Review 1844 : Slow Fall – Obsidian Waves

Slow Fall continue sa route avec un deuxième album.

Créé en Finlande en 2016, le groupe à présent composé de Markus Taipale (chant), Juho Viinikanoja (guitare, Darklaid, Casket Soil), Heikki Kakko (guitare, Dream of Unreality), Markku Kerosalo (basse, Dream of Unreality), Janne Lukki (batterie, Tomb of Finland, Elvenscroll) et Lasse Launimaa (claviers, Dream of Unreality, Henget, Thyrane) signe en 2023 chez Out of Line Music pour présenter Obsidian Waves.

Le groupe place très rapidement ses racines mélodieuses et froides sur Polaris, le premier titre, qui accueille aussi bien les parties vocales massives que les claviers entêtants pendant que la rythmique file à vive allure pour nous mener sur Son Of Sleep, qui dévoilera une approche légèrement différente tout en conservant les sonorités majestueuses. Le chant clair fait également son apparition sur les couplets, laissant le break devenir beaucoup plus pesant sous les hurlements, avant qu’Obsidian Waves, le titre éponyme, ne nous inonde de ses riffs lourds soutenus par les claviers. Le contraste entre les différents éléments reste une part importante de cette composition rythmée par les changements d’intensité infusés de Metal Progressif tout en nous conduisant à Omega qui place des tonalités plus complexes, parfois même joyeuses ou inquiétantes, dans son mélange solide et incisif. Les éruptions de rage se font de plus en plus nombreuses, avant de s’apaiser sur l’introduction de Melancholy And Witchcraft qui emprunte au Doom/Death lancinant et imposant pour construire une rythmique épaisse et lente. Les derniers cris resteront les plus marquants, suivis par le retour de la froideur avec All The Blood dont les claviers n’est pas sans rappeler une approche Old School enivrante qui complète parfaitement les mélodies imperturbables, avant de laisser Reflections In The House Of Shadows nous écraser grâce à son rouleau de double pédale. Une douceur sombre brise la dynamique, qui se transformera en riffs saccadés agressifs et pesants, laissant les différentes parties vocales apporter leur impressionnante diversité, alors que Reaper Of Days proposera des sonorités plus accessibles. Le morceau se révèle également ancré dans les influences Progressive du groupe, autorisant aux parties lead une grande liberté pour embellir la rythmique accrocheuse avant de déboucher sur Crown Of Dead Leaves, la dernière composition. Sa longueur permet au groupe de nourrir leurs inspirations complémentaires pour transformer cet ultime titre en véritable tourbillon de mélodies, de mélancolie et de fureur qui alterne habilement entre chaque émotion.

Si vous n’aimez pas les morceaux simples et facilement étiquetables, Slow Fall va vous offrir un voyage glacial à travers mélodies et explosions virulentes sur Obsidian Waves, qui pousse chaque musicien à exploiter toutes ses capacités pour créer un résultat aussi surprenant que cohérent !

85/100

English version?

Quelques questions à Juho Viinikanoja et Heikki Kakko, guitaristes du groupe finlandais de Progressive Melodic Death Metal Slow Fall.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de votre temps ! Pourriez-vous vous présenter

ainsi que le groupe Slow Fall sans utiliser les étiquettes habituelles du métal comme « Progressive Melodic Death Metal » ?
Juho Viinikanoja (guitare) : Bonjour ! Je m’appelle Juho Viinikanoja et je joue de la guitare dans Slow Fall. Nous sommes un groupe de Metal de six musiciens originaires d’Oulu, en Finlande. Slow Fall est une cristallisation sonore de la lourdeur nordique et de la nostalgie désespérée. D’après les nouvelles, la Finlande est peut-être le pays le plus heureux à la surface de la Terre, mais au moins notre musique ne le reflète pas trop, haha.
Heikki Kakko (guitare) : Et je suis Heikki Kakko, l’autre guitariste du groupe. Bonjour ! Nous vous apportons des paysages mélancoliques dans vos oreilles.

Comment associez-vous le nom Slow Fall à l’identité musicale du groupe ?
Heikki : Je l’ai souvent associé à une vision ou à un rêve où l’on tombe lentement dans un abîme ou quelque chose comme ça. D’un autre côté, l’idée d’un automne lent ou très long me semble tout aussi juste.
Juho : La chute lente et inévitable vers le vide.

Votre deuxième album Obsidian Waves est sorti il y a quelques semaines maintenant, comment vous sentez-vous ? Avez-vous déjà des retours ?
Heikki : Je pense que nous sommes tous assez fiers de cet album et jusqu’à présent, nous avons eu des retours et des critiques plutôt élogieux. Pour moi, personnellement, c’est spécial car j’ai obtenu mes premières notes en tant que compositeur. J’ai hâte d’aller plus loin.
Juho : Je pense qu’Obsidian Waves est le début de quelque chose de nouveau pour nous. Je pense que nous avons trouvé notre propre son avec cet album et c’est aussi ce que les gens nous ont dit. J’adore jouer avec eux et j’ai hâte de faire plus de concerts et de commencer à écrire de la nouvelle musique ensemble. 

