Live Report : Belphegor + Dødheimsgard + Hell Militia – La Clef

Ce soir, le Black Metal est à l’honneur à La Clef de Saint-Germain-En-Laye ! La salle organise la deuxième édition du Cryptic Fest, et ce sont Belphegor, Dødheimsgard et Hell Militia qui vont s’y produire.

Si vous me suivez depuis assez longtemps, vous comprendrez pourquoi je ne pouvais pas rater ce concert, vu l’affiche particulièrement attrayante, complétée par la présence de Rock & Pink Tattoo, le luthier Fabrice Huan, les Poulettes Sisters, l’artiste Ariane Noosh Barret, la boucherie/charcuterie Cheville et le label/disquaire nantais Frozen Records

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On commence donc la soirée avec le logo d’Hell Militia projeté en fond de scène pendant que le groupe s’installe dans le silence, alors que la fosse est déjà massée. Sans attendre, et sans allumer les lumières, les cinq musiciens partent à l’assaut de nos tympans avec un son sourd, malsain et assez épais. Les façades préfèrent éclairer le public que le visage de nos silhouettes headbanguantes, mais le son semble parfois s’améliorer, notamment au niveau des leads que l’on distingue enfin entre deux parties de hurlements sombres sous des images dérangeantes en arrière-plan. Pas de salutations, ni de communication, mais les parisiens semblent maîtriser leur set, à en juger par la réaction d’une fosse conquise, qui n’aura pour seul répit Always the Same, un sample vocal inquiétant, avant de remettre le feu aux poudres. Le vocaliste (qui selon mes sources a intégré la formation récemment) lâchera un timide “Merci La Clef !” après son titre phare Jacob’s Ladder, qui sera suivi par Corruption Rejoice qui achève la performance.

Setlist : Lifeless Light – Fili diaboli – Black Arts of Crime – Dust of Time – Genesis Undone – Torture of the Saints – Jonah – Jericho – Always the Same (sur bande) – Black Fucking Cancer – Jacob’s Ladder – Corruption Rejoice

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Deuxième groupe à fouler les planches ce soir, ce sont les norvégiens de Dødheimsgard, qui après avoir consciencieusement réglé leur matériel, commencent à tisser leur son complexe pendant que Vicotnik (chant), voilé, prend place au centre. Le vocaliste finira par nous révéler son visage maquillé principalement de blanc, et alterner chant clair et hurlements possédés avant de plonger sa main dans sa poche et d’en sortir… une poudre orange. J’avais été prévenu de la présence de cette poudre dans le jeu de scène du chanteur, mais pas qu’il allait asperger le public et ses musiciens ! Le premier titre prend fin, puis le frontman lâche “Welcome to the madness that is Dødheimsgard” avant de se rouler au sol en chantant, ramper, manquer de dégringoler dans la fosse… puis de se relever comme si de rien n’était, usant de toujours plus de son étrange poudre rose/orange en se plaçant à seulement quelques centimètres des premiers rangs. Les lumières suivent allègrement l’ambiance générale en s’emballant lors des passages infusés de Black Metal dévastateur avant de s’apaiser à nouveau pour les parties Prog/Avant-Garde intenses et travaillées. Lors d’un moment de calme, un spectateur criera quelque chose au groupe, visiblement en norvégien, et le chanteur répliquera “That’s our new singer!”, déclenchant un éclat de rire général avant que le show ne reprenne, mêlant toujours ses sonorités alambiquées avec l’attitude décalée de Vicotnik qui… ira également se balader dans la fosse pendant de longues minutes avant de remonter sur scène et de clore le set avec une intensité rare. Les applaudissements sont à la hauteur de la performance !

Setlist : Et smelter – Sonar Bliss – The Snuff Dreams Are Made Of – Aphelion Void – Interstellar Nexus – The Ultimate Reflection – Oneiroscope (sur bande) – Traces of Reality

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La scène est réaménagée de croix inversées et de crânes pour donner vie à l’attendue performance de Belphegor. C’est d’ailleurs la dixième fois que je vois le groupe autrichien, et je ne peux qu’en constater l’évolution de leur scénique, qui est toujours plus riche et théâtrale, comme en témoignent ces deux bols d’encens déposés près de la batterie. Au bout d’une quinzaine de minutes de retard, les quatre musiciens font leur entrée : Krzysztof Klingbein (batterie) s’installe sur son siège pendant que Julian David Guillen (basse) et Wolfgang Rothbauer (guitare) entourent Helmuth Lehner (guitare/chant), mais le véritable show débute lorsque les trois se retournent et commencent à jouer. Le frontman grogne “Baphomet…”, et les riffs nous écrasent immédiatement sous des lumières bleutées vives, à la hauteur de la puissance que le combo déploie d’un seul coup. Les grimaces du vocaliste possédé n’ont d’égal que la fureur de son growl massif, parfois complété par les cris plus aigus du bassiste, et on remarque sans mal que le show est millimétré : les deux musiciens de session restent principalement en retrait pendant qu’Helmuth fait le show, monopolisant les regards et se baladant sur scène lorsque c’est possible, allant jouer quelques solos sous les yeux des premiers rangs ou laissant ses musiciens le rejoindre. L’homme n’hésite pas non plus à jouer à genoux ou à cracher au sol avant de reprendre son furieux discours, ou même à aller chercher un crâne, laissant le technicien lui tenir sa guitare pendant qu’il nous le brandit fièrement. Entre les titres, nous aurons droit à quelques “Fucking France!” ou “Vive la France”, mais le son reprend bien vite, et la fosse est très réactive, que ce soit en headbanguant ou en initiant une sorte de pit plus ou moins organisé. Si le concert se passe sans accroc, j’ai eu le malheur de détourner les yeux de la scène une dizaine de secondes et… un spectateur s’y est visiblement invité, rapidement éconduit par Helmuth, qui reprend immédiatement sa place pour enchaîner tout naturellement avec la composition suivante. Côté setlist, elle est similaire à celle du dernier passage parisien où l’épais rideau de fumée officiait en tant que cinquième membre du groupe, mais ce soir les autrichiens nous offrent un rappel, la surpuissante Stigma Diabolicum issue de l’album Bondage Goat Zombie, qui referme le rituel en grande pompe.

Setlist : The Procession (sur bande) – Baphomet – The Devil’s Son – Sanctus Diaboli Confidimus – Belphegor – Hell’s Ambassador – Conjuring the Dead / Pactum in Aeternum – Lucifer Incestus – Virtus Asinaria – Prayer – The Devils – Der Lichtbringer – Totentanz – Dance Macabre
Rappel : Stigma Diabolicum

Bien qu’encore jeune et situé hors de Paris, on constate que le Cryptic Fest attire ! La salle n’était pas comble ce soir, mais je suis persuadé que le sold-out était proche pour La Clef, qui nous a offert le furieux rituel de Belphegor, la décadence de Dødheimsgard et le son malsain d’Hell Militia. Trois performances à l’identité marquée, et dont on se souviendra longtemps. Merci aux groupes, mais surtout à Greg pour l’accréditation photo !

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