Review 1750 : Eremit – Wearer of Numerous Forms

Perpétuons la légende d’Eremit.

Créé en Allemagne en 2015, le groupe composé de Moritz Fabian (chant/guitare, Dragged), Marco Baecker (drums) et Pascal Sommer (guitare) annonce en 2023 la sortie de Wearer of Numerous Forms, son troisième album, chez Fucking Kill Records.

Le trio a fait appel à Nightjar Illustration (AKA Adam Burke, connu pour les pochettes d’Angel Witch, Creeping Death, Evoken, Gatecreeper, Hath, Hooded Menace…) ainsi qu’à Hendrik « Brede » Bredemann (trompette) pour parfaire cet album.

Bien qu’il ne soit pas inhabituel de trouver des morceaux de très longue durée dans le Doom, et plus particulièrement le Funeral Doom, Eremit a frappé très fort avec ses trois titres, totalisant plus de deux heures d’écoute. Le groupe laisse tout d’abord le chaos s’exprimer sur Conflicting Aspects of Reality, recouvrant ses riffs d’une saturation ravageuse et incroyablement lourde pour un premier passage extrêmement violent, puis c’est à nouveau avec la lenteur que les musiciens nous laissent savourer leurs riffs. Tout dans ce titre appelle à la noirceur la plus pesante, que ce soit les hurlements étouffés, la rythmique massive ou les leads éthérés qui s’en échappent parfois. On retrouvera également quelques explosions plus virulentes qui rythment la masse sonore ainsi qu’une trompette funeste dont l’intervention est aussi glaciale que terrifiante, puis le chant deviendra plus plaintif avant que l’atmosphère ne s’apaise avec cette longue pause aérienne et mystérieuse. La saturation refera surface pour nous oppresser à nouveau, parfois accompagnée par des larsens entre deux notes lancinantes qui finiront par accélérer pour finalement nous mener au final anarchique au sein duquel le son des guitares finira par s’éteindre.

Entombed prend immédiatement la suite, couplant les riffs épais et gras à des hurlements imposants et à des parties de batterie plus dynamiques, rappelant parfois des influences Sludge avant de ralentir à nouveau. La rythmique saura également s’enflammer à nouveau, effaçant peu à peu la lenteur dans laquelle le groupe nous laisse nous empêtrer avant de nous laisser nous y engluer à nouveau en nous menant à Passage of Poor Light, le dernier des trois morceaux, qui dévoile son atmosphère pesante avec des sonorités inquiétantes suivies d’une mélodie apaisante qui s’intensifie progressivement. Quelques percussions viendront troubler la quiétude en nous menant à l’arrivée des riffs saturés puis à l’accélération sauvage avant de ralentir à nouveau pour dévoiler des tonalités imposantes et pachydermiques, hantées par les parties vocales. Le calme renaîtra pour un temps, mais c’est à nouveau la saturation qui l’assombrira par deux fois, suivie des accélérations ravageuses avant un final brumeux.

Avec ses précédentes sorties, Eremit avait placé la barre très haut, proposant un Funeral Doom éthéré et mystérieux avec un voile de Sludge, mais avec Wearer of Numerous Forms, le groupe prouve qu’il peut aller plus loin en proposant un véritable monument.

95/100

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