Jack Simmons, guitariste et principal compositeur du groupe russe/anglais Slaughter To Prevail a répondu à mes questions concernant le nouvel album du groupe, Kostolom.
Bonjour Jack, comment vas-tu ?
Jack Simmons (guitare) : Je vais très bien, merci !
Premièrement, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Comment pourrais-tu décrire la musique de Slaughter To Prevail sans utiliser le mot Deathcore ?
Jack : Oh ok haha ! Agressif, énervé, violent… complexe d’un certain sens ! Je pense que nous avons simplement une vision que l’on cherche à atteindre, tu vois ? Pour nous c’est une aventure jusqu’au point culminant vers lequel nous nous dirigeons, et on essaye simplement d’ignorer les genres et les tendances, on fait simplement ce que l’on veut, et ce que l’on veut entendre ! Ce qui est simplement de la musique énervée et c’est ce qui nous a fait tomber amoureux du Metal !
D’où vient le nom du groupe ?
Jack : On pensait simplement à des idées, Alex (Alex Terrible, le chanteur, ndlr) a trouvé ça… Pour être honnête je ne me souviens même pas comment on a décidé de celui-là, au début on s’appelait Horrible Flesh, et nous n’avions rien sorti sous ce nom. On a juste commencé avec un nom puis on a senti qu’on devait le changer. Donc on a réfléchi à quelque chose de différent. Alex l’a trouvé, et ça nous semblait mieux.
Votre nouvel album, Kostolom, va sortir en août, est-ce qu’il y a une histoire derrière cet album ?
Jack : Pas vraiment une histoire, en fait on a une sorte de colère… Cet album parle de vivre des temps difficiles. Chaque personne a des difficultés mentales ou psychologiques dans sa vie, et ils doivent surpasser ça ! Cet album parle de se pousser à devenir meilleur, à devenir ce qu’on veut devenir ! Kostolom se traduit par “briseur d’os” ou “briser un os”. Nous avons des morceaux qui parlent de ces expériences difficiles, de ces moments où les temps sont durs, ou les gens sont faux, tu vois, l’industrie de la musique, des trucs dans le genre… L’album parle de ça !
Comment s’est passé le processus de composition ?
Jack : J’écris pratiquement tout avec Alex. Je trouve une idée, ça peut simplement être un riff. Juste un riff que j’aime, il peut être entraînant ou lourd, et on échange à propos de ça, on se fait des allers-retours avec Alex, et quand on en arrive à sa forme finale, on a une démo finie et on l’envoie à notre batteur qui réécrit les parties de batterie. Puis on le travaille et on l’enregistre.
Sur cet album, on a du pur Deathcore mais aussi d’autres influences plus douces, comme ce refrain entraînant sur Baba Yaga, comment avez-vous fait pour tout mélanger ensemble ?
Jack : C’est un processus assez naturel pour être honnête ! Souvent on se pose et on parle de ce que l’on va faire. Par exemple pour le refrain de Baba Yaga, on avait une version beaucoup plus lourde, mais Alex a trouvé ce chant mélodique, et on l’a simplement adoré ! On le chantonnait et on a vraiment aimé l’idée alors c’est passé naturellement dans les sonorités sombres. Ça n’a jamais été une question de “est-ce qu’on doit mettre du chant clair ou pas ?”, c’est plutôt “est-ce que le morceau est complet ? Est-ce qu’on ne préfère pas ce son ?”. Et sur cet album, on a parfois ajouté du chant clair, parfois on l’a remplacé. Des fois ça ne colle juste pas avec le morceau. Nous ne planifions pas d’essayer de faire en sorte que le morceau soit plus doux ou quelque chose de plus Deathcore, ou plus lourd.
Le clip vidéo de Baba Yaga a été élu “clip vidéo le plus Russe de l’histoire”, quelle était la ligne directrice de ce clip ?
