Review 2148 : Ondfødt – Oldfodt

Ondfødt a trouvé son rythme de croisière.

Après la sortie de son quatrième album l’an dernier, célébrant ses dix ans, le groupe finlandais composé d’Owe Inborr (guitare/chant, Dispyt), Joel Notkonen (basse/guitare, Aeonian Sorrow, Arctora, Earthblood) et Tommi Tuhkala (batterie, Arctora, Outlaw, Spell of Torment) dévoile Oldfodt, son nouvel EP, composé d’anciens morceaux remis au goût du jour.

Le groupe attaque dans la noirceur pure avec Faensgyte, un titre d’abord inquiétant puis qui sait tirer parti de ses racines Old School agressives. Les leads acérés se mêlent aux hurlements dévastateurs pour alimenter la tornade sombre et déchirante qui ne prend fin que pour laisser No Ere Jo Satan prendre la suite avec une approche plus accrocheuse, parfois même assez enjouée façon Black’n’Roll en compagnie de Mathias « Vreth » Lillmåns (Finntroll, …and Oceans, Dispyt…). Le morceau est assez court mais relativement accessible, alors que Midnatt dévoile rapidement un son froid mais plus aérien sur lequel le vocaliste se déchaîne, tout en respectant un moment de flottement avant de déverser à nouveau sa rage. Les mélodies entêtantes viennent également donner une touche plus enivrante au final avant que Den Sanna ne s’enflamme à son tour en nous enveloppant dans une certaine mélancolie lancinante et pesante, qui n’hésite pas à exploser grâce notamment au blast furieux. Le final oppressant nous conduit à Paradiset, une reprise du titre Paratiisi du chanteur finlandais Rauli Somerjoki, que le groupe parvient à assombrir grâce à sa touche viscérale tout en conservant son énergie fédératrice, et qui clôt habilement l’EP.

La fureur d’Ondfødt n’a d’égal que sa noirceur, et c’est avec quatre nouvelles versions de leurs titres et une reprise inattendue que le groupe nous le montre sur Oldfodt. L’EP est court, mais incroyablement viscéral et saisissant.

95/100

English version?

Quelques questions à Owe Inborr, fondateur et leader du groupe finlandais de Black Metal Ondfødt.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu vous présenter, le groupe Ondfødt et toi, sans utiliser les étiquettes musicales habituelles, comme « Black Metal » ?
Owe Inborr (chant/guitare) : Bonjour, je m’appelle Owe Inborr et je suis le fondateur et le leader d’Ondfødt, un groupe de Black Metal inspiré par la scène et le son des années 90. Nous existons depuis 2013 et je suis le seul membre original du groupe. Nous avons sorti 4 albums et un EP, et un autre album et un EP sont en préparation. L’année dernière, nous avons recommencé à jouer en live après une pause de 9 ans. Nous avons aujourd’hui un line-up stable avec des musiciens très compétents qui veulent amener le groupe au niveau suivant. Tommi Tuhkala à la batterie, Joel Notkonen à la guitare, Jere Halonen ou Mathias Lillmåns à la basse pour les concerts et moi au chant et à la guitare.

Que signifie Ondfødt, et quel est le lien avec la musique que vous créez ?
Owe : Le nom se traduit par « Mal né » et signifie que vous pensez que votre âme est sombre et que vous regardez le monde d’une manière sombre. Le nom du groupe correspond très bien à la musique que nous faisons.

Le nouvel EP du groupe, Oldfodt, sortira dans quelques mois. Comment vous sentez-vous ? Avez-vous déjà des retours ?
Owe : Nous sommes très excités par cet EP, nous avons décidé au début de l’année 2023 de donner une nouvelle vie à quelques vieilles chansons en les réenregistrant et en leur donnant le supplément qu’elles méritent. Avec les nouveaux membres, nous avons eu l’idée de faire sonner les anciennes chansons comme si elles avaient été créées aujourd’hui avec ce line up et de leur donner une nouvelle identité. L’EP sera le son le plus agressif que nous ayons créé jusqu’à présent avec ce groupe. En sortant la chanson Paradiset qui est une reprise d’une vieille chanson Pop finlandaise des années 70, les fans ont probablement pensé que nous étions devenus plus doux, mais non, quand l’EP sortira, ils verront que nous sommes toujours les mêmes Ondfødt, plus agressifs que jamais.

Comment résumerais-tu l’identité d’Oldfodt en trois mots ?
Owe : Agressif, sombre, atmosphérique.

