Soothsayer est décidé à nous offrir un album.
Créé en 2013 en Irlande, le groupe composé de Líam Hughes (chant, Procession of Spectres, Demeter, ex-Íweriú), Marc O’Grady (guitare, Bodydrinkers, Procession of Spectres), Con Doyle (guitare, Demeter), Sean Breen (batterie, Open Casket) et Pavol Rosa (basse, Ten Ton Slug) sort Echoes of the Earth après deux EPs, un split avec Partholón et un live album.
Tous ceux qui ne connaissent pas le groupe, et j’avoue en avoir fait partie avant cet album, se heurtent à un sample ambiant et très oppressant. Une voix nous parle en arrière plan, et on se perd à tenter de comprendre ces mots pendant que le son oppressant des chœurs mystiques prennent place avant Outer Fringe, le premier morceau. C’est là que des leads aériens s’invitent avant que la rythmique ne nous écrase d’un seul coup. Des hurlements massifs soutenus par des cris morbides qui se joignent au mélange lancinant et sombre, apportant une épaisse dose d’oppression macabre. Les choeurs mystiques reviennent, mais le groupe relance ses riffs lourds qui accélèrent jusqu’à ce break final, puis c’est War of the Doves, un titre impie sur lequel Eugene S. Robinson (Oxbow, Buñuel, ex-Whipping Boy) intervient. Le morceau pioche dans les bases d’un Doom Metal angoissant et impie, offrant des tonalités noires mais également des leads aériens, qui contrastent avec ces hurlements possédés. Un certain groove se dégage du morceau, qui s’ancre dans une agressive lourdeur, tout en ajoutant des tonalités dérangeantes.
Cities of Smoke présente sous un autre aspect cette prenante mélancolie développée par le groupe depuis les premières secondes, en proposant un son clair, autant dans ce riff entêtant que dans cette voix malsaine. Les hurlements reviendront, alors que la base rythmique reste dans ces tonalités douces jusqu’à l’embrasement final. L’explosion cesse soudainement, puis laisse place à Six of Nothing, un morceau où le groupe invite Paul Catten (Barrabus, Stuntcock, Thicko, ex-Medulla Nocte) et Ralf W. Garcia (Neolithic Regression, Poltergeist, Requiem, Wolf Counsel) au chant. L’intensité du titre commence par croître jusqu’à un long climax, puis redescend dans l’angoisse et la noirceur dissonante, avant de repartir dans ce chaos, et d’enflammer la rythmique à nouveau, créant une véritable tornade sonore sur fond de hurlements de douleur. True North, le dernier titre, voit l’apparition de Dave Ingram (Benediction, Echelon, Down Among the Dead Men, ex-Bolt Thrower, ex-Hail of Bullets…) pour accentuer les sonorités impies développées par l’étouffante rythmique du groupe. Le morceau est très lent mais extrêmement accrocheur, laissant parfois la fougue s’emparer des musiciens avant un final qui rappelle étrangement le titre introductif.
Soothsayer est un groupe surprenant, qui parvient facilement à nous fasciner afin de créer une bulle de noirceur au sein de laquelle le groupe évolue. Avec six titres seulement, Echoes of the Earth peut sembler court, mais la durée des morceaux et l’attirance qui s’en dégage vous diront le contraire.
85/100