Review 2068 : 20 Second Falling Man – Resilience

Suite de l’aventure 20 Seconds Falling Man.

Après deux EPs et un album, la formation nantaise menée par Arnaud Le Guiader (chant), Gregory Dutein (guitare), Pierre-Denis Hamel (guitare), Maxime Cuypers (basse) et Alain Minot (batterie) reviennent en 2024 avec Resilience, leur second album.

L’album débute avec la rythmique énergique et enjouée d’In The Gloom, la première composition, qui propose immédiatement un son dissonant et lourd, auquel s’ajoutent des hurlements viscéraux et déchirants. Les riffs fluctuent naturellement pour devenir parfois plus majestueux pendant que le vocaliste se déchaîne, ajoutant même quelques leads entêtants avant de s’apaiser pour mieux exploser et nous mener vers Resilience et sa douce mélancolie. Le chant clair alimente l’ambiance lénifiant qui s’enflamme pour nourrir le contraste intense qui se pare d’une saturation pesante avant de s’imprégner d’oppression sur la dernière accélération, avant de laisser la quiétude nous accompagner sur la chaotique Shadow of the Past. Les choeurs fédérateurs rejoignent le chant principal tout en nous préparant à ces vagues de noirceur que le groupe déchaîne avec brio avant d’opter pour un son plus lancinant mais toujours aussi profond qui ne s’arrêtera que lorsque Crossroads décidera de nous faire planer avec ses guitares aériennes. Même lorsque la rythmique devient plus solide, le son reste incroyablement arachnéen, offrant une véritable balade mentale rythmée par ces cris de désespoir jusqu’au point d’orgue qui nous relâche immédiatement sur Fear of the Unknown en renouant avec l’angoisse. Le morceau est à la fois le plus long et le plus nébuleux de l’album, laissant sa rythmique haletante soutenir des harmoniques brumeuses pendant que les voix la hantent, puis le tout disparaît dans le néant pour faire place à Our Life Is Now et à ses influences belliqueuses, à peine réprimées par l’approche calme mais inquiétante. Le break reposant nous permet de reprendre quelque peu notre souffle en nous préparant à l’ouragan qui s’annonce, suivi par New Moon et son introduction froide qui revêt peu à peu son voile d’ombre pour finalement se montrer majestueuse, laissant les instruments s’exprimer sans un mot jusqu’à la dernière note.

Alors que 20 Seconds Falling Man avait déjà frappé très fort avec son précédent opus, Resilience montre clairement leur évolution. Les racines restent les mêmes, mais elles se montrent beaucoup plus complexes sur cet album, qui les fait définitivement passer au rang supérieur.

95/100

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Quelques questions à Maxime Cuypers, bassiste du groupe 20 Seconds Falling Man, pour la sortie de Resilience.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu présenter rapidement le groupe 20 Seconds Falling Man pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Maxime Cuypers (basse) : Salut, avec grand plaisir ! Je suis Maxime, le bassiste du groupe. 20 Seconds Falling Man est un groupe que l’on étiquette “Post-Hardcore” mais avec beaucoup d’influences allant des musiques Noise au Post-Rock. Le groupe existe depuis de nombreuses années, mais a vraiment commencé à prendre sa place avec le line-up actuel en 2020 et la préparation de la sortie du premier album Void.

La dernière fois que nous avions parlé était fin 2021, pour la sortie de Void. Comment ça s’est passé pour 20 Seconds Falling Man pendant ces deux années ?
Maxime : On a vécu de très belles choses depuis la sortie de Void, notamment des passages au Hellfest et au Motocultor en 2022, mais aussi la participation au OZ Fest en 2023 qui se déroulait au Zénith Nantes Métropole. En parallèle nous avons préparé le deuxième album Resilience qui est la deuxième partie du dyptique initié par Void.

Resilience, votre nouvel album, sort le mois prochain, comment vous sentez-vous ? Est-ce que vous avez déjà des retours à son sujet ?
Maxime : On se sent très bien, on est excités à l’idée de présenter l’album, on a passé la semaine à préparer le live de la release (samedi 10 février Le Ferrailleur Nantes) et on a hâte de jouer les nouveaux morceaux devant le public !

Comment résumerais-tu Resilience en trois mots ?
Maxime : Délivrant, riche et (toujours) cathartique.

Resilience sort un peu plus de deux ans après Void, comment s’est passé sa composition ? Est-ce que tu as remarqué des changements, ou des évolutions dans le processus de création ?
Maxime : Et bien, pour être honnête, nous avons eu l’idée de Resilience pendant la conception de Void, nous étions en pré-production du premier album lorsque l’on a eu l’idée de ce deuxième opus qui servirait de réponse directe au premier. Il y a même des idées de morceaux qui datent de cette période mais que nous avons retravaillé pour ce deuxième album, comme Crossroads par exemple. Depuis 2020, nous avons mis en place une méthode de composition où nous nous regroupons en petit groupe dans un home studio pour développer les idées instrumentales de chacun, puis Arno pose sa voix dessus et on essaie de caler tout ça en répet, des fois ça passe, des fois ça casse, ça nous permet de savoir quels morceaux on sélectionne pour l’album.

Les deux premiers singles à sortir ont été In The Gloom et Shadow Of The Past. Pourquoi avoir choisi ces deux- là plutôt que les autres morceaux ?
Maxime : Nous avons choisi In The Gloom pour son côté très Rock, qui sert pour nous de retour aux sources finalement, avec ses parties très rythmées on voulait casser un peu le mood de Void sans faire une transition trop dure. Pour Shadow Of The Past, au contraire, nous avons voulu mettre en avant ce que l’on sait faire de plus violent !

