Live Report : Cannibal Corpse + Dark Funeral + Ingested + Stormruler – Elysée Montmartre

Dans un contexte politique compliqué, la capitale française est sujette aux manifestations, mais ce soir, c’est également à la violence musicale qu’elle aura affaire. La raison ? Cannibal Corpse, Dark Funeral, Ingested et Stormruler s’apprêtent à faire trembler d’Elysée Montmartre, lieu mythique de la musique live.

Notre journée commence par une interview avec Paul Mazurkiewicz, batteur de Cannibal Corpse, Jason Evans, chanteur d’Ingested, et enfin un entretien avec Lord Ahriman, guitariste et fondateur de Dark Funeral. Vous les retrouverez bien évidemment très vite. Lorsque les portes s’ouvrent, on comprend rapidement que le show est extrêmement attendu.

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La fosse se remplit à vue d’œil, et elle est assez conséquente lorsque Stormruler monte sur scène. Après un dernier réglage rapide, le show débute et… au delà d’être tout de même assez sombre, on constate surtout que la balance est assez inégale. La voix de Jason Asberry (guitare/chant) reste assez faible sous les leads de Nick Burks (guitare), qui sont eux-mêmes mangés par la batterie de Jesse Schobel (batterie). Il aura fallu être positionné du côté droit de la salle pour entendre la basse de Derek Engemann (basse), qui pose avec ses lunettes de soleil devant un public qui semble tout de même apprécier le Black Metal Mélodique du groupe, qui prend le temps de remercier son assemblée. “Let me see your hands, Paris!” lâche le vocaliste entre deux titres, envoûtant la salle à coups de mélodies planantes couplées à une rythmique aux influences Heavy/Thrash sombre dont le mix s’est amélioré pour… finalement effacer la batterie jusqu’à la fin du set, qui sera applaudi par une salle presque comble.

Setlist: Reign of the Winged Duke – Sacred Rites & Black Magick – In the Shaded Vlasian Forest – Upon Frozen Shores – Internal Fulmination of the Grand Deceivers

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Changement radical d’ambiance avec l’arrivée d’Ingested, à qui il faudra moins d’un morceau pour faire remuer la fosse ! Le mix met cette fois bien en avant les hurlements sauvages d’un Jason Evans (chant) en pleine forme, accompagnés par la rythmique saccadée ultra-lourde de Sean Hynes (guitare/chant) et Thomas O’Malley (basse) complétée par la batterie massive de Lyn Jeffs (batterie). Le vocaliste gesticule en haranguant un public qui recrache déjà ses premiers slammeurs, et qui n’hésite pas à répondre présent aux différentes sollicitations de circle pit et autres wall of deaths. “Nobody moves until my signal, Paris!” lâche le chanteur avant que la prochaine vague de rage ne déferle dans la salle, menée par des riffs gras et motivants. Ni la fosse ni le groupe ne faiblissent à un seul instant sur ce set, galvanisés par un “Keep this energy going, give me all the crowdsurfers!” dont l’immédiateté reste impressionnante à constater, et c’est après une courte demie-heure de cris possédés, de rythmique écrasante et de chaleur humaine continue que le groupe remercie un public totalement conquis.

Setlist: Rebirth – No Half Measures – Shadows in Time – I, Despoiler – Impending Dominance – Invidious – Echoes of Hate

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Les bannières à l’effigie de Dark Funeral sont dressées, et c’est après un léger temps d’attente que les cinq musiciens entrent en scène, de manière très calme et solennelle. Mais si leur arrivée se fait dans le calme, il ne faudra pas longtemps à Lord Ahriman (guitare) et à ses harmoniques glaciales pour éveiller la fureur d’une fosse impatiente, suivie de la rythmique de Chaq Mol (guitare), Adra-Melek (basse) et Jalomaah (batterie), menée par les hurlements d’Heljarmadr (chant). Bien qu’assez statique, le groupe reste extrêmement imposant, et si les musiciens n’hésitent pas à jouer entre eux ou à se déplacer, on sent une froideur qui se dégage de leur musique occulte, qui hante désormais chaque recoin de la salle et chaque spectateur, que ce soit les excités du centre ou les plus calmes sur les côtés. Le vocaliste harangue la fosse à coups de “Hail Satan!” avant que l’impie The Secrets of the Black Arts ne nous saisisse à la gorge, suivie de l’extrêmement douce et intense When I’m Gone, qui prouve une fois de plus que la mélancolie est l’une des armes les plus efficaces dans les genres les plus sombres du Metal. Entre deux titres, les bruits de chaînes entretiennent l’ambiance pesante et malsaine, rapidement alimentée par de nouveaux riffs tout aussi cinglants et dissonants que les précédents. Le vocaliste nous offrira également un spectacle blasphématoire, en léchant puis crachant sur une croix, mais comme il l’a si bien annoncé, “all good things must go to an end…”, et c’est après Where Shadows Forever Reign, un titre extrêmement fédérateur, sur lequel il finira par sortir un drapeau orné du logo du groupe, que le show prend fin sous des acclamations amplement méritées.

