Jours Pâles adopte une nouvelle forme.
Deux ans après son dernier recueil, Spellbound (chant/claviers, Aorlhac) s’entoure d’Alexis (guitare), Ben (batterie), Alex (basse) et Stéphane (guitare) pour donner vie à Dissolution, son troisième album, qui sort à nouveau chez Les Acteurs de L’Ombre Productions.
Dès Taciturne, la première composition, on retrouve la puissance crue et violente de la poésie de Spellbound, qui s’allie une fois de plus à sa base entre DSBM et mélodies mélancoliques, mettant cependant l’accent sur ces dernières. Les quelques accélérations soudaines teintent la composition d’une énergie malsaine mais accrocheuse, mais le son va s’ancrer dans une langueur torturée avec La reine de mes peines (des wagons de détresses), un long titre tumultueux au sein duquel les éruptions vocales changent régulièrement de forme pour coller à l’harmonieux chaos qui sévit. La violence se déverse graduellement jusqu’à cette dernière partie intense et virulente qui nous mène au majestueux Noire impériale et à son flot de noirceur entêtante secouée de soubresauts vifs mais homogènes qui donnent au morceau une personnalité plus vindicative. La rythmique s’apaise sur le final qui laissera place à Les lueurs d’autoroutes, où le vocaliste est accompagné par une voix féminine enchanteresse qui crée un contraste avec les hurlements furieux en apportant une touche de quiétude avant de se heurter à nouveau à la brutalité sur Réseaux venins, où le discours dénonce notre utilisation de la technologie “sociale” et ses dérives. La verve pessimiste est tout aussi tranchante que les riffs sont dissonants, mais le groupe nous offre un instant paisible avec Une mer aux couleurs désunions, un titre instrumental qui semble plus lumineux, mais qui retombe vite dans ses tonalités sombres avant de rejoindre la rage de Limérence et son blast imposant. Les claviers nous font naviguer entre les vagues étouffantes et les leads aériens, laissant la tempête lentement prendre forme pour finalement s’éteindre lorsque Dissolution débute, mêlant calme et éléments inquiétants pendant que l’atmosphère devient de plus en plus ténébreuse. Quelques notes cristallines éclosent en arrière-plan, appelant une nouvelle fois la voix féminine pour rejoindre ce manifeste de misanthropie cruelle, puis on sent à nouveau l’instrumentale s’illuminer sur Terminal nocturne, dernière composition où les parties vocales se font toujours plus tourmentées, alimentant la relation avec les éléments Old School qui apparaissent de temps à autres.
A chaque album, Jours Pâles change d’approche tout en conservant une cohérence avec ses racines viscérales et mélancoliques. Dissolution reste ancré dans le Black Metal, puisant dans ses riffs sombres et ses touches glaciales, mais la touche unique du groupe n’hésite pas à ressortir pour embellir sa poésie cinglante.
95/100