Live Report : Mennecy Metal Fest 2024 – Day 2

Deuxième jour de ce Mennecy Metal Fest 2024, et il débute dès 10h avec une conférence de presse en présence du maire de la ville, Jean-Philippe Dugoin-Clément.

L’équipe municipale met en avant l’éclectisme du festival, comme nous avons pu le constater rien qu’hier. Les chiffres sont également très bons pour cette dixième édition (la première ayant eu lieu en 2013, et la seule annulée fut celle de 2020), notamment sur la fréquentation, et monsieur le maire s’autorise à nous donner quelques chiffres : un coût global de 150 000 euros, dont 25 000 euros de prestataires, une quarantaine de bénévoles… le festival se développe, mais reste réellement à taille humaine. On y apprend que le coût relativement faible est voulu et maîtrisé, que ce soit avec les nombreux partenariats (Musikoeye, Metallian, la convention de tatouage…) ainsi que le reste de la saison, pour permettre à tous et toutes de participer au festival, qui nous confirme déjà son retour pour 2024.

Petite surprise pour cette année, nous sommes conviés à un concert “privé” de Fatima, formation, qui nous présente son nouvel album Eerie… sous la pluie, comme en témoigne ce “merci à tous d’être venus sous les arbres” de la part du vocaliste, mais le groupe ne se laisse pas démonter, et il attaque un show énergique aux sonorités entre Stoner et Grunge, qui me surprendra toujours. Bien que j’aie du mal à me souvenir de comment on peut mêler Electric Wizard et Nirvana, le groupe y arrive visiblement, et les lumières psychédéliques sont là pour nous confirmer que certains riffs sont relativement bien accrocheurs !

Reprise donc avec le Doom Gothique de Gonezilla mené par la douce voix de Karen Hau (chant) dès 13 heures et demi du matin pétantes, où on retrouve les tonalités planantes mais aussi prenantes, déversées par un quintet totalement investi dans sa musique. A ses côtés, les musiciens n’hésitent pas à headbanguer ou à se mettre en avant pour nous laisser observer les longues parties leads et le duo vocal chant clair/hurlements sous un soleil de plomb, temps “pas vraiment propice au Doom”, comme le précisera la vocaliste, mais qui permet au groupe de nous assommer avec ses sonorités lancinantes. Une excellente entrée en matière comme on les aime.

Une fois n’est pas coutume, c’est un changement total d’univers qui nous attend avec le Death Old School des bretons de Tanork et leur drapeau breton, qui chantent en breton, comme nous le précisera le guitariste. Et si cette particularité ne m’avait pas sauté aux yeux, c’est plutôt l’agressivité du trio qui primait : ils n’ont pas vingt ans (on me confirmera plus tard 18 ans), et ils jouent comme s’ils faisaient ça depuis trente ans ! A l’image d’un Krisiun, un Master ou d’un Sepultura (dont ils reprendront d’ailleurs Slave New World), les musiciens ont déjà un répertoire bien violent qu’ils nous interprètent avec sauvagerie. A écouter d’urgence et à surveiller de près !

On reste dans la violence avec Daturha, où le son devient un peu plus moderne mais clairement pas moins accrocheur, où le chant saturé de Max (chant/guitare) accompagne à merveille la rythmique efficace. Mais après deux morceaux à quatre, le vocaliste posera sa guitare, accueillant des invités de qualité, à savoir Thomas Menudier (guitare) et Jessy “Christ” Vignolle (chant), puis Raf Pener (chant) pour deux morceaux réalisés avec eux, adoptant parfois quelques pointes de technicité. Le concert prend alors une dimension plus “familiale”, puis se poursuit dans une dynamique énergique et accrocheuse, montrant que la formation est bel et bien de retour dans un seul but – nous aider à nous décrocher la nuque – et qu’ils sont prêts pour ça.