Comment résumeriez-vous l’identité d’Obsidian Waves en trois mots ?
Juho : Courageux, honnête, polymorphe.
Heikki : Excitant, cathartique, beau.

Comment s’est déroulé le processus de composition pour Obsidian Waves ? Avez-vous remarqué des différences avec les précédents albums ?
Juho : La principale différence cette fois-ci est que tout le groupe a participé davantage à l’écriture et à l’arrangement des chansons, donc d’une certaine manière Obsidian Waves ressemble plus à un album de groupe. Notre chanteur Markus a écrit deux chansons et Heikki a écrit une belle intro acoustique pour la chanson Crown of Dead Leaves. La plupart de la musique a été écrite par moi et notre bassiste Markku et nous avons écrit les chansons ensemble ou chacun de notre côté.
Heikki : Rien à ajouter.

Qu’en est-il de l’artwork, quelles étaient les lignes directrices et comment s’accordent-elles avec la musique que vous avez créée ?
Juho : La seule ligne directrice pour les illustrations était d’utiliser de vraies photos cette fois-ci. Nous avons fait la connaissance de Vesa Ranta lorsqu’il a tourné le clip de Polaris pour nous et nous savions qu’il était aussi un photographe très talentueux. Nous lui avons donc demandé quelques photos et il nous en a envoyé plusieurs que nous avons finalement utilisées pour la pochette de l’album. Les photos de Vesa sont très atmosphériques et je pense qu’elles correspondent parfaitement à notre musique.
Heikki : Je suis d’accord.

Où trouvez-vous l’inspiration pour créer votre musique ?
Heikki : Je pense que la nature et la forêt jouent un rôle important. Ainsi que la nature humaine.
Juho : L’inspiration peut être trouvée partout. Pour moi, les plus grandes sources d’inspiration en dehors de la musique sont les films et les livres mais la vie quotidienne en général est peut-être la plus grande. Il y a toujours quelque chose à se mettre sous la dent, haha.

Dans les chansons d’Obsidian Waves, on peut sentir beaucoup d’influences : Death Metal mélodique et le Progressive Metal bien sûr, mais aussi un peu de Doom/Death sur Melancholy And Witchcraft et presque du Black Metal sur Omega. Comment parvenez-vous à trouver le bon équilibre entre tout cela ?
Juho : Nous aimons tester nos limites à chaque nouvel album. Je pense qu’au final, cela se résume à la structure de l’album et à placer les chansons dans le bon ordre. C’est certainement un processus assez délicat avec notre style très varié, mais aussi très gratifiant. Nous ne voulons certainement pas écrire deux fois la même chanson, car nous voulons que chaque chanson ait sa propre identité tout en formant un album solide et fort dans son ensemble. Ce serait super ennuyeux d’avoir 9 titres identiques sur le même album.
Heikki : Je pense que Juho sait vraiment comment composer un album, même si chaque chanson est différente. Bien sûr, nous devons choisir les chansons ensemble pour l’album.

Est-ce que vous avez une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album ?
Heikki : Mes préférées sont Melancholy & Witchcraft et Crown of Dead Leaves. Je suis vraiment content de ce qu’elles ont donné. On a atteint un certain niveau d’épique !
Juho : Elles sont toutes très proches de moi pour différentes raisons mais je préfère aussi les plus épiques. Cependant, la chanson la plus difficile à arranger en tant que groupe a été Reflections in the House of Shadows, cela a vraiment pris du temps pour la faire fonctionner correctement. Voyons si nous pourrons un jour la jouer en live, haha.
Heikki : Non !

Le groupe a accueilli deux nouveaux membres en 2021, le claviériste Lasse Launimaa et le batteur Janne Lukki. Est-ce que c’était facile d’ajouter de nouveaux membres au groupe et au processus de composition ?
Heikki : Je connais Lasse depuis l’âge de 5 ans et nous avons commencé à jouer ensemble à l’âge de 11 ans, je crois. Markku le connaissait aussi depuis longtemps et nous avons déjà joué ensemble tous les trois. Comme nous avons eu deux anciens groupes avec lui, c’est génial d’avoir à nouveau un type aussi génial dans le même groupe. Et Janne est un vieil ami du chanteur Markus et c’est un batteur vraiment génial, donc oui, le processus a été assez facile.
Juho : Nous n’acceptons que les meilleurs et nous les avons eus ! Et le processus de composition a été très facile avec Lasse et Janne car ils sont tous les deux très professionnels et pleins de bonnes idées. 

