Interview : Mors Subita

Juste après la sortie d’Extinction Era, le quatrième album de Mors Subita, j’ai eu le plaisir de poser quelques questions à Mika Lammassaari, guitariste et fondateur du groupe.

Chronique d’Extinction Era

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Bonjour et tout d’abord merci beaucoup pour ton temps ! Pourrais-tu te présenter ainsi que Mors Subita pour quelqu’un qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Mika Lammassaari (guitare) : Le plaisir est pour moi. Je suis Mika Lammassaari, guitariste, compositeur et membre fondateur de Mors Subita. Nous venons du Nord de la Finlande et nous jouons un superbe Death Metal Mélodique brutal. Le groupe existe depuis près de vingt ans et c’est comme si on venait juste de débuter.

Extinction Era, le quatrième album du groupe, vient juste de sortir. Comment vous vous sentez par rapport à cet album ? Quels sont les retours ?
Mika : Les retours sont massivement bons jusqu’ici. Nous sommes très satisfaits du rendu et nous pensons avoir fait un album très puissant.

Quelle est l’histoire de cet album ? Comment s’est passé le processus de composition ? Est-ce qu’il est différent du processus que vous aviez au début ?
Mika : L’histoire est plutôt simple, nous voulions repousser nos limites sur tous les plans, au niveau de la mélodie, la vitesse, la brutalité, etc… et je pense que nous avons réussi. Les paroles sont plutôt sombres, et parlent beaucoup de dépression par exemple, et d’autres soucis personnels. Il y a toujours de l’espoir dans quelques parties, donc l’équilibre est réussi également. Je pense que notre album sonne un peu plus comme une mixture de notre 2e et 3e album avec aussi d’autres éléments.
Les compositions sont habituellement créées tard la nuit dans mon studio à la maison. Parfois le processus est facile, parfois le titre prend 5 ou 6 versions avant sa forme finale. J’ai tendance à ne pas être facilement satisfait, il faut qu’il y ait des frissons ou des émotions fortes connectées à la composition pour qu’elle soit prête.
L’inspiration a été rapide à venir cette fois, il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées pendant les dernières années qui me sont venues d’une certaine manière en tête. Il y a aussi un peu de l’aspect sombre de ces expériences, qui peuvent être trouvées sur mon prochain album solo, Obligatory Human Destruction.

Le groupe a débuté il y a plus de vingt ans. En tant que le leader du groupe, à part les changements de line-up, quels ont été les principaux changements que tu aies remarqués ?
Mika : Nous ne nous prenons plus autant au sérieux qu’avant. Bien sûr, nous sommes sérieux à propos de la musique, mais tout ce qui va autour plus autant. Je veux seulement écrire des bons morceaux, et quelque chose que je peux apprécier écouter moi-même. Nous ne nous soucions pas de ce que les gens pensent de nous ou de notre musique, de comment on devrait changer pour gagner en popularité, nous faisons juste notre truc et c’est tout. Succès ou non, j’écrirais toujours ma musique.

Quelle est la relation entre l’artwork et la musique que vous jouez dans Extinction Era ?
Mika : C’est l’idée de notre graphiste Nikos Stavridakis. Je pense que ça capture l’essence des paroles les plus sombres, les soucis de santé mentale, la haine, le manque de compassion, etc… et la violence de la musique.

J’ai remarqué que la plupart de vos morceaux sont très vifs, mais il y en a également qui sont plus calmes, comme Farewell sur ce nouvel album. Comment faites vous en sorte d’infuser votre musique avec de la rage ou de la quiétude ?
Mika : Simplement, il doit y avoir un équilibre. Si pars à fond pendant 40 minutes sur tout l’album, c’est comme un gros morceau d’ennui, il faut qu’il y ait des dynamiques sur l’album. Si tu as un morceau calme et plein d’émotions qui est suivi par un énorme blast Grindcore, ça va conserver l’intérêt. En tout cas cet album a été créé pour faire cette chose précisément.


Quelles sont tes principales sources d’inspiration pour créer de la musique ? Est-ce que tes expériences de groupes précédentes t’ont aidé dans cette aventure musicale ?
Mika : Eh bien, je pense que j’écris de la musique lorsque je ressens quelque chose qui vaut la peine d’écrire dessus. Nous les finnois sommes connus pour être plutôt introvertis et calmes. Nous gardons facilement les choses pour nous. Donc la musique est un très bon portail pour laisser notre esprit parler. Dans un sens, ça m’aide à m’éclaircir l’esprit et ça fonctionne comme une sorte de médecine.

Le groupe a récemment accueilli Juho Näppä à la guitare après qu’il ait été membre live pendant deux ans, pensez vous que le groupe a fait un pas en avant ?
Mika : Bien sûr, Juho a apporté beaucoup d’énergie nouvelle au groupe et il est une figure plutôt forte sur scène et en dehors. C’est d’habitude un travail compliqué de trouver la bonne personne qui colle au groupe, c’est très prenant pour être honnête, d’être membre d’un groupe. Juho est un véritable bourreau de travail prêt à se donner à 100% pour le groupe, et également un tueur à la guitare, en plus d’être un mec très cool en général. Donc c’est vraiment un des avantages du groupe de l’avoir à bord, et nous sommes heureux de l’avoir.