Jack : Représenter la Russie, je suppose ? (rires) Ouais, je pense… Je ne viens pas de Russie, je viens d’Angleterre, évidemment. Nous parlions de ce que nous allions faire pour représenter le groupe, et je suis très familier avec la culture de l’Europe de l’Est, et je veux vraiment qu’on creuse plus loin avec le groupe. Et avec nos nouveaux-nouveaux morceaux, après Kostolom on explorera des sonorités et mélodies de l’Europe de l’Est, et pour revenir à la vidéo, on voulait juste faire quelque chose qui serait exagéré. On en a marre des vidéos dans un entrepôt, etc… tu as envie de voir la vidéo et tu as envie d’écouter la musique. C’est comme deux choses différentes en une !
J’ai également ressenti des racines Death Old School sur I Killed a Man, est-ce que c’est également l’une de vos influences ?
Jack : Oui, j’ai grandi avec ça ! J’écoutais beaucoup de Death Metal avant, et aussi beaucoup de Deathcore. J’ai appris la guitare en jouant du Nile, et même avant du Cannibal Corpse. Le premier album que j’ai eu de Cannibal Corpse c’était Kill, c’était en… 2004 je crois ? J’aime simplement les riffs, donc ça se ressent dans quelques morceaux, c’est sûr.
Il y a des années, Alex a créé les masques “kid of darkness” que vous utilisez dans le groupe, d’où est venue cette idée ?
Jack : Alex est très préoccupé par son image et sa marque, donc il nous a apporté à la base l’idée des masques, de manière à construire plus que juste de la musique, tu vois ? Bien sûr, nous voulons que la musique soit le point principal, mais nous voulons aussi une image du groupe et tout ce qui s’y rapporte. Donc concernant les masques, je me souviens qu’il y a eu quelques changements avant ça, et à cette époque nous avions également des changements de membres, donc on s’est dit “ok, on va mettre ces masques, s’habiller d’une certaine manière et avancer comme ça !”. Et c’est venu de là ! Très naturellement, puis ensuite nous l’avons mis dans le merchandising, à la pochette de l’album, on l’a réellement incorporé à notre identité et tout ça.
Quand as tu appris à jouer de la guitare ? Est-ce que tu as pris des cours, ou est-ce que tu as appris par toi-même ?
Jack : Je viens d’un tout petit village en Angleterre. Il y a environ… 25 personnes ici. Donc il y avait un mec qui jouait de la guitare. Quand j’ai eu dix ans, mes parents m’ont acheté une guitare pas chère, histoire de pouvoir jouer un peu. Et j’en suis simplement tombé amoureux, j’ai pris quelques cours, j’ai appris de plus en plus, et ce qui m’intéressait c’était les morceaux, et je le suis toujours ! A la place d’un jeu technique, j’aime juste les bons riffs, les mélodies entraînantes, et tout ce genre de choses. C’est sur ça que je veux me concentrer, plus que l’aspect technique de la musique.
L’an dernier, le Covid-19 a foutu en l’air pas mal de choses, comment est-ce que le groupe a fait face à la situation ?
Jack : Nous… nous avons simplement essayé de survivre en fait ! On ne pouvait pas vraiment faire grand chose, mais en même temps ça nous coûte très cher de tourner alors… Nous tournons moins que ce que les autres groupes font habituellement. Nous n’avons pas vraiment de “pays” pour tourner. Nous avons la Russie, mais c’est vraiment compliqué de tourner et de gagner de l’argent en Russie, et nous avons l’Angleterre, mais les gars doivent avoir un visa pour l’Angleterre, donc nous n’avons pas de continent pour tourner sans visas, et ça fait une différence pour nous. Nous sommes évidemment ouverts aux opportunités pour les tournées qui arrivent, mais nous avons simplement pris ce temps pour nous poser, écrire de la musique et terminer Kostolom, et pour être honnête j’ai l’impression que nous avons très bien utilisé ce temps. Mais nous ne tournons pas autant que nous pensons que nous devrions le faire…
Tu viens d’évoquer des opportunités de tourner ?
Jack : Ouais, on a eu quelques tournées de prévues, mais elles ont été annulées à cause de la situation.
Est-ce que tu sais si elles sont simplement reportées, ou totalement annulées ?