Setlist: We Are the Apocalypse – Leviathan – My Funeral – The Secrets of the Black Arts – When I’m Gone – Unchain My Soul – Nail Them to the Cross – Let the Devil In – Where Shadows Forever Reign

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La scène est littéralement dépouillée avant que les membres de Cannibal Corpse n’entrent, en se plaçant dos à nous. Un par un, les musiciens se retournent, puis George “Corpsegrinder” Fisher (chant) se place au centre avant que le carnage ne démarre. En un rien de temps, et avant que quiconque ne comprenne ce qui se passe, le vocaliste se met à headbanguer pendant que ses camarades balancent leurs premiers riffs, ce qui motivera immédiatement les infatigables slammeurs à se rapprocher de la scène. Entre la basse vrombissante d’Alex Webster (basse), les frappes énergiques de Paul Mazurkiewicz (batterie) et les riffs sanglants de Rob Barrett et Erik Rutan (guitares), rien n’est laissé au hasard pour satisfaire les amateurs du groupe, qui nous sert en plus d’un son parfait, une setlist qui pioche dans la quasi-intégralité de l’imposante discographie des américains. Entre deux hurlements monstrueux, le vocaliste ne se prive pas pour headbanguer sous des lumières assez simples mais parfaites pour l’occasion. Il ira même jusqu’à délicatement dédier le titre Fucked With a Knife à toutes les femmes présentes pour l’occasion, ainsi qu’à nous inciter à le suivre dans son headbang furieux tout en prévenant “you will fail miserably” pour la subtile I Cum Blood, rentrant dans tous les clichés que l’on connaît du groupe. Assez régulièrement, les guitaristes et le bassiste changent d’instruments, offrant aux plus remuants une courte pause pour respirer avant de se faire piétiner par le son incroyablement gras, lourd, et pourtant tellement précis dans sa violence. Les morceaux récents se mêlent aux classiques, et on peut apercevoir un slammeur qui a visiblement échappé à la vigilance de la sécurité débouler sur scène avec une roulade, se relever et se jeter à nouveau dans la fosse pendant que le groupe matraque ses riffs comme si de rien n’était. Après un fédérateur “Keep supporting fucking Metal!” de la part du vocaliste, les deux derniers morceaux viennent achever une setlist surpuissante, notamment avec l’iconique Hammer Smashed Face, qui retournera une dernière fois l’intégralité de l’assemblée, définitivement conquise par cette déferlante de puissance brute.

Setlist: Scourge of Iron – The Time to Kill Is Now – Inhumane Harvest – Code of the Slashers – Fucked With a Knife – The Wretched Spawn – Gutted – Kill or Become – I Cum Blood – Evisceration Plague – Death Walking Terror – Condemnation Contagion – Unleashing the Bloodthirsty – Devoured by Vermin – A Skull Full of Maggots – Stripped, Raped and Strangled – Hammer Smashed Face

En regardant la salle se vider, on se rend facilement compte que le Metal recommence à réunir un public extrêmement large. Ancré dans l’extrême sous toutes ses facettes, la date, et plus généralement la tournée, fait des émules à travers l’Europe, c’est une évidence. Si personne n’a jamais douté de la force de frappe massive de Cannibal Corpse ou Dark Funeral, poids lourds de leurs styles respectifs, on constate également qu’Ingested fédère tout autant, et que malgré des difficultés sonores, c’est également le cas de Stormruler. Merci à Garmonbozia pour l’organisation de la date ainsi que l’accréditation photo, et à moi la joie des transports de nuit !

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