Review 1867 : Tempt Fate – Holy Deformity

Tempt Fate a achevé son deuxième album.

Créé en 2014 dans le sud de la France, le groupe composé actuellement de Simon Guennoc (chant), Pierre-Louis Riff (guitare, Nervengeist), Quentin Geniez (batterie, Nervengeist, ex-Stormhaven), Anthony (basse) et Jean-Phi (guitare) signe avec Almost Famous Records et annonce Holy Deformity pour 2023.

Deadlights, le premier morceau, se montre rapidement très agressif avec une rythmique saccadée infusée de Death et de Thrash Metal sur laquelle le vocaliste se déchaîne. Le groupe ajoute tout de même quelques mélodies dissonantes, puis laissera également des samples nous guider vers un final inquiétant, puis vers God Ends Here, qui renoue immédiatement avec la rage brute. Quelques sonorités plus sombres viennent donner du relief à ces riffs Old School vifs que le mix pesant rend étouffants, et c’est après une moshpart efficace que le groupe laisse G.I.D. prendre la suite en conservant son énergie sauvage. On notera un solo explosif vers le milieu de la déferlante, avant que le groupe ne laisse sa rythmique reprendre le dessus en nous menant à Holy Deformity, le titre éponyme, qui dévoile des parties lead perçantes avant que la base groovy ne refasse surface, accompagnée par les hurlements habituels. Entre sonorités hypnotiques et agressivité, le final laissera Filth of Life nous écraser à son tour en proposant un son massif mais relativement accrocheur en intégrant quelques passages explosifs, mais également des parties plus lentes avant que Purge ne pioche dans des racines Grindcore avant d’ajouter quelques mélodies aériennes à sa charge virulente. Grindfate proposera une approche plus imposante, avec notamment ce rouleau de double pédale ou de blast qui sera parfois coupé par quelques breaks plus Old School, laissant finalement Erlebnis refermer cet album avec une dose de dissonance qui sait parfaitement s’intégrer à la violence omniprésente du groupe.

Bien qu’un peu court, ce deuxième album prouve que Tempt Fate sait faire du riff efficace en mélangeant ses différentes influences. Holy Deformity n’a pas à rougir devant les sorties récentes, et emmènera sans problème le groupe sur la route !

80/100

English version?

Quelques questions à Pierre-Louis “Pilou” Riff, guitariste du groupe français Tempt Fate à propos de la sortie de leur nouvel album, Holy Deformity.

Bonjour et tout d’abord merci de m’accorder de ton temps ! Comment te sens-tu ?
Pierre-Louis “Pilou” Riff (guitare) : Je suis comme toi très fatigué, mais ça va ! (rires)

Est-ce que tu peux vous présenter un peu, le groupe et toi ?
Pilou : Je suis Pilou, Pierre-Louis, je suis guitariste du groupe Tempt Fate, on joue du Death Metal… Brutal Death même. Il existe depuis une dizaine d’année, on est cinq et on est déjà stables depuis un moment, donc deux guitares, une basse, un chant, et une batterie.

Comment pourrais-tu décrire le groupe Tempt Fate sans utiliser les habituelles étiquettes “Metal” ?
Pilou : Waow… c’est compliqué ! Ca blaste… mais ça aussi c’est une étiquette. Disons qu’il y a des rythmes qui vont très très vite, donc des tempos très élevés, beaucoup de mélodies, des choses plus dissonantes aussi, des parties très lourdes… Ça crie très aigu et très grave, ça fait des bruits de chouette et des bruits de lavabo !

Ca c’est original !
Pilou : Ah tu m’as demandé du général, moi je te présente le quotidien des gens (rires) ! De la salle de bains au salon, on a des bruits différents 

*le bassiste arrive*
Anthony (basse) : Salut, moi je suis Anthony, le bassiste de Tempt Fate.

Votre deuxième album, Holy Deformity, sort en septembre, comment est-ce que le groupe vit le moment d’attente ?
Pilou : Il nous tarde ! On est quand même contents qu’il y ait l’été pour prendre des vacances et passer à autre chose ! Ca fait longtemps qu’on bosse dessus et c’est bien qu’il y ait une petite pause, au niveau du studio et tout ça.
Anthony : Même chose, c’est bien de pouvoir temporiser jusqu’à la sortie, c’est nécessaire que tout ne soit pas dans la foulée. On a quand même envie d’avoir des retours, de savoir comment ça va fonctionner.

