Live Report : Mennecy Metal Fest 2023 – Day 2

C’est dès onze heures que la deuxième journée débute, avec une conférence de presse de Jean-Philippe Dugoin-Clément, Maire de Mennecy, qui porte le t-shirt de cette édition 2023. 

Ce sera l’occasion pour lui de souligner l’unicité de la présence du Metal dans le 91 grâce au festival, malgré un déficit important que le reste de la programmation culturelle lui permet de soulager, mais également la similarité des conditions d’accueil pour tous les artistes, émergeants ou confirmés. On y apprendra également la raison du changement de date du festival : la Fête de l’Humanité se tiendra à quelques kilomètres le week-end suivant. Le Maire répondra ensuite à une poignée de questions, que ce soit sur l’organisation, le line-up ou la structure relativement familiale, et remerciera à nouveau la quarantaine de bénévoles qui rendent la chose possible, puis nous laissera repartir en permettant à Musiko_Eye, label qui accompagne le festival depuis sa création, de nous offrir quelques présents.

Les concerts débutent donc avec Empire, un quintet qui semble être immédiatement transporté hors de la scène dès ses premières notes. Chaque musicien est possédé par sa partie, donnant un résultat visuel assez original en plein jour, mais qui reste extrêmement cohérent, mêlant un Post-Metal lancinant à des touches plus modernes qui rythment les compositions, laissant parfois un chant clair apparaître pour nous guider. Entre deux titres, les musiciens reviennent à eux et nous remercie chaudement, et c’est devant un public clairsemé qu’ils achèveront leur performance.

On passe à quelque chose de plus énergique avec Lead the Fall, qui va proposer un son aux accents core groovy et burné sur la petite scène, qui va finir par motiver le public, et à pousser le groupe à redoubler d’énergie ! Le vocaliste brisera même son marchepied sous l’engouement, avant de nous inciter à “la bagarre”, parce qu’on est “chauds”, et vu le cagnard, c’est le moins que l’on puisse dire. Les breaks s’enchaînent, laissant même quelques infrabasses alourdir les riffs déjà massifs, laissant également les harmoniques dissonantes et les choeurs hurlés du bassiste ajouter du contenu à cette méchante claque auditive que nous assène le groupe ! Un bon réveil-matin à quatorze heures !

On change de style avec le Nu Metal déjanté de Monnekyn, qui bien que le style soit très loin de mes repères, va nous surprendre, offrant même un court spectacle de breakdance avant que les vocalistes ne reprennent possession de la scène. Le retour dans les années 2000 frappe fort, et si certains semblent totalement réfractaires, les musiciens se donnent à fond pour nous offrir un spectacle énergique en toutes circonstances, ne laissant la pression retomber qu’à la fin de leur set. Félicitations !

Worselder va à nouveau changer de style en proposant une approche moderne de Hardcore, Thrash et Groove motivante, le tout servi par un groupe aussi souriant que motivé et mené par un vocaliste très expressif. Les influences se multiplient tout en restant au service de la violence brute, et le groupe prend petit à petit le statut de bonne surprise en séduisant un public qui grossit doucement, malgré l’omniprésence du soleil. Quelques choeurs s’ajoutent aussi au chant principal, laissant le vocaliste haranguer son public pendant que les musiciens alignent leurs parties sans broncher, que ce soit du tapping ou une rythmique plus simple.

Retour dans des sonorités plus classiques avec les australiens d’Electric Mary qui nous promettent une grosse tranche de Hard Rock survolté où chaque musicien s’amuse comme un petit fou. Les mimiques du vocaliste restent amusantes et décalées, pendant que les musiciens haranguent un public visiblement très heureux de profiter de ce son accrocheur qui sent la bonne humeur, le moteur chaud et le whisky. Et encore une fois, si sur album le groupe me laisse entièrement de marbre, sur scène c’est une toute autre expérience, car les cinq joyeux lurons débordent d’énergie et assurent un show entraînant. “We do our very best!” promet le chanteur en riant, avant de continuer leur concert, sous des acclamations méritées.

L’ambiance sera la même pour le concert de The Mercury Riots et ses influences que l’on retrouve entre AC/DC et Mötley Crüe, tenues de scène à l’appui. Les solos déjantés couplés à cette base de bonne humeur et de mimiques toutes plus motivantes les unes que les autres font de ce show une véritable boule d’énergie qui grossit et ne manque pas d’absorber chaque curieux qui passe près de la scène, et qui ne s’arrêtera que pour nous laisser à peine respirer entre chaque morceau. Tous les musiciens participent aux choeurs, qui finiront par être repris par les premiers rangs pour le plus grand plaisir des américains !

Le tant attendu TTT / Tribute To Thrash vient sur la scène principale pour une leçon de leur art, et elle va rapidement débuter par une première reprise mythique, et qui sera suivie de bien d’autres, toutes ancrées dans les années 80 et 90. Les quatre musiciens ont un CV déjà blindé, et ça se sent dans leur maîtrise à la fois de leur instrument, mais aussi dans leur présence scénique : tous se relaient pour chanter, laissant les autres headbanguer en jouant, et tous offrent une qualité brute et agressive, qui aura tôt fait de faire remuer et tourner le public sur simple demande. Pari réussi, et guitares offertes à la clé !

