Review 1704 : The Modern Age Slavery – 1901: The First Mother

The Modern Age Slavery est à nouveau en marche.

Créé en 2007 en Italie par Giovanni « Gio » Berserk (chant), Luca « Cocco » Cocconi (guitare) et Mirco Bennati (basse), le groupe compte également depuis 2016 sur Federico Leone (batterie, Ultra-Violence, live pour Hierophant) et Ludovico Cioffi (guitare/orchestrations, Nightland, Delain, live pour Fleshgod Apocalypse). Les cinq musiciens annoncent en 2023 la sortie de 1901: The First Mother, leur quatrième album, chez Fireflash Records.

Dès Pro Patria Mori, le premier morceau, le groupe annonce immédiatement la puissance de son mélange entre Deathcore et Death Metal en laissant des riffs solides, plus tard rejoints par les hurlements, adopter des orchestrations majestueuses. On notera également une approche assez technique de la rythmique avant un final moderne et inquiétant, suivi par l’écrasante KLLD, composition déjà dévoilée par le groupe pour présenter l’album. Cris bruts et riffs agressifs coopèrent pour faire du titre un véritable rouleau compresseur qui intègre également dissonance et une moshpart finale explosive, laissant Irradiate All The Earth proposer des tonalités accrocheuses cybernétiques avant que la rythmique ne se remette en marche. Les parties saccadées collent parfaitement à l’aspect glacial et massif du son, tout comme sur The Hip qui vient placer des racines Hardcore agressives sur des riffs lourds. A nouveau, les samples modernes collent parfaitement à l’ambiance du titre, qui laissera Lilibeth, un morceau plus lent et mystérieux, développer des sonorités lancinantes dans un premier temps pour créer un contraste intéressant avec la lourdeur et la rage qui arrivent par la suite. Overture To Silence, le titre suivant, viendra à nouveau mettre en lumière une ambiance oppressante travaillée qui s’accorde parfaitement avec des riffs violents avant de nous laisser un très court moment pour respirer avant OXYgen. La noirceur et des influences Industrial viendront alourdir la rythmique sans jamais mettre le groove de côté tout comme sur Nytric qui pioche à nouveau dans des patterns plus techniques pour donner ce côté explosif à sa rythmique, complétée par les cris abrasifs. Le titre nous réserve un break final accrocheur avant de laisser Victoria’s Death nous préparer à la déferlante suivante avec un sample pesant qui débouche sur The Age of Great Men et ses tonalités sombres nous étouffer avant que les riffs lourds ne prennent place. Les murmures ajoutent un côté pesant à ces parties inquiétantes, laissant toute la puissance aux refrains, avant que le groupe ne referme son album avec Blind, titre iconique de Korn, auquel sa touche lourde et saccadée colle parfaitement, même en chant clair. 

Ne pensez pas ressortir indemne d’une expérience avec The Modern Age Slavery. En plus de riffs lourds et saccadés, 1901: The First Mother offre une réflexion complétée par une brutalité sauvage mais travaillée qui vous brisera la nuque en un rien de temps.

90/100

English version?

Quelques questions à Giovanni Berselli, chanteur du groupe The Modern Age Slavery.

Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu te présenter, ainsi que le groupe The Modern Age Slavery, sans utiliser les « étiquettes » habituelles du Metal ?
Giovanni Berselli (chant) : Merci à vous et merci pour le temps et l’espace que vous nous accordez. Je m’appelle Giovanni Berselli, chanteur et auteur des paroles. Les autres membres du groupe sont Luca Cocconi (guitariste et producteur), Mirco Bennati (bassiste et tour manager ?), Ludovico Cioffi (guitare, chœurs et compositeur des parties orchestrales), Federico Leone (batterie). Sans utiliser les étiquettes Metal habituelles, je pense que nous sommes cinq personnes très simples qui partagent une énorme passion pour la musique Metal (dans tous ses genres et sous-genres). Certains d’entre nous sont des musiciens professionnels, d’autres ont un autre travail à plein temps. Quoi qu’il en soit, puisque vous nous en donnez l’occasion, voici le manifeste de TMAS : « The Modern Age Slavery dissèque les angoisses de l’esprit humain et explore des mouvements indicibles au sein de la conscience collective de l’humanité, soulignant pourquoi – malgré l’âge, le sexe, la couleur de peau, l’opinion politique, les croyances religieuses, le statut social – l’homme moderne évite naturellement la responsabilité de ne pas être un esclave, échappant à sa propre liberté pour rechercher une paix contrefaite. Notre musique n’est pas pour tout le monde. Notre musique transperce la partie cachée, réprimée, primordiale, culpabilisée, mais agitée de chaque homme, nous forçant à regarder le monde avec d’autres yeux ».

1901 : The First Mother, votre quatrième album, sortira bientôt. Avez-vous déjà des retours ?
Giovanni : Eh bien, c’est vraiment génial. Nous ne pourrions pas être plus heureux. Notre label – Fireflash Record – est formidable et les critiques sont toutes super positives. Nous avons également prévu quatre vidéos (deux d’entre elles sont déjà sorties) et nous avons vraiment hâte de jouer ces chansons en live. 

Comment résumeriez-vous 1901 : The First Mother en trois mots ?
Giovanni : Rapide, brutal et schizophrène.

