Review 2070 : Something Animal – Bestial Curse Part 1

Something Animal repart en chasse.

Après un premier EP acclamé en 2019, le combo composé de P.A. (guitare), Heddy (guitare), Guillaume (basse), Mathieu (batterie) et Daz (chant) annoncent en 2024 la sortie de Bestial Curse Part 1.

On commence avec Rats, un premier titre qui propose immédiatement un groove métallique troublé par des harmoniques criardes et des parties vocales brutes, tout en restant aussi dérangeant que cohérent. Riffs et frappes irrégulières se mélangent pour alimenter l’oppression permanente, qui ne prend fin que pour laisser la courte Hyena placer sa dissonance vicieuse sous des éléments Old School énergiques. Le morceau est parfait pour faire dégénérer une foule conquise, alors que Dove va plutôt nous briser la nuque avec ses moshpart ravageuses avant de nous proposer quelques parties légèrement plus planantes, qui ne dureront évidemment pas. Le groupe enchaîne sans attendre avec Bird et ses envolées explosives inattendues, et on notera un break inquiétant vers la moitié du morceau qui laisse les musiciens construire une certaine noirceur avant de donner vie à un passage presque… apaisant et accrocheur. Le son s’enflammera évidemment sur le final, qui débouche sur la massive L.I.O.N. et ses riffs imposants que le groupe prend le temps de développer avec des pointes plus mélodieuses avant de les laisser se déchaîner pour devenir littéralement écrasantes vers la fin.

Je n’ai pas besoin de résumer Something Animal, leur nom parle de lui-même. Bestial Curse Part 1 nous emporte dans son chaos, sa dissonance et ses sonorités abrasives en un rien de temps. N’espérez pas un seul temps mort.

90/100

English version?

Quelques questions au groupe Something Animal pour la sortie de leur nouvel EP, Bestial Curse Part 1.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Comment pourrais-tu présenter le groupe Something Animal sans utiliser les habituelles étiquettes des styles musicaux ?
Something Animal : Bonjour, merci à vous ! Nous disons que nous jouons du Chaotic Rocking Hardcore, car cela fusionne bien les trois styles majeurs qui nous anime : le Punk Hardcore, la base de notre style, les trucs chaotiques et un peu mathématiques, voire Prog à la Converge, The Chariot, ou Botch, et le Rock, parce que ça reste les racines. C’est à dire qu’on a envie de faire la bagarre, en dansant le twist, tout en ne comprenant pas exactement ce qu’il se passe.

Bestial Curse Part 1, votre nouvel EP, sort le mois prochain, comment vous sentez-vous ? Est-ce que vous avez déjà des retours à son sujet ?
Something Animal : Plutôt enthousiastes, les premiers retours sont très positifs. Nous pensons que les morceaux sont bien mieux composés que le premier EP, et les choix artistiques que nous avons fait semblent plaire. On aimerait que les gens aient une bonne impression de ce nouvel EP, qui va donner la nouvelle direction du groupe.

Comment résumerais-tu Bestial Curse Part 1 en trois mots ?
Something Animal : TRES. GROSSE. BAGARRE

Bestial Curse Part 1 sort cinq ans après Urban Zoology, comment s’est passé sa composition ? Est-ce que tu as remarqué des changements, ou des évolutions dans ton processus de création ?
Something Animal : Dès Urban Zoology, nous avions déjà des compositions d’avance. Pendant le confinement, on a composé énormément de morceaux, sans pouvoir les répéter. Le fait de ne pas se voir a fait qu’on devait trouver des compos qui soient efficaces directement sans qu’on ait le processus de répétition et d’échanges entre musiciens qui fait qu’on peut parfois perdre le propos initial. La compo doit te parler vite, sans que quelqu’un t’ait expliqué ce qu’il a voulu dire. Le rapport est plus dur : si tu écoutes un morceau sans qu’on te la joue devant toi ou qu’on te l’explique, tu seras plus exigeant. On a donc rationalisé les compos pour aller le plus à l’essentiel, tout en gardant le côté étrange et surprenant que notre musique veut avoir : moins de riffs compliqués ou compréhensibles que pour les guitaristes nerds, garder une cohérence interne des morceaux, et avoir des émotions différentes qui les traversent. En terme de son, nous nous sommes affinés : on a voulu mettre la basse plus en avant car c’est elle qui cimente le tout, nous avons essayé de faire en sorte que la voix soit plus travaillée car cela restait important pour nous. Sur les autres choix artistiques, nous avons diggé aussi pour être plus pointus : nous avons fait mixer l’EP par le studio qui a travaillé avec Johnny Booth (Jamie King Audio), et nous avons travaillé avec une graphiste, Camille Murgue.

L’EP est annoncé comme faisant partie d’un triptyque, est-ce que tu peux nous en expliquer le concept ?
Something Animal : Bestial Curse part 1 est le premier EP d’un triptyque d’EP que nous sortirons à partir de février 2024. Une vingtaine de morceaux ont été créés, 15 ont été retenus avec des intentions différentes. Nous avons fait le choix de sortir en trois parties distinctes afin de marquer l’étendue des différentes formes d’expression (de la plus sombre à la plus positive) de l’identité musicale que nous avons. La Part 1 étant la plus sombre que nous avons à montrer avant de dévoiler les autres parties.