Jack : Je suppose qu’elles sont annulées. Mais nous avons toujours des opportunités, nous allons venir en Europe tôt l’année prochaine, également aller en Amérique bien sûr, il y a toujours quelques concerts en Russie, aussi en Angleterre… Donc on va tourner massivement l’an prochain, dans le futur, peut-être l’Amérique et l’Europe l’an prochain. Concernant les précédents concerts on peut toujours essayer de les reprogrammer d’une certaine façon.
Est-ce que c’est accepté d’être dans un groupe de Metal en Russie ?
Jack : Non ! Pas du tout ! Le groupe a récemment eu des soucis, donc… il y a eu quelques concerts en Russie qui ont été annulés par la police. La police est venue au concert et a accusé le groupe de propager une propagande violente, par rapport aux paroles et des choses comme ça. Et je pense que ça va… empirer. Parce que le groupe grandit, et tout particulièrement en Russie, le groupe est populaire, et nous pouvons réunir mille, deux mille ou trois mille personnes chaque nuit, et ça amène beaucoup d’attention de la communauté locale et de la police locale et… on capte de plus en plus d’attention par rapport à ça. Je ne vis pas ça, mais j’en ai longuement parlé avec Alex, il ressent ça : ce n’est toujours pas accepté comme ça pourrait l’être en Europe ou en Amérique, mais heureusement les choses commencent à changer et à progresser, donc on va voir où ça nous mène ! Nous avons vu beaucoup de problèmes aussi ! Behemoth qui ont été emprisonnés, Batushka qui se sont attiré des ennuis… donc on verra !
Espérons le meilleur ! Est-ce que tu as des hobbies en dehors de la musique ? Est-ce que tu as également un emploi ?
Jack : (il me montre l’arrière plan de l’endroit où il est) Ouais, je dirige une entreprise de merchandising ! Nous sommes Rising Merch, nous travaillons pour les groupes, il y a tous types de t shirts… tout ! C’est pourquoi je fais ça en même temps que le groupe, j’aide les groupes à se faire de l’argent, il nous faut juste… payer une entreprise de merchandising qui travaille très dur pour faire en sorte que ton groupe ait un flot de revenus suffisant, comme ça tu peux te concentrer sur ta musique ! Le merchandising et les vêtements sont toujours adorés, donc c’est vraiment cool à faire !
Qu’est-ce que tu aimes dans ta musique que tu ne retrouves pas dans la musique d’autres groupes ?
Jack : C’est une question difficile ! (rires) Je dirais que nous avons un style de Metal extrême qui est… entraînant, je pense que la plupart de nos morceaux sont plus accrocheurs que les autres groupes, tous les morceaux s’orientent vers ça, il y a des réminiscences de Nu Metal et… de Metal du début des années 2000 tu vois, on aime des groupes comme Chimaira, Slipknot et tous ces groupes. Tout ce que nous essayons de faire c’est de mettre l’énergie du Metal extrême pour… pour rendre ça fun ! Je pense qu’il y a beaucoup de groupes qui ne recherchent plus le fun. Tu peux toujours être sérieux ! Notre musique est faite pour être fun ! Notre musique, tu la mets à la salle de sport, partout où tu fais quelque chose, même pour conduire ! C’est lourd et fun !
Te souviens-tu de ton premier contact avec le Deathcore, ou l’univers du Metal extrême ?
Jack : Ouais, concernant le Deathcore, j’ai écouté Suicide Silence sur Myspace. Il y a un moment ! Et j’ai immédiatement adoré !
Est-ce que tu écoutes d’autres styles de musique que le Deathcore, ou même que du Metal en général ?
Jack : Ouais, tu sais, moi j’adore Björk. Björk est fantastique, j’écoute beaucoup de Hip-Hop, beaucoup de Rap, beaucoup de Hardcore… des trucs comme ça… Pour être honnête, quand je suis arrivé vers la fin de ma vingtaine, je me suis dit “ok, j’écoute de tout”, je ne pense pas que je puisse passer une journée ou une soirée entière à écouter juste un seul style, c’est fait de tellement de changements, pour être toujours inspiré.
Est-ce que tu penses que c’est important en tant que musicien d’écouter beaucoup de styles différents ?