Justement, est-ce que vous avez déjà eu des retours sur Holy Deformity ?
Pilou : Non, parce qu’on a tout juste commencé la promo, on a également terminé l’enregistrement récemment donc avec le Hellfest où on a bossé avec Roger  (Roger Wessier, de Where The Promo Is, ndlr) qui a pas mal partagé tout ça, en réalité à part les gens qu’on connaît, non. Pas que ce n’est pas intéressant, mais les gens que tu connais personnellement n’ont pas un retour neutre. Donc on verra en septembre ce qu’il en est, ou si entre temps des chroniques arrivent, ce qui sera sûrement le cas.
Anthony : Quelques retours sur des choses qu’on a pu tester en live, et j’ai l’impression que ça a bien fonctionné.

Comment s’est passé le processus de création ? Est-ce qu’il a changé, ou est-ce que vous êtes restés sur la même formule ?
Pilou : Ce qui a radicalement changé, c’est que dans la création, il y a aussi la composition. Je composais majoritairement seul, et cette fois l’autre guitariste a énormément écrit pour cet album. Pour les textes, Anthony a aussi participé à l’écriture des textes, mais avec Jean-Phi, l’autre guitariste, on écrit beaucoup. On a ensuite continué à faire un concept que l’on connaît, même si on a pas non plus énormément d’albums, mais on part d’un concept dans la psychologie, autour de l’angoisse et du déchirement corporel, et on traite ça sous forme de fiction, mais pas que, il y a un fil conducteur qui nous mène à travers les morceaux.

L’album est un mélange globalement très solide de Death Metal brutal, mais aussi de quelques mélodies, d’un peu de Thrash, de patterns Old School… Comment arrivez-vous à combiner toutes vos influences ?
Pilou : De façon très bateau ! Quand tu fais faire “touka touka touka” à la batterie, tu vas avoir du Thrash, quand c’est plus compact tu vas avoir du Death (rires). J’exagère ! On baigne dedans depuis un moment, je vais toujours citer les mêmes groupes : The Black Dahlia Murder, Aborted Il y a des recettes qui fonctionnent et que l’on emprunte un peu : couplet, refrain, comment amener certains passages rythmiquement parlant, et ça donne du corps. Ensuite, il faut trouver des mélodies, et surtout tes propres recettes. 

Trouver ton propre style donc. Est-ce que vous pensez l’avoir trouvé ?
Pilou : Sur cet album, oui. On l’a beaucoup cherché, même s’il y a eu des EPs entre temps, où on avait déjà défini quelque chose, et où on avait déjà commencé à composer quelques morceaux pour l’album, mais depuis Human Trap tout s’est affiné, et on tient quelque chose dont on est très contents, il y a une globalité et une cohérence pour nous, on est contents.

Comment choisissez-vous les pochettes des albums ? J’avais énormément été intriguée par la pochette de Kalt.
Anthony : Ca fait plaisir à entendre ! C’est juste un dessin crayonné à la base, qui a finalement donné cet effet là. On s’est dit qu’on allait l’utiliser, alors j’ai exploité ça en reprenant ce crayonné, et du coup on avait déjà une idée de pochette d’album dont on avait parlé, il a fallu créer une suite de visuels qui allaient se répondre les uns aux autres, en gardant une cohérence.

Vous ne faites pas appel à un graphiste ?
Anthony : Plus depuis Kalt.

Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un titre préféré sur l’album ? Ou celui que tu as hâte de jouer en live ?
Pilou : On triche un peu, parce qu’on en a joué quelques uns sur les derniers concerts qu’on a fait, histoire de teaser. Pour ma part, il y en a deux, celui qui est sorti en single juste avant le Hellfest, God Ends Here, ainsi que Filth of Life, car il est différent, il y a de tout et techniquement on retrouve plein de choses, je pense que c’est quelque chose qui peut marcher en live.
Anthony : Même chose, même si je ne pense pas que ce soit mon préféré, j’ai hâte de voir comment il sera reçu, et ça peut être un beau moment de live. J’ai une petite affection sur plusieurs morceaux, mais c’est dur de choisir. Je suis curieux de voir ce que va donner Purge, mais ce n’est pas sûr qu’on le joue en live, on ne sait pas vraiment, mais j’ai hâte de le mettre en place.

Holy Deformity sort sur le label Almost Famous Records, comment s’est passé le contact avec le label ?
Pilou : Très naturellement, on connaît Sam et Guillaume depuis un moment, car ils ont des groupes qui ont pas mal tourné, Point Mort, Kontrust… Ce sont des amis, comme on organise aussi des concerts, on les a fait jouer, ils nous ont fait jouer, on est devenus proches et c’était naturel, en terme de premier label qui nous signe, que ce soit dans une structure familiale et facile, tout simplement.