Continuons avec la longue intro d’Onigami, qui sera suivie d’un déchaînement de violence entre Nu Metal, Metalcore et Deathcore. Deux chanteurs, quatre musiciens motivés, et une foule qui est visiblement venue pour en découdre, à en juger des mouvements de foule qui se lancent automatiquement. Les parties instrumentales lourdes et modernes font mouche à chaque instant, laissant les deux vocalistes déambuler sur scène en haranguant la fosse, leur demandant par exemple de sauter avec eux sur leur reprise de Limp Bizkit. Nous aurons également droit à une reprise de Linkin Park ainsi que divers jeux avec le public, comme le fameux “je suis sûr que mon côté est meilleur que le tien” avant un wall of death, et tout le monde ressort satisfait du show.

La pluie s’invite pour accueillir les nantais de Gravekvlt et leur riffs putrides sauce Black’n’Roll accrocheur. L’entrée est sobre, tout comme la mise en scène qui consiste à une bande de quatre potes qui jouent ensemble, et qui vont rapidement conquérir le public, sans parler du premier rang qui est déjà acquis à leur cause. Les musiciens headbanguent ou s’avancent, en particulier les guitaristes, dynamisant leur performance effrénée et bourrée de leads tranchants qui finira par dissiper les nuages, les laissant blasphémer au grand jour sous les acclamations.

Setlist: The Grave Cult – Frozen Grave – The Queen – Hexanguination (Anaemic Dreams and Silver Blades) – Flesh, Blood And Guts – Dungeon Punks – Torches Ablaze (Bloody Maze) – Skvllkrvsher (of Death and Steel) – Full Moon Fever – Goat’n’Roll – Wake To Slaughter

Changement d’univers total avec la folie de Locomuerte, qui nous propose à son tour une très longue introduction. Une fois celle-ci terminée, et les musiciens en place, El Termito (chant) bondit littéralement, brandissant son pied de micro-machette, qu’il gardera tout le long de l’énergique premier morceau pendant que ses camarades et lui-même haranguent le public en jouant, avant de… détruire un espèce de rondin/autel avec un crâne au centre de la scène. Les interludes sont réalisés en espagnol et en français, laissant les musiciens rester dans leur personnages de “banditos”, se répondant et interagissant avec la foule, et l’univers du groupe est travaillé pour coller à l’agressivité de leur Crossover/Punk/Hardcore mais… musicalement parlant je reste de marbre. Je salue tout de même l’énergie débordante et communicative des quatre gaillards ! Ainsi que leur lâcher de crocodiles gonflables sur le final…

Setlist: Parano Booster – Tiro pa’ matar – Bandolero – Barrio – Mi familia – La vida loca – Los narcos – Pura violencia

On revient dans un style plus traditionnel avec Arcania qui nous propose un Thrash Metal teinté de diverses influences, et qui va mettre les bouchées doubles pour faire vivre ses riffs à commencer par leur tout dernier single, Lost Generation. Le son agressif est parfois nuancé par des parties mélodieuses entêtantes sans toutefois négliger la fureur ni l’intensité des compositions, ni l’énergie des parties vocales. On notera également l’implication du bassiste, qui donne littéralement de sa personne en compagnie de ses camarades, et qui n’hésitera pas à motiver les troupes lors des breaks ou autres moshparts, qui remportent un franc succès.

Setlist: Lost Generation – Face in the Mirror – Rise and Never Fall – What Will Remain – Scar in Our Mind – A Matter of Time – Sweet Angel Dust – No End – Now the Sun Won’t Shine

Dans la catégorie “on ne peut pas plaire à tout le monde”, le groupe de l’année pour ma part s’appelle Opium du Peuple. Au delà d’un humour décapant avec lesquelles les deux choristes/danseuses/appelez-les-comme-vous-voulez présentent le groupe, et d’un son Punk festif qui leur sert à “alourdir des chansons françaises” pour le plus grand plaisir de l’assemblée, j’ai trouvé que ce show était… dispensable. Je reconnais l’intérêt du public pour ce genre de divertissement, mais les trois minutes de chorégraphie doublées du retour de la pluie m’ont convaincu de partir.