Jack : Ouais, je le pense ! Je pense que c’est la seule manière de faire quelque chose de différent ! Mes groupes de Metal préférés piochent toujours dans d’autres genres pour en mettre un peu dans leur musique. Je pense que c’est important, pour moi en tant que musicien, de comprendre que tu peux faire quelque chose de différent, que tu peux créer quelque chose de nouveau, faire des expérimentations et ne pas être restreint à… au Deathcore ou au Death Metal ou au Black Metal… tu peux faire quelque chose de différent, être créatif et toujours faire honneur au genre !
Quelle est ta meilleure et ta pire expérience en tant que musicien ?
Jack : Hmm… tu sais, je pense que la pire expérience pour un musicien c’est… simplement la distraction de tout. Ce n’est pas simplement l’expérience d’une personne tu vois, mais je pars du principe que quand tu fais de la musique il y a beaucoup de distractions. Les commentaires… pas seulement les commentaires, mais les personnes qui essayent de comprendre ce que tu fais, et qui peuvent peut-être mal comprendre, mais c’est tellement plus que juste jouer de la musique. Il faut maintenir une présence sur les réseaux sociaux, et tous ces différents aspects, et on aime faire ça ! Mais c’est beaucoup à faire… des fois on a juste envie de prendre une pause et de rentrer chez nous, et c’est parfois difficile. Je pense que la meilleure expérience c’est simplement de voir que les gens ressentent des émotions avec ta musique. Mais pour répondre à ta question avec seulement deux expériences, je dirais… la meilleure serait un concert que nous avons joué en Amérique, en Caroline du Nord. C’était simplement un super concert dans l’une des plus petites salles, la salle était pleine, il y avait une bonne ambiance et on aurait pu jouer pendant des heures si on nous y avait autorisés, tu vois ? Une des pires expériences… dormir dans un van, sur cette même tournée, on s’est levés en étant affamés, on était sales, nous n’avions pas d’argent, rien puis nous sommes montés sur scène et il n’y avait pas tant de monde que ça dans la foule… je pense que ce sont les deux faces d’une même médaille !
C’est intéressant que ça se soit passé sur la même tournée !
Jack : Ouais, en Amérique !
Est-ce que tu as entendu parler de la scène Metal française ? Quels groupes français connais-tu ?
Jack : Ouais, j’en connais ! J’écoutais… As They Burn? C’est du Deathcore français si je me souviens bien ! Du label Siege of Amida. C’était cool, il y a aussi Betraying the Martyrs que j’aime bien. Je n’en connais pas tellement. Oh ouais, Gojira aussi ! Ils sont fantastiques !
Et si je te demandais de comparer la musique de Slaughter To Prevail avec un plat anglais ? Lequel choisirais tu, et pourquoi ?
Jack : Hahaha ok ! Il faut que j’y réfléchisse ! Eh bien je dirais un petit déjeuner anglais ! Tu viens juste de te lever, et il y a tellement de choses différentes ! Kostolom c’est un peu comme le petit déjeuner anglais, tu as des choses différentes, c’est savoureux et après ça tu es prêt pour ta journée !
Avec quels groupes rêverais-tu de tourner ?
Jack : Hmm… Je dirais Rammstein. Rammstein c’est… voir un groupe de ce niveau jouer chaque soir ! J’aimerais voir ça, et j’aimerais également jouer devant de telles foules, tu vois ? Je pense aussi qu’ils seront des super gars avec qui faire la fête !
Est-ce qu’il y a des musiciens avec lesquels tu aimerais collaborer ?
Jack : Oui, bien sûr ! Je voudrais collaborer avec quelques rappeurs, ou des gens un peu différents que juste des groupes de Metal et autres. Pour nous, ce serait génial de collaborer avec des groupes comme Gojira ou d’autres groupes immenses comme ça, et voir ce qui pourrait se passer ! Ça pourrait être intéressant !
C’était ma dernière question ! Merci de m’avoir accordé de ton temps, je te laisse les derniers mots !
Jack : Merci beaucoup ! Kostolom sort vendredi 13, en Août ! Essayez-le, il est vraiment agressif ! Allez voir ça sur risingmerch.com ou russianhate.com et soutenez l’album ! Faites-nous savoir ce que vous pensez ! Et merci beaucoup pour votre soutien !