L’asile de Zornheym est à nouveau ouvert.
Créé en 2014 en Suède par Zorn (guitare/basse, Aktiv Dödshjälp, ex-Dark Funeral, ex-Devian), il recrute rapidement Scucca (guitare/chant, Encrowned) et Bendler (chant) ainsi qu’un batteur pour parfaire leur premier album, qui sort en 2017. Après plusieurs dates à travers l’Europe en compagnie de Steve Pygmalion (batterie, Ghostkid), le groupe l’intègre officiellement et ils composent ensemble The Zornheim Sleep Experiment, leur deuxième album.
Accompagnés comme sur l’opus précédent par The Zornheym String Quartet, un ensemble de violons et violoncelles, ainsi que par leur Chorus Tenebris, une chorale de vocalistes reconnus, le groupe nous raconte les expérimentations des docteurs Bettelheim et Gutzmann. Un univers aux frontières du réel.
L’album débute avec Corpus Vile, une composition prenante, sombre et majestueuse qui mélange les différentes influences extrêmes du groupe tout en nous présentant l’expérience entre hurlements et chant clair. Les leads entêtants nous tiennent en haleine pendant que les choeurs et les orchestrations nous oppressent, puis le groupe nous laisse reprendre notre souffle sur la mystérieuse An Evil Within, qui sert d’introduction à la violente Dead Silence, une composition qui nous inonde de noirceur. On remarque l’apparition de plusieurs personnages via samples ou même au sein du chant, alimentant ce contraste musical soutenu par une batterie incroyablement puissante et une rythmique solide. Le son s’éteint pour donner naissance à Keep the Devil Away, le titre choisi pour présenter l’album. Les différentes voix continuent de nous conter leur histoire sous cette rythmique magistrale, que ce soit au niveau des mélodies, des orchestrations ou de la puissance brute. Bien que quelques parties font abstraction de son saturé, elles ne font pas décroître l’intensité, tout comme sur la martiale Slumber Comes In Time. Le titre est lancinant, créant une lourdeur entraînante sur laquelle les voix et les harmoniques nous envoûtent en permanence, puis Black Nine dévoile des tonalités enjouées dérangeantes. Le morceau devient de plus en plus inquiétant, notamment grâce à ce break orchestral, mais cette noirceur envahissante est addictive, et la cassure provoquée par The Veiling Of Bettelheims Eye nous frustre autant qu’elle nous fascine. La progression continue jusqu’à The Revelation, une composition qui laisse croître l’intensité en permanence. Ces choeurs malsains sont de plus en plus présents, répétant sans cesse la même chose. “Stay away. Stay away.” L’instrumentale viendra nous offrir quelques moments de répit avant de nous lâcher sur Keep Cutting, un titre sur lequel on ressent toute la détresse et la brutalité de l’art sombre des musiciens, ainsi que de leur concept. Ce contraste nous saisit littéralement à la gorge, en dévoilant peu à peu l’horreur de cette expérience, qui prendra fin avec The Madness That Lurks Within (Epilogue). Les bruits que vous entendrez, soutenus par une orchestration inquiétante, risquent de vous hanter.
Une fois encore, Zornheym n’a pas sorti un simple album magistral. The Zornheim Sleep Experiment n’est pas qu’un recueil de morceaux puissants, saisissants et majestueux, c’est une histoire qui vous fera entrer dans la folie, plonger dans la noirceur et vivre dans la terreur.
95/100