J’ai remarqué une véritable dualité entre les parties les plus violentes et les moments apaisants. Comment gérez-vous le contraste et l’équilibre entre vos différentes influences ?
Maxime : On a effectivement voulu intégrer énormément de nuances sur ce deuxième opus, faire quelque chose de plus varié, multiplier les différentes émotions, je pense que nous n’avons pas trop réfléchi cependant aux influences, et plutôt suivi nos instincts.

Maxime sur scène au Hellfest Open Air 2022
Galerie complète

Alors que tout l’album s’enchaîne très naturellement, je trouve que le passage de Crossroads à Fear of the Unknown est incroyablement brut. Est-ce que c’est quelque chose de voulu ? Comment avez-vous géré l’ordre des morceaux ?
Maxime : Oui, on voulait une transition brutale entre ces deux morceaux, ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas fluide ou naturel pour nous, mais on peut comprendre que cela puisse surprendre ! On a longuement réfléchi à l’ordre des morceaux, écouté dans tous les ordres possibles, des fois il y a des transitions évidentes, des fois on se creuse bien la tête !

Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un morceau préféré sur cet album ? Ou celui qui t’a semblé le plus naturel à composer ?
Maxime : Mon morceau préféré, si je ne dois en choisir qu’un, je pense que c’est Resilience. L’ajout de mélodies mélancoliques et d’harmonies de voix, ainsi que l’espoir perceptible qu’il y a dans le texte me font chaud au cœur. Le plus naturel à composer a été pour moi New Moon, qui est purement doux et relaxant, empreint d’émotions réconfortantes après avoir été matraqué pendant plus de 30 minutes !

Que peux-tu me dire sur l’artwork ? Quelles ont été les directives pour sa création, et est-il lié aux deux prochains ?
Maxime : Nous avons travaillé avec Jeff Grimal sur les artworks de nos deux albums, qui comme dit plus tôt, sont complémentaires. On est de grands fans de son travail, donc c’était pour nous une évidence de travailler avec lui. Nous voulions représenter la Resilience au travers d’un visage. En l’occurrence celui d’une personne féminine car nous sommes sensibles à l’acceptation dont doivent faire preuves ces personnes dans notre société proche de l’effondrement.

Resilience est une autoproduction, tout comme les précédentes sorties. Est-ce une volonté du groupe de rester indépendant ?
Maxime : Nous nous sommes déjà rapprochés de plusieurs labels, sans trouver d’accord nous correspondant, nous avons donc fait le choix de sortir cet album nous-même, mais nous ne sommes pas fermés à l’idée concernant la suite !

Vous avez participé en 2022 au Hellfest, performance à laquelle j’ai pu assister. Comment s’est passé le show de votre côté ? Quels souvenirs en gardez-vous ?
Maxime : On en garde un souvenir incroyable, le concert s’est très bien passé de notre côté, malgré l’horaire (10h30), on n’a pas eu souvent l’occasion de jouer sur de si belles scènes (en dehors du Motocultor et du Zénith de Nantes), et surtout c’était notre première scène de cette taille, c’était donc magique pour nous.

Quels sont selon toi les groupes immanquables de la scène actuelle ? Qu’ils soient confirmés ou émergeants.
Maxime : Mes dernières grosses claques musicales ont été A.A. Williams, Loathe, Svalbard et Birds In Row. Concernant les groupes émergents, j’ai récemment vu, dans un registre Hardcore, Kibosh, qui nous a atomisé au PoumPoum Tchak à Nantes en décembre dernier et dans un registre plus Noise-Rock à la Metz, on est également hyper fans de Tickles qui joueront avec nous au Ferrailleur !

Quels sont les plans pour la suite de 20 Seconds Falling Man ? Que ce soit dans l’immédiat, ou dans plusieurs mois.
Maxime : Dans l’immédiat, le plan est de diffuser et de parler de notre deuxième album, jouer en France voire au-delà des frontières, si possible !

La promotion de Resilience est assurée par l’Agence Singularités, comment êtes-vous entrés en contact avec eux, et pourquoi les avoir choisis ? Comment se passe la communication avec eux ?
Maxime : Tout à fait, nous avons choisis de travailler avec Agence Singularités car on nous a beaucoup parlé d’elles·eux et de leur professionnalisme, la communication se passe parfaitement et on les remercie pour leur très bon travail et leur écoute !

Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels tu souhaiterais collaborer dans le futur ?
Maxime : Oh oui ! Énormément ! Pour ne citer qu’elles·eux, je suis très fan de ce que font Pencey Sloe (groupe de Shoegaze parisien), et j’ai beaucoup aimé le split qu’ielles ont sortis avec Sorcerer !

Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien avec cet album ?
Maxime : A chaque enregistrement, une amélioration se fait sentir ! En tant que musicien, mais aussi en tant que cuisinier, les sandwichs sont de plus en plus élaborés !

Est-ce qu’il y a une œuvre récente (qu’elle soit musicale, visuelle, littéraire…) qui t’a marqué ? Si oui, pourquoi ?
Maxime : J’ai adoré la série The Last Of Us, directement tirés des deux excellents jeux vidéo. Ce n’est pas un choix très original car j’ai l’impression qu’elle a fait l’unanimité, mais la musique de 20 Seconds Falling Man en ferait une très bonne OST je pense !

C’était ma dernière question, je te remercie pour ta disponibilité, et je te laisse les mots de la fin !
Maxime : C’était un plaisir de répondre à tes questions ! Je souhaite inviter les gens à continuer de soutenir les artistes, aller les voir en concert, venir partager des émotions fortes, faire en sorte que ça devienne quelque chose d’essentiel ! Salut à tous·tes !

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