comprendre que nous nous trouvons en plein milieu d’un passage clé de l’histoire, puisque Tasered – Removal prend la suite avec un groove entraînant et une rage perceptible. La fureur est revenue habiter les musiciens, et leur maîtrise leur permet de nous le faire ressentir. Après une partie lead finale, Stalin Strikes, une courte composition instrumentale, fait son apparition. Faite de suspens et de sonorités captivantes, elle nous ouvre les portes de Ten Thousand Cold Nights, un long discours. Et à celui-ci succède Katana – Beheaded, le dernier morceau. Tout final se doit d’être imposant, mais celui-ci est tout bonnement dantesque. Aucun instrument n’est oublié, et le vocaliste nous prouve à nouveau son talent tout en laissant les musiciens s’exprimer.
Entre leur base Prog et ces influences épiques violentes, Manticora parvient à terminer leur récit. To Live to Kill to Live met en beauté le point final à une quête épique et longue de deux albums. Bien que la meilleure façon de comprendre toute la progression soit de lire le livre et d’écouter les deux albums à la suite, vous pouvez également savourer seul ce trésor de la discographie du groupe.
90/100