Comment avez-vous géré le processus de composition de cet album ? Était-ce différent du précédent avec le même line up ?
Giovanni : Nous composons de manière sérielle plutôt que parallèle, dans le sens où Luca compose une chanson qui contient déjà une basse et une batterie midi. À ce moment-là, le batteur et moi-même entrons en jeu. J’écris les métriques et les paroles, en essayant d’être le moins envahissant possible par rapport à l’idée initiale, tandis que le batteur ajoute ses propres idées, tout en gardant à l’esprit les concerts qui suivront. Ce n’est que lorsque nous avons une idée bien définie que nous répétons tous ensemble pour obtenir le sentiment général de la chanson. Ludovico n’ajoute les orchestrations qu’à la fin. Cette méthode d’écriture est également dictée par nos vies… nous vivons dans des villes éloignées et, malheureusement, nous n’avons pas le privilège de nous voir très souvent pour répéter ensemble autant que nous le voudrions. Néanmoins, tous les membres du groupe ont déjà acquis beaucoup d’expérience en studio et en concert, de sorte que cette stratégie semble fonctionner pour nous. En ce sens, le processus de composition est le même que celui utilisé pour Stygian, bien que pour ce dernier album nous ayons pris plus de temps pour enregistrer la batterie et nous avons également essayé de garder le chant plus bas (en évitant trop de cris), afin de nous différencier de la scène Deathcore.

Quel est le concept de 1901 : The First Mother ?
Giovanni : 1901 représente le début du 20e siècle, l’année de la mort de la reine Victoria et de l’avènement de l’ère moderne dans la littérature anglaise. Au départ, nous voulions garder uniquement ce chiffre comme titre de l’album, pour finalement décider d’ajouter un sous-titre pour des raisons de visibilité (par exemple, pour faciliter les recherches sur Spotify). L’album n’est pas un concept, même si la genèse de nombreuses chansons suit un fil conducteur. Avec Ludovico, nous avons essayé de dresser une liste des différents types d’esclavage (même auto-imposé). Sur la base de cette liste, j’ai écrit les paroles, en m’inspirant souvent de poètes ou de philosophes du passé. Par exemple, l’esclavage des drogues est décrit dans OXYgen, l’archétype psychologique de la mère dévorante, qui se nourrit de l’attention de ses enfants, les rendant esclaves de son propre amour et incapables de grandir, est décrit dans The Hip, The Age of Great Men parle de l’approbation des masses et de la destruction de l’ego – ici dans son sens positif, KLLD (librement inspiré d’un poème de Blaise CendrasI’Ve Killed) parle de l’esclavage dans l’appel à l’armée. Enfin, Overture to Silence (l’un des rares à ne pas être inspiré par des poèmes, mais basé sur une histoire personnelle), traite de l’asservissement à l’amour toxique. Nous avons ensuite décidé de parler d’une trilogie pour deux raisons. La première est de nous imposer deux albums supplémentaires. L’autre, avec une symbologie qui se reflète également sur la pochette, est d’essayer de peindre, avec les deux prochains volumes, non seulement le passé mais aussi le présent et, par la suite, un futur dystopique.

J’ai remarqué que les orchestrations et les atmosphères sont vraiment poussées en avant sur ce nouvel album, comment les avez-vous travaillées pour qu’elles s’adaptent aux riffs ?
Giovanni : La partie orchestrale est écrite par Ludovico Cioffi, avec l’aide de Luca Cocconi. Je pense que lorsque je dis que la composition est faite en série, j’ai raison jusqu’à un certain point. Ici aussi, Ludovico a une idée de la partie orchestrale et Luca l’aide à l’intégrer dans la musique qui, comme je l’ai dit, est entièrement écrite à ce stade.

Peut-être avez-vous une chanson préférée sur cet album ? Ou bien celle que vous avez hâte de jouer sur scène ?
Giovanni : Ma chanson préférée est OXYgen. Elle me rappelle un long après-midi dans ma maison de montagne, où, avec une pianiste de concert – Vanessa OConnor – nous avons écrit les paroles. C’est aussi un grand plaisir pour moi de chanter cette chanson avec Ludovico.

La dernière chanson de l’album est une reprise de la chanson emblématique de Korn, Blind. Comment avez-vous eu l’idée d’inclure cette chanson dans votre album et dans votre style ?
Giovanni : Nous incluons toujours une reprise dans nos albums. Dans le passé, nous avons repris Entombed, Sepultura, Pantera et Metallica. Nous choisissons toujours une chanson des icônes du Metal, qui ne peut pas être touchée. Dans ce cas, soit vous décidez de changer la chanson originale en la réarrangeant dans votre propre style, soit vous vous retrouvez avec une mauvaise copie. Cette fois, nous nous sommes inspirés de Korn, en ajoutant quelques expérimentations (comme le chant clair). Je suis curieux de voir ce que notre public en pensera… J’ai lu des avis controversés sur cette chanson, et j’ai hâte de connaître le résultat. Nous sommes également tout à fait ouverts aux critiques, disons, constructives, si possible.

Vous avez signé un contrat avec Fireflash Records, comment s’est passée cette collaboration ?
Giovanni : C’est une belle histoire ! Je vivais en Allemagne pour des raisons professionnelles et il se trouve que Barbara Francone – de NeeCee agency qui nous suit également en Italie – est venue en Allemagne pour rencontrer Markus Wosgien, le fondateur et propriétaire de Fireflash. J’ai apporté une démo sur son bureau, je lui ai parlé un peu de l’histoire du groupe et de nos projets pour l’avenir. Je pense qu’il a aimé notre proposition et nous nous sommes mutuellement sentis super bien ensemble, non seulement en termes de musique, mais aussi pour un sentiment de familiarité que Markus est vraiment capable d’exprimer. C’est une légende et nous sommes vraiment honorés de faire partie de la famille Fireflash.

Avec quels groupes aimeriez-vous partir en tournée ? Je te laisse créer une tournée (ou juste un concert) avec The Modern Age Slavery et trois autres groupes !
Giovanni : Slipknot, Behemoth, Benighted.

C’était ma dernière question, merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps et pour votre musique, je te laisse les mots de la fin !
Giovanni : Venez nous voir en concert ! C’est amusant !

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