Je sais que la crise du Covid-19 a foutu en l’air pas mal de choses, mais comment avez-vous fait en sorte de tirer avantage de la situation en tant que groupes ? Comment est-ce que ça a affecté votre vie personnelle ?
Mika : Même si tous les concerts bookés ont été annulés, nous sommes restés très actifs. Nous planifions de tourner deux clips vidéos de plus et j’ai également été très occupé à écrire le prochain album. Ca a affecté nos vies personnelles également, mais heureusement nous et nos proches sommes tous restés en bonne santé jusqu’ici.

En France, le pays où je vis, il n’y a plus de concerts depuis Mars. Nous avons été obligés de rester assis pour les quelques concerts cet été, mais je sais que la situation en Finlande n’est pas la même. Est-ce que les concerts sont différents de ceux du passé ?
Mika : Nous n’avons pas joué depuis février cette année, mais oui, certains festivals ont eu lieu pendant l’été. Mais la plupart des plus gros festivals ont été annulés. Quelques concerts ont pu avoir lieu avec des règles strictes, mais malheureusement je n’ai pas été à ces concerts, donc c’est difficile de dire comment ça affecte l’atmosphère. Si je devais deviner, ça ne rend pas les concerts meilleurs du moins.

Avez-vous déjà des plans pour l’avenir dont tu peux parler ?
Mika : Oui, nous écrivons déjà le prochain album et nous allons tourner deux clips vidéos prochainement.

Je fais personnellement une grosse différence entre les groupes finlandais et les groupes des autres pays, car le son finlandais a des tonalités très froides et majestueuses. Es-tu d’accord ? Peut-être aurais tu une explication à ces différences ?
Mika : C’est possible oui, c’est probablement cette mélancolie finnoise bien connue. Tu as juste à écouter quelques titres d’ancien Folk finlandais et tu pourras vraiment entendre les similarités.

Comment as tu découvert le Metal à l’époque ? Quel groupe ou titre t’a donné envie de créer ou rejoindre un groupe et de jouer sur scène ? Est-ce que tu te souviens également de la première fois où tu as pris un instrument ?
Mika : Je me souviens d’avoir écouté des cassettes des Guns N’ Roses quand j’étais encore à l’école primaire vers 1994, et également Offsprings et Nirvana. L’énergie de certains titres me parlaient vraiment et je me souviens qu’au début je voulais faire de la batterie sur ces morceaux. On se regroupait chez l’un de nos potes de l’école qui avait une batterie Tama dans sa chambre. Bien évidemment on jouait super mal, juste des trucs assez simples, mais je me souviens que j’étais tellement excité à l’idée de jouer ces trucs si simples, comme si je venais de découvrir quelque chose qui me passionnait réellement.
Plus tard, mon cousin et son ami batteur m’ont fait découvrir AC/DC, Pantera, Sepultura, Megadeth, etc… Vers 1997-1998 j’ai commencé à vraiment m’entraîner à la guitare et après j’ai rejoint leur groupe quand j’ai pu jouer au niveau requis. Plus tard, nous avons débuté Mors Subita avec le batteur de ce premier groupe.
Je ne me souviens pas si c’était un groupe ou un titre qui m’a fait vouloir jouer, je suppose que c’était simplement l’amour à la première écoute et ensuite ça a suivi. Je ne pensais pas à jouer en live, je voulais juste jouer avec les autres membres. La musique a toujours été la chose la plus importante, le reste est secondaire.



Quelles sont tes meilleures et tes pires expériences en tant que musicien ?
Mika : Les meilleures expériences ont toujours été quand je sens que j’écris un bout de musique ou un titre que j’aime vraiment. Également nos concerts les plus mémorables avec Mors Subita ont été vraiment incroyables, comme jouer sur la scène principale du Tuska Open Air à Helsinki en 2015, et jouer au Japon en 2018 pour trois concerts.
Les pires moments, et également les plus drôles en même temps, c’était probablement quand on a joué un petit concert à Kuusamo en Finlande. C’était plus une sorte de pub, et l’atmosphère était très agressive en permanence. Pendant le concert une personne a pris une gorgée de bière et l’a crachée au visage de notre chanteur. C’était vraiment un concert dont on se souvient.

Quel serait ton boulot de rêve si ce n’était pas musicien ? Quels sont tes passions dans la vie à part la musique ?
Mika : Je pense que j’ai actuellement un boulot très intéressant, je travaille dans une entreprise de design audio. Je pense que je ne pourrais pas espérer un travail qui me conviendrait mieux en ce moment. Concernant mes passions, j’essaye de faire du sport en ce moment, et ensuite, je fais du sport à l’extérieur avec mes enfants et je bosse un peu sur des voitures.

Si je te demandais de comparer la musique de Mors Subita avec un plat finlandais ? Lequel choisirais tu et pourquoi ?
Mika : Un Rössypottu, qui est un gâteau de boudin avec du porc et des pommes de terre. C’est un met local et très savoureux !

Dernière question : imagines que tu peux partir en tournée mondiale avec Mors Subita en tant que groupe d’ouverture et trois autres groupes, qui choisirais tu ?
Mika: Rammstein, AC/DC and Metallica.

Merci beaucoup de ton temps, c’était ma dernière question ! Je te laisse les mots de la fin !
Mika : Continuez de répandre le Metal et continuez de soutenir la musique que vous aimez.

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