Plus simple à gérer ?
Pilou : Exactement.

Quels sont les groupes qui t’ont marqué sur cette édition du Hellfest ?
Pilou : On est bénévoles tous les deux, donc on bosse beaucoup ! On a pas vu beaucoup de choses cette année, même si on fait beaucoup de festivals. Pour ma part, c’est surtout des groupes assez bourrins, je vais citer les copains de Kamizol-K qui ont ouvert la Warzone jeudi, c’est du Hardcore, à 17h c’était blindé et ils ont fait un set incroyable ! C’était carré de A à Z, ils ont tout défoncé et c’était pour moi une grosse surprise ! Dans les leçons, Aborted comme d’habitude, ça fait partie des Top 5 dans le Death Metal, et Lorna Shore que j’étais très content d’enfin voir en live. Très démonstratif, mais j’étais là pour prendre une leçon, et je l’ai prise !
Anthony : Je ne vais pas citer les mêmes, mais j’étais très content d’avoir revu Gorod, ça fait plaisir, et LLNN, une grosse claque.

Est-ce qu’il y a un artiste avec lequel vous souhaiteriez collaborer ? Que ce soit pour un titre, un album, un artwork…
Pilou : On a déjà collaboré avec Pauline, je ne sais pas s’il faut l’appeler c3po.lette, vu que c’est son pseudo, pour l’artwork que l’on a sorti pour un EP qui s’appelle Hold, et on est très content de ce qu’elle a fait. On avait un cahier des charges, elle l’a suivi, ça a très bien marché. Peut-être que l’on retravaillera avec elle, je ne sais pas… Dans l’idée, il y a un moment j’aurais aimé que l’on travaille avec un anglais je crois qui avait fait la pochette de Benighted pour Necrobreed (Irlandais, ndlr). J’aimais vraiment son coup de crayon, et il a bossé avec plein d’autres groupes, et pour nous ça ne s’est pas fait. Après je ne sais pas, peut-être qu’un jour on fera des featurings avec des chanteurs, pourquoi pas Julien (Julien Truchan, chanteur de Benighted, ndlr) s’il est chaud un jour !
Anthony : Personnellement je n’ai pas d’idée qui me vient !

Si je vous demandais à quel plat français pourriez-vous comparer la musique de Tempt Fate, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Pilou : Spontanément je vais dire l’aligot parce que je viens de l’Aveyron, mais ce n’est pas vrai, ça ne me fait pas penser à ça (rires) ! Demande à Anthony, je réfléchis !
Anthony : On est allés au Vietnam avec Pilaf il y a quelques années, et il y avait une sauce pimentée qui était sur toutes les tables de restaurants, un peu orange (Sauce Nuoc Châm, ndlr). Ils mettent un peu de sucre, un peu d’ail dedans, il y a ce truc qui te casse la gueule, mais tu ne peux pas t’empêcher d’en reprendre ! Et même si tu tires ta petite larme, tu y reviens à la petite cuillère.
Pilou : Je dirais la même chose, mais avec un œuf dedans. Un œuf fécondé et cuit (rires) ! J’ai aussi mangé ça au Vietnam en fait !

Dernière question: avec quels groupes rêveriez-vous de tourner ? Je vous laisse créer une tournée avec trois groupes, plus Tempt Fate en ouverture.
Pilou : Déjà, on va jouer avec Gorod en Septembre pour notre release party. Le Metal On The Beach Festival que l’on organise en Aveyron, là où il y a l’aligot ! On sort l’album le 7 septembre, et la release est le samedi 9. C’est un point très fort, un est très content, mais tourner avec The Black Dahlia Murder, j’aimerais vraiment ouvrir pour eux !
Anthony : C’est ce qui me paraît aussi le plus cohérent, on peut dire ça au nom de tous les musiciens du groupe !

Vous êtes donc plutôt raccord !
Pilou : Sur cette question là oui ! Sur la question des styles on est plus variés, mais sur ça oui.

C’était ma dernière question, je vais vous laisser les derniers mots !
Pilou : Il faut venir au Metal On The Beach, c’est tout (rires) ! Ca joue, c’est familial, on peut se baigner ! C’est en Aveyron, à Pont-de-Salars (12290) ! Tout est sur Facebook, il y a 300 personnes maximum, on bosse avec Noiser, une association de Toulouse qui sont super ! On ne peut que vous recommander d’y aller, c’est pas très cher !
Anthony : Même chose, il faut venir, il y aura de l’aligot.

Ça revient souvent, vous avez faim ?
Anthony : Oui (rires).

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