Review 1625 : Kanashimi – Yamiuta

La complainte de Kanashimi reprend.

Né en 2007 au Japon, le projet mené par O. Misanthropy (chant/tous instruments, Ahpdegma, ex-Samayoi) annonce en 2023 la sortie de Yamiuta, son troisième album, chez Talheim Records.

Ancré dans un mélange lancinant et brumeux de Funeral Doom pesant couplé à un Depressive Black Metal saisissant, la musique de Kanashimi avance lentement, laissant chant clair inquiétant et hurlements viscéraux en japonais nous hanter. On remarque également que les claviers ont un rôle important, apportant parfois quelques touches de douceur à ce nuage dissonant et oppressant, qui prend brièvement fin avec le titre avant de renaître pour donner à nouveau corps à la mélancolie entêtante que chante son créateur.

Yamiuta, comme ses deux prédécesseurs, est composé de six titres à l’identité propre et marquée par les affres du temps et de la vie. Si The Funeral Song, le premier morceau, compte beaucoup sur des changements vocaux pendant que la rythmique apaisante nous enveloppe, on notera surtout du chant clair sur Samidare, une composition plus lente qui nous parvient par vagues. La batterie joue un rôle essentiel sur cette marche au coeur de l’oppression qui nous mène à Yurari yurari et ses sonorités funestes qui correspondent parfaitement à son titre sinistre. Si sa première moitié nous laisse nous noyer dans le son vaporeux, le clavier nous mènera seul à l’écrasante partie finale avant que Yamiuta, le titre éponyme, ne fasse laisse à nouveau les hurlements de désespoir apparaître dans sa rythmique enchanteresse. Tadoritsuku Basho, le morceau suivant, fait à nouveau ralentir le son oppressant et sombre tout en laissant les claviers voler au dessus des riffs simples mais bruts qui s’embrasent régulièrement pour accompagner le chant qui finira par laisser un carillon nous montrer le chemin jusqu’à Lullaby, une courte dernière composition où Crying Orc (Felvum, Këkht Aräkh…) prête sa douce voix à la mélodie planante qui referme l’album.

L’univers de Kanashimi reste toujours aussi saisissant. Les influences complémentaires du musicien se mêlent parfaitement pour faire de Yamiuta l’expression brute et épurée d’une peine sans nom qui rampe, attendant son dernier souffle, tout en nous envoûtant.

90/100

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