Review 594 : Decline of the I – Johannes

Trois ans. C’est la durée qui sépare chaque album de Decline of the I.

Johannes, leur quatrième opus, n’y fait pas exception. A.K. (chant/guitare/claviers, Merrimack, Vorkreist, The Order of Apollyon, ex-Love Lies Bleeding…) a cette fois-ci recruté AD (basse/chant), SK (batterie, Arkhon Infaustus, Temple of Baal, ex-The Order of Apollyon…) et SI (chant) pour l’accompagner. 

Après s’être penché sur les expériences comportementales du neurobiologiste Henri Laborit sur ses trois précédents albums, le groupe aborde l’oeuvre du philosophe, théologien et poète danois Søren Kierkegaard, complétée par un artwork de Dehn Sora (Church of Ra, Ovtrenoir, Throane, Treha Sektori), un mix par Neb Xort (Anorexia Nervosa) et un mastering signé Déhà (Imber Luminis, Wolvennest, Merda Mundi, Slow, Yhdarl…).
Côté son, on fait face à cinq nouvelles compositions d’un Post-Black Metal brut et massif, dont les sonorités oppressantes et tranchantes ajoutent à la violence et à ce pessimisme douloureux. On retrouve des choeurs, des samples, des riffs clairs, mais surtout cette passion brûlante et hypnotique sur A Selfish Star, le premier morceau. Les hurlements du vocaliste se mêlent à une dissonance malsaine, qui se brise parfois pour insuffler une noirceur pesante à des mélodies vives, ou laisser la place à ces samples de films en français. The Veil of Splendid Lies garde ces tonalités majestueuses pour des riffs impénétrables, qui deviennent de plus en plus misérables, se remplissant de douleur et de peine. Le final est impressionnant, et crée un contraste avec ce sample si joyeux, qui nous mène finalement à Act of Faith après un petit moment de flottement. La progression dans la noirceur reprend, offrant des riffs parfois oppressants, parfois plus légers mais toujours chaotiques, puis la rage explose, alors que Tethering the Transient nous offre une rage ardente et rapide dès les premières secondes. Le morceau sera amené à s’apaiser, mais on sent que le brasier n’est pas éteint, et qu’il ne demande qu’à brûler à nouveau. Dieu Vide, le dernier morceau, est également le plus long. Pendant près d’un quart d’heure, le groupe va mêler une langueur dissonante, une oppression schizophrénique et une mélancolie perçante qui nous traîne dans les bas-fonds de l’âme humaine pour clore cet album. Accélération saccadée, quiétude brisée, violon lugubre, puis finalement le silence.

Decline of the I nous projette dans un vortex de noirceur oppressante et insondable. Johannes est un album mystérieux et réfléchi, mais également profond et brutal, qui nous permet de nous abandonner lentement aux ténèbres.

95/100

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