Comment s’est déroulé le processus de création d’Oldfodt ? As-turemarqué des changements par rapport aux albums précédents ?
Owe : Comme nous l’avons déjà mentionné, l’idée était de remodeler d’anciennes chansons pour qu’elles sonnent plus comme nous le faisons aujourd’hui avec ce line-up et pour donner une identité plus claire à la direction que prend le groupe. Cet EP sera aussi un bon moyen de présenter ce que sera le prochain album. C’est sûr que nous allons vers un son plus atmosphérique tout en conservant l’agression et le son rapide et brut.

Qu’en est-il de l’artwork, quelles étaient les lignes directrices et comment s’accordent-elles avec la musique que vous avez créée ?
Owe : Nous avons demandé à René Thyus de Belgique de concevoir les artworks des deux derniers albums complets et nous continuerons probablement à travailler avec lui parce qu’il comprend notre vision et peut la recréer sous forme de peintures. Et son style est exactement ce dont le groupe a besoin pour créer les bonnes vibrations. Pour l’EP, nous avons fait appel à un autre artiste avec lequel Tommi était en contact.

Le son d’Ondfødt est principalement ancré dans des influences froides et Old School, mais on peut aussi remarquer des éléments plus joyeux, que ce soit sur No Ere Jo Satan ou Paradiset. Comment trouvez-vous le bon équilibre entre toutes vos influences pour rendre vos chansons différentes mais cohérentes ?
Owe : Nous n’avons jamais eu peur d’essayer de nouvelles choses, mais en même temps, nous sommes conscients de ce qu’il est bon ou non d’introduire dans le groupe. Nous avons toujours chanté de vieilles histoires d’Ostrobothnie et les choses spirituelles qui se passent autour de cette région, ainsi que des histoires d’esprits anciens qui vivent dans les forêts ici et comment ils nous affectent de différentes manières. Aussi, comparer Paradiset, qui est une reprise d’une chanson Pop, à l’une de nos propres chansons n’est pas la meilleure comparaison car nous voulions faire cette reprise en l’honneur de l’un des plus grands artistes pop finlandais qui est aimé par la majorité des Finlandais, Rauli Badding Somerjoki. Nous ne ferions pas nos propres chansons qui sonnent comme ça, nous avons fait cette chanson en l’honneur de Rauli. Mais je comprends ta question, à savoir comment nous pouvons faire des chansons comme No Ere Jo Satans et les comparer à Midnatt ou Norden qui sont bien plus entraînantes. Ma réponse est simple : nous chantons des histoires et chaque histoire est différente, avec des vibrations différentes. Pour créer une chanson autour d’une histoire qui est édifiante, le son doit aussi avoir la même vibration que l’histoire elle-même.

Le groupe a accueilli le chanteur Mathias « Vreth » Lillmåns (Finntroll, …and Oceans, Dispyt…) sur la chanson No Ere Jo Satan, comment lui avez-vous demandé de participer à cette chanson ?
Owe : Je connais Mathias depuis de nombreuses années et nous jouons dans le même groupe, Dispyt. Mathias est également bassiste dans Ondfødt et il a fait des chœurs sur de nombreuses chansons de cet EP à venir, donc lui demander une seconde fois de chanter la même partie dans No Ere Jo Satan que dans la version originale de l’album 2019 Dödsrikets Kallelse était assez évident, il devait le faire. Il était également invité en tant que chanteur sur Where Death Roams de notre dernier album Det Österbottniska Mörkret. Il est impliqué d’une manière ou d’une autre dans chaque album que nous faisons.

La première chanson que vous avez dévoilée pour présenter ce nouvel EP était Paradiset, une reprise du chanteur finlandais Rauli Badding Somerjoki. Pourquoi avez-vous choisi de reprendre une de ses chansons, et comment y avez-vous ajouté votre propre touche ?
Owe : L’idée est venue de Tommi. Il m’a expliqué qu’il était beaucoup plus intéressant de reprendre une chanson d’un genre aussi éloigné que possible de celui que l’on joue et de faire en sorte qu’elle nous ressemble. Rauli Badding est peut-être l’artiste le plus connu en Finlande pour les Finlandais. Faire une reprise de cette chanson a été un véritable défi, mais dès que nous avons compris la chanson et que nous avons joué avec les riffs, elle a commencé à nous ressembler de plus en plus. Mais nous avons dû faire en sorte que la guitare solo continue à jouer les mélodies tout au long de la chanson pour qu’elle sonne comme Paradiset ou en finnois Paratiisi. C’est aussi une chose qui fait que ça ne nous ressemble pas d’avoir une guitare solo qui joue tout le temps, mais pour que la chanson fonctionne, nous devions le faire de cette façon.