Pensez-vous que vous continuez à vous améliorer en tant que musiciens et compositeurs ?
Juho : Bien sûr ! Je pense que la meilleure façon de m’améliorer en tant que musicien est d’apprendre ce que les autres membres du groupe écrivent. Et bien sûr, nous sommes tous très dévoués à ce groupe et nous faisons de notre mieux à chaque fois que nous jouons en live ou que nous enregistrons un album, etc. En tant qu’auteur-compositeur, je veux juste rester honnête envers moi-même et jouer de la musique qui vient directement du cœur.
Heikki : En tant que musicien, je pense qu’il m’est difficile de ne pas m’améliorer. Nous entendons tellement de musique de nos jours et chaque petite chose peut laisser une trace dans mon cerveau pour plus tard, pour une idée sur la façon de mieux m’exprimer musicalement. Se promener sur le manche de la guitare est toujours un moyen magique de passer du temps, donc ça aide. Et en tant qu’auteur-compositeur, je ne fais que commencer.

Le dernier concert du groupe a eu lieu au Qstock 2023 à Oulu, comment s’est déroulée cette expérience pour vous ? Qu’est-ce que jouer à ce festival signifie pour vous en tant que groupe finlandais ?
Juho : C’était assurément une grande expérience ! Qstock est le plus grand festival de musique de tout le nord de la Finlande avec ses 40 000 festivaliers pendant deux jours. Nous avons pu jouer le même jour que des groupes comme Megadeth et VV, donc bien sûr, c’était génial de jouer là-bas.
Heikki : Tout s’est bien passé. C’est facilement l’une de mes meilleures performances. La pluie battante de la moitié à la fin n’a fait qu’améliorer les choses 🙂 Je pense que nous avons eu quelques éclairs aussi. Ce serait génial d’y retourner l’année prochaine.

Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson, ou peut-être plus.
Heikki : Je n’en ai pas de particulier en tête. Naturellement, ce serait excitant de faire quelque chose avec l’un de ceux que nous avons écoutés pendant toutes ces années. Nous verrons bien.
Juho : Nous verrons si quelque chose d’intéressant se présente à un moment donné. Toutes ces collaborations doivent être basées sur un bon jugement, et ne pas être juste une astuce marketing bon marché. 

Le groupe est signé avec Out of Line Music et maintenant avec Hell Frog Promotion pour le booking et le management, qu’est-ce que ça vous fait d’avoir ces gens à vos côtés ?
Juho : Bien sûr, c’est génial d’avoir des gens aussi professionnels qui travaillent à nos côtés. Ils savent vraiment ce qu’ils font, ce qui nous permet de nous concentrer sur le côté créatif de ce business.
Heikki : En effet. Jusqu’à présent, tout va bien, haha.

Peut-être connaissez-vous la scène Metal française ? Quels sont les groupes que vous aimez ?
Juho : J’aime vraiment Gojira et j’adore leurs anciens albums comme From Mars to Sirius et The Way of All Flesh. Mais je pense que mon groupe français préféré est Alcest, j’aime tous leurs albums et j’adorerais les voir en concert un jour.
Heikki : Alcest ! Leur musique est une excellente compagnie pour les longues marches. Gojira marche aussi, c’est sûr. Nous les avons vus au festival Tuska en 2018. Malheureusement, nous étions complètement ivres.

Si vous deviez organiser un concert pour la sortie d’Obsidian Waves, avec quels groupes aimeriez-vous jouer ? Je vous ai laissé créer une affiche avec Slow Fall et trois autres groupes !
Juho : Nous avons joué notre concert de sortie avec Woeful qui est aussi un groupe d’Oulu. Je pense que ces gars ont fait du Rock super fort donc je les choisirais à nouveau. Pour les deux autres groupes, j’abandonnerais toute raison et je continuerais avec des groupes qui n’existent plus. Je pense que je me serais pissé dessus si j’avais joué avec Children Of Bodom et Sentenced.
Heikki : Bien sûr, allons-y avec ceux-là. 

Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique de Slow Fall ?
Juho : Ce n’est sûrement pas un seul plat mais tout un buffet !
Heikki : Juho a raison ! Mais je dirais un ragoût frit avec de la viande de gibier comme de l’élan et du renne. Une purée de pommes de terre au beurre et de la confiture d’airelles. Un plat traditionnel finlandais.

C’était ma dernière question, merci à nouveau pour votre temps et votre musique, je vous laisse les mots de la fin !
Juho : Merci pour votre intérêt et n’hésitez pas à écouter notre musique sur la plateforme de votre choix !
Heikki : J’espère que nous pourrons jouer en France l’année prochaine. On se voit aux concerts ! Merci beauté, au revoir !

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