L’avantage de vivre près d’une capitale, c’est qu’il y a beaucoup plus de chances de voir des tournées européennes y passer. Et c’est également le cas lorsque des groupes très rares comme Evoken, dont le dernier passage à Paris date de 2009, en organise une. Pour l’occasion, ce sont Conviction et Hidden in Eternity, deux groupes français, qui vont ouvrir la soirée. Le lieu de cette messe du Doom ? Le Klub, qui affichera finalement complet.
La soirée commence donc avec Hidden in Eternity, quatuor bordelais, qui s’installe en laissant la place centrale à un violoncelliste. Guitare, basse et batterie développent un son lent, pesant et oppressant qui accueille ces sonorités torturées et lancinantes, parfois couvertes par des hurlements massifs. Les lumières rouges de la cave donnent une ambiance apocalyptique au son, qui semble conquérir lentement un public attentif. Entre deux titres, le vocaliste brise le silence pesant pour nous remercier, et nous indiquer que le groupe interprète en intégralité son deuxième album, À tout jamais, puis la mélancolie reprend vie dans les riffs entêtants et aériens. Certaines mélodies plus douces tranchent avec les parties les plus lourdes, créant un contraste intéressant et inquiétant qui nous accompagnera du début à la fin, signée par un bref “Paris, il vous reste peu de temps à vivre…” qui appellera le dernier morceau suivi d’un blast explosif et d’un sample orageux, sous lequel les musiciens quittent la scène, salués par le public.
Setlist: Si je devais n’en tuer qu’un – In Absentia Aeterna – Les échappées extatiques – Und gleish…die zeit – Eitelkeit – Grafin von Todeskampf
La soirée se poursuit avec l’arrivée de Conviction et de son Doom Metal épique, qui a résonné sous l’une des tentes du Hellfest il y a tout juste un mois. Et c’est habités par la même motivation et la même oppression que les quatre musiciens débutent leurs riffs lents et dissonants. Les leads torturés se joignent aux parties vocales mélancoliques peuplées de choeurs et de frappes régulières, permettant d’inclure des éléments plus doux à la masse sonore pesante. Le groupe remercie son public, et s’autorise également quelques mots pour introduire les titres, comme Curse of the Witch, que le vocaliste dédiera à “toutes les femmes qui se battent pour conserver leurs droits”. On notera également le son chaud de la basse, ainsi que la corde de pendu au cou de son propriétaire, qui permet aux guitaristes de placer leurs harmoniques lancinantes pour nous hanter sur de longs moments avant de laisser le chant reprendre vie. Le groupe rendra à nouveau hommage à Saint Vitus avec une reprise qui laissera des influences Stoner et des sonorités Psyché donner un relief intéressant à la lenteur, puis il sera déjà temps pour eux de rendre les armes, sous les applaudissements.
Setlist: Voices of the Dead – Through the Window – Curse of the Witch – Outworn – My Sanctuary – I Bleed Black
Place au clou du spectacle, Evoken, pour qui la scène semble légèrement étroite. En effet, en plus des deux guitares, de la basse et de la batterie, le groupe a également disposé un clavier, qui viendra embellir les riffs brumeux et sombres par des touches mystiques et mélodieuses. On notera également les parties vocales massives qui viennent alourdir la peine et la dissonance des titres qui envoûtent le public, qui contemple ce condensé de lourdeur et de lenteur. Entre deux titres, les musiciens remercient les spectateurs de leur présence avant d’annoncer le morceau suivant, mais le son ne met jamais beaucoup de temps à reprendre, nous replongeant à nouveau dans ces vagues écrasantes remplies de larsens contrôlés et de riffs épais. Très statiques, les musiciens assurent des mélodies hypnotiques qui nous hantent dès la première note, révélant une intensité sans faille et infinie, servie par des musiciens transcendés. Les lumières flamboyantes apportent une toute autre saveur aux rythmiques alanguies, et c’est après une heure de set que les musiciens reposeront leurs instruments, acclamés par la foule.
Setlist: Hypnopompic (sur bande) – The Fear After – In Solitary Ruin – Where Ghosts Fall Silent – Antithesis of Light – Shades of Night Descending – Into Aphotic Devastation – Valorous Consternation – A Caress of the Void
La nuit est déjà bien avancée lorsque la salle se vide, laissant les spectateurs reprendre peu à peu leurs esprits. La mélancolie a vécu ses meilleures heures ce soir, entre le son torturé d’Hidden in Eternity, les harmoniques épiques de Conviction et le Funeral Doom massif d’Evoken. Merci à toute l’équipe du Klub pour cette soirée mémorable, et tout particulièrement à Jessica pour m’avoir permis de l’immortaliser.