Il fait très chaud lorsque les Sticky Boys prennent la scène, pour proposer leur Hard Rock certes énergique et motivant, mais qui va une fois de plus me laisser de marbre. Les trois musiciens en chemise cravate semblent toutefois avoir de l’énergie à revendre, et rien n’est faux dans ce qu’ils jouent, mais je vais à nouveau passer mon tour et laisser les spectateurs les plus acharnés apprécier le moment.

On revient dans des sonorités qui me parlent avec l’arrivée d’Akiavel, que je peux enfin voir sur scène après de nombreux retours positifs. Tout ce que l’on m’a raconté est vrai : le regard d’Auré (chant) est terrifiant lorsque la chanteuse se met à hurler à pleins poumons, les musiciens assurent et restent extrêmement complices, n’hésitant jamais une seule seconde à jouer ensemble, que ce soit lors des riffs les plus effrénés en headbanguant ou lors d’accalmies angoissantes, menés à nouveau par la dame qui déambule sur scène. Côté son, je n’ai absolument rien à redire sur leur Death Mélodique acéré qui fait des ravages dans la fosse, le quatuor toulonnais tient aisément ses promesses violentes !

La soirée continue dans la violence avec le premier des deux shows des ukrainiens de Karpathian Relict, qui attaquent avec leur Death Metal Technique sous des lumières rougeoyantes. Le son est très bien géré, autant pour les parties massives que les harmoniques plus travaillées, et on sent que malgré un certain stress, le groupe est content d’être là, et les nuques vont se délier pour laisser place à de véritables séances de headbang. Le vocaliste n’hésite pas à vivre ses parties vocales, comme sur ce morceau où il placera un genou à terre en grimaçant, confirmant ainsi la puissance ressentie sur l’album, mais il ne se privera pas non plus pour nous remercier d’assister à leur show avant d’annoncer le titre suivant. Quelques excités réussisent à se réunir au centre de la fosse pour créer un petit pit, qui semble également très apprécié par les membres.

Retour en scène principale pour un instant de nostalgie avec Black Bomb A et leur fumeux (notez le jeu de mot) mélange de Hardcore groovy mené par un Poun qui ne tient pas en place en hurlant, et un Arno beaucoup plus modéré mais qui n’hésite pas à haranguer une fosse déjà bien motivée. Mais étrangement, le son restera assez brouillon ce soir dans le parc de Villeroy, et je peine à reconnaître les morceaux les plus anciens que j’écoutais au lycée, alors que le groupe semble pleinement satisfait de sa prestation. Outre les messages politiques engagés, Poun se ruera également dans la fosse, prétextant vouloir “sentir notre odeur”, chose assez originale, mais qui donnera lieu à un nouveau mouvement de foule ravageur, et qui durera jusqu’au dernier titre, véritable ôde à la consommation herbeuse. 

Alors que l’avion qui devait les emmener à nous depuis l’Allemagne accusait du retard, c’est avec une joie non dissimulée que je vois Master débuter un set Old School de qualité qui va se montrer très impressionnant dès les premières notes. Outre la présence scénique et vocale massive de Paul Speckmann (basse/chant), ses deux camarades ne sont pas en reste, gérant une rythmique sans faille à base de blast beat inarrêtable pour l’un, et d’harmoniques sanglantes (parfois légèrement sous-mixées) pour l’autre, qui n’hésite pas à se mettre en avant, et bien que courts, les titres sont incisifs ! Le groupe s’arrêtera de temps à autre pour nous remercier ou annoncer le nom du prochain carnage, laissant à l’imposante foule le temps de respirer avant de repartir à l’assaut jusqu’au dernier instant.

Le dernier groupe à fouler la scène de la Menn’Stage n’est autre que la légende suédoise At the Gates, qui va débuter son set avec un titre de leur dernier album. Mais il n’est clairement pas le moins vif, et va immédiatement mettre tout le monde d’accord : malgré des leads en dents de scie, le groupe est toujours aussi énergique ! Les premiers slammeurs ne tarderont pas à s’élancer alors que quelques samples introduisent les morceaux de To Drink From the Night Itself ou At War With Reality. Le groupe repartira sur l’album Slaughter of the Soul, laissant les cris les plus bruts de Tomas Lindberg (chant) s’abattre sur l’instrumentale virulente mais toujours aussi mélodieuse, et au fur et à mesure que le pit grossit, on se rend compte que le groupe nous offre l’intégralité de Slaughter of the Soul, à peine entrecoupé de remerciements rapides ! Malgré ce petit manque de communication avec son public et des problèmes toujours aussi récurrents au niveau des leads pour les personnes les plus éloignées, le son reste assassin. Ils refermeront leur set avec The Night Eternal, un titre beaucoup plus planant où Jonas Björler (basse) et Martin Larsson (guitare) se retrouvent face à face pour un final aérien, suivi d’acclamations méritées.

 

La journée fut dense et éreintante, mais surtout ponctuée de découvertes, de confirmations et de gros son dans presque tous les registres. Impossible de ne pas avoir été convaincu par les pointures, mais aussi surpris par les formations plus jeunes, qui n’ont pas démérité en tenant du début à la fin des sets maîtrisés. L’appel du lit se fait sentir, et le parc se vide, mais ce n’est que pour mieux se remplir le lendemain.

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