Chacun de vos titres est lié à un nom d’animal, comme par exemple la courte et parfois vicieuse Hyena, l’imposante la vive Bird ou l’imposante L.I.O.N.. Comment attribuez-vous le caractère de l’animal à chaque morceau ?
Something Animal : Pour cet EP, les morceaux évoquent des animaux, mais ce n’est pas dit que cela se reproduise pour les suivants. Les morceaux décrivent un constat sur l’état du monde et de la société qu’on peut observer. C’est dans l’approche de ce constat, sur les sujets, la volonté d’objectivité, le fait de ne pas vouloir donner de leçon et l’approche qui se veut éthologique que l’originalité peut se trouver. Pour les personnifier, nous avons décidé de leur donner un caractère animalier, un peu comme les fables de la Fontaine, sans l’aspect jugement moral. La musique a influencé le choix des animaux mais c’est surtout le texte qui a déterminé le choix définitif.

Comment développez-vous l’équilibre entre les parties chaotiques et les éléments plus Old School de votre musique ?
Something Animal : Il n’y a pas de partie Hardcore Old School comme on l’entend traditionnellement, comme du Minor Threat, du Earth Crisis ou du Madball, même si on peut en écouter. Mais il y a 30 ans c’était l’avènement du Metal Alternatif, du Grunge, du Neo-Metal, et du Pop/Punk. Et on retrouve forcément de ses influences parfois de manière inconsciente chez nous. Et même si on aime bien avoir des passages vicieux et bordéliques, on essaye de faire en sorte que cela reste toujours relativement accessible, comme pouvaient l’être ces groupes des années 90-2000, qui pouvaient avoir des passages très pointus où les hommes et les femmes pouvaient bouger dessus. 

Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un morceau préféré sur cet EP ? Ou celui qui t’a semblé le plus naturel à composer ?
Something Animal : Hyenas, car la compo a été écrite en deux heures à deux, avec moi P.A, et Heddy. Il y avait juste la première idée qui était le riff principal. Par le jeu de ping pong d’idées, on est arrivé à tout développer hyper rapidement. Et je me souviens qu’à la fin, Heddy m’a dit “il faudrait pas rajouter une partie en plus ?”, et je lui répondu “non, la compo est bien, y a 3 idées, ça fait 2 minutes, pas besoin d’étirer le truc”. Et ça a reflété tout ce qu’on faisait depuis un moment : 3 riffs maximum, une intention précise derrière la compo (là il fallait que joue très vite comme des groupes de FastCore, avec des breakdowns) des petites douilles à droite et à gauche pour surprendre, et on passe à la compo d’après.

Que peux-tu me dire sur l’artwork ? Quelles ont été les directives pour sa création, et est-il lié aux deux prochains ?
Something Animal : Nous avons fait appel à Camille Murgue dont nous apprécions le travail par ailleurs. L’idée est d’avoir une très grande fresque à la fin qui puisse développer le concept du triptyque des EP. Nous lui avons donné une relative autonomie pour proposer sa propre interprétation du concept, et elle a proposé des techniques de peinture qu’elle utilisait moins souvent (l’aquarelle par exemple) pour développer un nouveau propos. Un gros soutien à elle et à son travail.

Bestial Curse Part 1 est une sortie indépendante. Est-ce une volonté du groupe de rester indépendant ?
Something Animal : Il s’agit d’une coproduction, une partie est auto-produite, et la distribution est faite par Norad Promotion. Dans les musiques extrêmes, et sur notre créneau spécifiquement du Chaotic Hardcore nous sommes très niches. Sur ces esthétiques, pour pouvoir exister et proposer sa vision artistique, il faut faire une partie soi-même. Par ailleurs, il y a un côté satisfaisant d’avoir fait jusqu’aux prises de son parfois. 

Comment as-tu découvert la scène Metal/Hardcore et ses dérivés ? Quels sont selon toi les groupes immanquables de la scène actuelle ?
Something Animal : Comme tout le monde probablement : on écoute du Rock, du Metal, puis parfois on se radicalise dans nos goûts musicaux, en cherchant soi-même, ou grâce à des potes. A titre personnel, c’est la découverte de Refused et At The Drive-In qui m’ont fait basculer définitivement dans les esthétiques plus radicales. Mes camarades auront sans doute d’autres exemples. Il y a eu aussi Good Morning Bleeding City, un groupe de potes qui nous a beaucoup marqué adolescents. Les groupes immanquables du moment pour moi seraient : Johnny Booth, Stray From The Path, Knocked Loose, et Turnstile qui sont clairement en train de passer à l’étape supérieure. On a aussi beaucoup phasé sur Loathe. En France, le meilleur groupe actuel pour moi c’est Pogo Car Crash Control. On a joué avec eux en 2014, ils étaient déjà super forts, là la qualité de leur compo et de leur prod sont incroyables.

Quels sont les plans pour la suite de Something Animal ? Que ce soit dans l’immédiat, ou dans plusieurs mois.
Something Animal : On est en train de finaliser le deuxième EP. Le 3ème est déjà écrit, et en partie enregistré, et on va lancer la production de tout ça pour vous proposer la crème de ce que l’on peut faire. On est en train de préparer aussi des dates qui commencent à se profiler pour pouvoir présenter cet EP.

Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien avec cet album ?
Something Animal : Oui, ne serait ce qu’humainement et techniquement. Nous avons quasiment tout enregistré nous-mêmes, voire édité nous mêmes, et du coup on a appris à gérer le relationnel et la technique de prise de son, ce qu’un producteur fait d’habitude.

Avec quels groupes rêves-tu de de jouer ? Je te laisse imaginer une date pour la sortie de Bestial Curse Part 1 avec Something Animal en ouverture, et trois autres groupes.
Something Animal : Knocked Loose pour la bagarre, Botch pour le Prog vénèr que cela apporte, et Stray From the Path pour bouger comme un débile.

C’était ma dernière question, je te remercie pour ta disponibilité, et je te laisse les mots de la fin !
Something Animal : Macron explosion.

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