Review 1992 : Gnaw Their Tongues – The Cessation of Suffering

Comment présenter Gnaw Their Tongues ?

Projet le plus connu du créateur néerlandais né au Suriname Mories (Aastraal, Caput Mortuum, Cadaver Shrine, De Magia Veterum, Hagetisse, The Black Mysteries…), il est aussi le plus étrange, mêlant Black Metal, Noise et Musique Expérimentale. The Cessation of Suffering, son quinzième album, sort en 2023 sur le label Consouling Sounds.

J’ai écouté l’album intégralement une première fois avant de commencer à écrire, ne sachant réellement que dire. L’oppression est véritablement le maître mot de ce disque, assurément plus que n’importe quel autre. Si les choeurs mystiques de Dreamless, le premier titre, laissent penser à quelque chose d’aérien, les éléments bruitistes qui suivent vont rapidement infirmer cette théorie, faisant croire au chaos avant de cesser, pour laisser The Veneer prendre la suite grâce à des racines Industrial froides où le musicien déploie sa chape de plomb et ses quelques cris étranges. L’inquiétude nous gagne, et pour peu que l’on se trouve dans le noir, c’est la paranoïa qui s’installe, avant de laisser Salvation Body écraser les notes mélancoliques de piano avec une saturation infernale, d’où des cris d’angoisse émergent avant de proposer une approche relativement majestueuse sur The Cessation Of Suffering. Ne prenez pas ce terme au pied de la lettre, car il reste habité des hurlements possédés et des bruits habituels, mais la composition éponyme est quelque peu… imposante, s’autorisant même un break dissonant au clavier avant de repartir dans sa marche lancinante. Le musicien fait de Mensenlucht un titre un peu plus entraînant, glissant quelques beats électroniques en arrière-plan pour donner à la brume une sorte de rythme avant de se montrer plus agressif sur le final, puis de renouer avec les tonalités mystiques sur Vengeful Spit, où les cris fantomatiques et le voile de saturation viennent assombrir le mélange, le rendant même presque entêtant par moments. L’approche énergique est choisie pour Met Huid En Haar, qui reste engluée dans ce rideau opaque et inquiétant où la basse apparaît en maître pour nous mener à travers ce dédale d’effets qui débouche sur Throatrot, où le phénomène est amplifié pour créer un véritable sentiment de mal-être, rendant l’écoute presque pénible jusqu’à ce qu’une douce mélodie n’apparaisse. Elle finira par s’effacer avec The Departure Of Light, un titre extrêmement pesant et saccadé qui intègre également un sample vocal étrange, à moitié effacé par les frappes folles qui ne s’apaiseront que pour laisser Messen offrir des tonalités relativement accessibles, du moins avant que les parties vocales n’apparaissent, pour finalement refermer l’album avec son intensité habituelle.

Je ne sais pas ce qui est le mieux. En connaissant Gnaw Their Tongues, vous savez de quoi l’homme est capable, et vous allez redouter le meilleur (ou le pire), mais en ne connaissant pas le projet, vous serez à la fois surpris et horrifié. The Cessation of Suffering a redéfini la terreur musicale de 2023.

90/100

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