Impossible pour moi de rater le passage en France des japonais de Maximum the Hormone à Paris après onze années d’absence dans le pays, et c’est au Trianon que je me rends dès la fin de ma journée de travail. Lorsque j’arrive sur les lieux, les spectateurs munis de billet VIP sont bien évidemment déjà à l’intérieur, en train de profiter de leur moment privilégié avec le groupe.
Petites précisions : il n’y a pas de première partie et seul le photographe officiel du groupe sera autorisé à prendre des photos de leur performance, c’est donc tout naturellement que je me retrouve avec une boisson dans la main.
(Crédits photo: Kazushi Hamano)
Après une heure d’attente, l’organisation nous informe que le groupe souhaite que personne ne filme avec son téléphone, ou ne prenne de photo (et on constatera une fois de plus le respect du public français qui sera régulièrement réprimandé par la sécurité), puis le groupe entre en scène, accueilli par des “poy poy poy” venant des spectateurs qui ont hâte de les entendre. Une fois installés, il ne faudra que très peu de temps au quatuor pour nous envoyer leurs riffs aussi solides que déjantés, et encore moins à la fosse pour se mettre à remuer lors des passages les plus agressifs. Daisuke (chant) déambule sur scène en hurlant pendant que Ryo (guitare) et Ue-chan (basse) l’aident pour quelques choeurs, accompagnés par les frappes énergiques de Nao (batterie), qui n’hésite pas à venir au centre de la scène pour nous offrir des pauses plus douces. Le premier titre n’est même pas fini qu’un slammeur s’élance déjà, et le groupe enchaîne avec la même énergie sauvage qu’à leur arrivée, ce qui déclenchera immédiatement un wall of death plutôt bien organisé. Les musiciens se mettent régulièrement en avant ou se retrouvent pour jouer ensemble, et les sourires se lisent sur tous les visages, sur scène ou dans l’assemblée. Entre les titres, le groupe prend quelques instants pour remercier en japonais son public, qui répond à chaque fois présent, puis Nao sort un papier de sa poche et lance un “Merci. Bonsoir, comment allez vous ? Ca fait longtemps Paris !” avec bonne humeur. Le son reprend rapidement après, et il reste incroyablement fidèle aux titres sur album, en particulier sur la surpuissante What’s up, people?!, où complexité et rapidité rejoignent la folie et la puissance sous les grimaces incessantes de Ryo. Étant bassiste, je reste impressionné par la maîtrise d’Ue-chan, qui n’hésite pas à maltraiter son instrument comme il se doit pendant que le vocaliste motive la fosse. On retrouve également le contraste extrême entre les différentes influences du groupe quand Nao échange sa place avec celle de Daisuke pour l’énergique et gentillette Chu Chu Lovely Muni Muni Mura Mura Purin Purin Boron Nururu Rero Rero qui sera reprise en choeur par les musiciens et le public, puis le vocaliste reviendra au centre de la scène.
“Nao tried some French… I try some French…” déclare le chanteur en sortant à son tour un papier de sa poche. “Je suis Daisuke, nous sommes Maximum the Hormone, nous sommes reconnaissants pour ce soir !” nous déclare-t-il avant d’annoncer Zetsubou Billy, qui fera exploser la fosse, suivie par l’écrasante Buiikikaesu!!. L’enchaînement des deux morceaux a probablement achevé quelques nuques, mais le frontman nous offre une pause, en nous rappelant à quel point ils sont heureux d’être là, mais également que leur dernier passage date de juin 2011. Et après avoir demandé qui était présent il y a onze ans, il nous demandera à tous de l’aider à réaliser un kaméhaméha (si, si, j’vous jure), avant d’enchaîner avec la suite de la setlist. Mais après deux morceaux supplémentaires, dont Koi no Sperm accompagné par un danseur sur scène, les musiciens quittent la scène pour quelques instants, revenant en dansant avec des lunettes de soleil sur Blitzkrieg Bop des Ramones, pour reprendre leurs instruments. Daisuke se place à la batterie, laissant à Nao le poste de vocaliste principal, et la jeune femme enlèvera tour à tour leurs lunettes de soleil aux membres, qui ne s’arrêtent pas de jouer pour autant ! La batteuse demandera de l’aide à une spectatrice parlant sa langue pour nous remercier une nouvelle fois avant d’entamer Koi no Mega Lover, qui sera à la fois le dernier titre de leur setlist, mais également le point d’orgue de la communion entre le groupe et son public. Il va sans dire que la foule est totalement déchaînée sur ce morceau qu’ils reprennent en chœur avec les japonais, qui nous remercieront longuement de notre présence à coups de “Je t’aime Paris! Arigato!” avant de finalement quitter la scène pour de bon sous des acclamations plus que méritées.
Si on m’avait dit il y a quinze ans, quand j’ai découvert le groupe, que j’allais les voir sur scène, le gamin que j’étais à l’époque ne l’aurait pas cru. Et pourtant, c’est la vérité : Maximum the Hormone a littéralement retourné la salle en un rien de temps, alliant énergie et maîtrise à une bonne humeur palpable, et je suis certain que le Trianon s’en souviendra pendant longtemps ! Arigato gozaimasu à l’Agence Singularités pour l’invitation, et j’attends le deuxième round avec impatience !