Nous ne savons presque rien de Korsakov.
Créé dans le Nord de la France par A (instruments/arrangements) et E (chant/arrangements), le groupe base son premier album, intitulé pogruzhat (« immerger » en russe), sur le syndrome découvert par le neuropsychiatre russe Sergei Korsakoff à la fin du XIXe siècle et le Post-Black Metal.
Six morceaux sobrement nommés de I à VI qui explorent l’univers ténébreux et torturé. Le premier morceau propose une courte intro pesante avant de révéler des riffs dissonants et massifs, puis le chant vient hanter la rythmique. On assistera à un ralentissement qui alourdira le son, puis des influences plus Old School viennent s’intégrer aux riffs avant le court deuxième titre, qui nous enveloppe dans un brouillard impénétrable, d’où s’échappent quelques sonorités inquiétantes. Le troisième morceau sera le plus long, et il propose immédiatement un riff brut qui donnera naissance à cette intense et imposante rythmique. Elle sera amenée à s’apaiser pour laisser des leads fantomatiques et aériens avant de s’éteindre totalement. Quelques harmoniques au son clair prennent le relais, puis le chant revient en arrière plan invoquer cette rythmique majestueuse qui se consume en nous offrant sa beauté jusqu’à ce que la douceur du quatrième morceau ne vienne nous surprendre. On sent que la noirceur attend son heure en silence, et c’est avec le cinquième titre qu’elle s’éveillera lentement de sa torpeur pour proposer un son épais, rapide et pénétrant. La rythmique ralentit et devient lancinante, puis elle s’embrase à nouveau en se parant d’harmoniques dissonantes, entêtantes et glaciales avant de cesser brusquement pour céder sa place au sixième morceau, qui est fait de tonalités puissantes, profondes et intenses. Les hurlements se posent sur cette rythmique enflammée, qui s’éteint soudainement pour laisser une voix samplée accompagner quelques notes aériennes qui volent au-dessus d’une base torturée.
L’intensité de Korsakov n’a d’égal que son voile mystérieux. Le son de pogruzhat est sombre, profond, lancinant et sincère, créant peu à peu une ambiance pesante et majestueuse qui nous entoure et nous envoûte.
95/100