As-tu une chanson préférée sur cet EP ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’EP ?
Owe : Pour moi, la chanson d’ouverture Faensgyte est exactement ce que nous voulions qu’elle soit il y a 10 ans, lorsque nous ne savions pas comment rendre les chansons aussi agressives que nous le voulions. Nous avons réussi à la rendre explosive et à lui donner l’attitude « sans pitié » que la chanson méritait. J’aime toutes les chansons autant que les autres, mais la raison pour laquelle je choisis Faensgyte, c’est pour la façon dont nous avons pu remodeler cette vieille chanson pour qu’elle sonne de façon nouvelle et excitante.

Où trouves-tu l’inspiration pour créer de la musique ?
Owe : J’ai travaillé 11 ans dans mon studio à enregistrer tant d’artistes que j’en ai perdu le compte. J’ai produit plus de 70 albums et plus de 200 à 300 chansons. J’ai entendu tellement de musique tout au long de ma vie d’adulte que je vis et respire la musique. Il est donc difficile de répondre à la question de savoir d’où vient l’inspiration, car elle vient de partout. Tous les groupes avec lesquels j’ai travaillé et toute la musique avec laquelle j’ai grandi m’ont amené là où je suis aujourd’hui. Je peux m’inspirer d’ambiances bizarres, de films d’horreur ou d’autres choses que je fais.

Le groupe travaille toujours avec Black Lion Records, comment se passe la collaboration avec eux ? Qu’en est-il de votre partenariat avec Hell Frog Promotion ?
Owe : Nous sommes satisfaits de Black Lion et de Hell Frog jusqu’à présent. La communication fonctionne très bien, ce qui est très important pour qu’une telle collaboration fonctionne. Nous avons récemment rejoint Hell Frog et ils ont déjà booké beaucoup de concerts, donc nous ne pouvons pas nous plaindre. Ce sera intéressant de les rencontrer dans la vraie vie et de voyager à travers l’Europe cette année !

Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien et compositeur avec ce nouvel album ?
Owe : Je pense que c’est le cas pour chaque nouvel album que nous avons sorti. Depuis que nous avons commencé à travailler avec ce nouveau line-up, j’ai tellement appris de Tommi et Joel que c’est fou. Et pour moi, l’une des clés pour faire de la bonne musique, c’est de le faire avec d’autres personnes et pas seulement par moi-même. Pour les deux derniers albums et l’EP, j’ai d’abord fait des démos que j’ai présentées au reste du groupe et ensemble, nous nous sommes assis, nous avons réfléchi, remodelé les structures/riffs pour les rendre aussi bons que possible et le résultat a été très bon à mon avis.

Je n’ai jamais eu l’occasion de voir Ondfødt sur scène, comment vois-tu un concert d’Ondfødt de ton point de vue ? Comment te sens-tu sur scène ?
Owe : Nous n’avons joué que deux concerts depuis que nous avons recommencé à jouer en live l’année dernière, et à l’heure où nous parlons, nous avons environ 10 concerts réservés pour cette année et nous réfléchissons à nouveau à la façon dont nous devrions tout faire pour que les concerts soient aussi bons que possible. Mais vous pouvez vous attendre à un concert explosif et plein d’énergie.

Quelle serait la prochaine étape pour Ondfødt ?
Owe : Commencer à faire beaucoup de concerts, promouvoir le groupe et continuer à faire de la musique.

Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels tu aimerais collaborer ? Que ce soit pour une chanson, ou peut-être plus.
Owe : J’espère que nous pourrons jouer parfois avec …And Oceans, ce serait cool. Nous venons de la même ville, Jakobstad, et nous nous connaissons depuis de nombreuses années. J’ai mixé et masterisé leur album le plus écouté, Cosmic World Mother. Je serais donc ravi de partager la scène avec eux. De très bons gars !

Peut-être connais-tu la scène Metal française ? Y a-t-il des groupes que tu connais et que tu apprécies ?
Owe : Je dois dire que personnellement, je ne connais pas beaucoup la scène française. Je n’ai pas beaucoup voyagé, donc j’ai eu la chance de visiter la France pour y jeter un coup d’œil. J’espère que nous aurons l’occasion de jouer là-bas bientôt.

Si tu devais organiser un concert pour la sortie d’Oldfodt, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Je te laisse créer une affiche avec Ondfødt et trois autres groupes !
Owe : …And Oceans, Moonlight Sorcery pour commencer, de bons amis et d’excellents musiciens. Pour le troisième groupe, j’adorerais jouer avec Watain

Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique d’Ondfødt ?
Owe : De la viande brûlée et pourrie.

C’était ma dernière question, alors merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps et pour ta musique, je te laisse les mots de la fin !
Owe : Merci pour cette interview et j’espère que nous pourrons bientôt nous rendre en France !

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