Retour de Fatima, cette fois-ci sous un temps plus clément, et avec la même énergie qu’il y a quelques heures, mais pour un public bien plus nombreux. Le trio reste dans sa veine entre Grunge et Stoner/Doom, mais cette fois le mélange prend, et les premiers rangs les rejoignent rapidement dans leur danse folle aux accents enivrantsqui retentissent différemment avec la tombée progressive de la nuit. Le public apprécie, et les musiciens sont totalement investis dans leur musique, ce qui leur vaudra des salves d’applaudissements.

Lordi est l’un des derniers groupes qu’il m’ait été donné de voir avant l’apocalypse de 2020, mais ce soir, c’est pour l’Arocalypse que les finlandais sont de retour ! Le show est bien évidemment attendu, et on en aura autant plein les yeux que les oreilles ! Malgré les changements de line up, le groupe réuni autour du charismatique Mr. Lordi (chant) est en pleine forme ce soir, avec une setlist parfaitement équilibrée. Les lumières mettent en avant les costumes travaillés d’Hiisi (basse) et Kone (guitare) qui ne se privent pas pour jouer au plus près des premiers rangs entre deux choeurs, mais elles oublieront parfois un peu Mana (batterie) et Hella (claviers), cantonnés derrière leurs instruments. Le vocaliste nous étalera sa maîtrise de la langue française à grands coups de “oui oui”, mais également avec “Bite” et “Chatte”, avant de nous proposer une leçon de finnois qui reste focalisée sur les attributs masculins. Côté son, tout est absolument parfait, de la moindre note de clavier à la voix rocailleuse accrocheuse, mais le groupe n’est pas venu les mains vides : un sac de cotillons pour Blood Red Sandman,une tronçonneuse à fumée, les fameuses ailes de monstre, une hache… tout l’attirail y était pour notre plus grand plaisir ! Le seul regret ? La durée du show. 

Setlist: Dead Again Jayne – Get Heavy – My Heaven Is Your Hell – Blood Red Sandman – Hug You Hardcore – Thing in the Cage – Lucyfer Prime Evil – It Snows in Hell – Wake the Snake – Who’s Your Daddy? – The Riff – Devil Is a Loser – Would You Love a Monsterman? – Hard Rock Hallelujah

Dernier concert de la Musiko Eye stage ce soir, et c’est avec la légende du Brutal Death Espagnol, j’ai nommé Avulsed, que nous allons passer ce moment. Pour ceux qui ne connaissaient pas encore la formation menée par ??Dave Rotten (chant), la surprise fut de taille, tant le son du groupe est gras et puissant, mais pour les habitués, il est l’heure de découvrir le nouveau line up (qui joue ce soir son deuxième show). Aux côtés du fondateur, GoG (batterie), Alex Nihil (basse), Alejandro Lobo (guitare à deux manches) et Miguel Bárez (guitare), qui se donnent pleinement pour nous écraser avec leur son. Si vous trouvez normal de voir les musiciens headbanguer, Death Metal oblige, qu’en est-il de vous un vocaliste le faire, tout en poussant ses hurlements sauvages ? Dave le fait sans jamais altérer la qualité de son chant caverneux, faisant du show l’un des plus brutaux de tout le festival. Reconnaissant d’être enfin de retour en France (après cinq ans), le combo enchaîne les compositions aussi violente que techniques, non sans une “special ovation for the guys in the pit”, cette poignée d’irréductibles qui ne manqueront pas de remercier le groupe pour sa performance implacable.

La soirée touche à sa fin avec Eisbrecher, formation de Metal Industriel/Neue Deutsche Härte dont la carrière française a connu une véritable explosion après leur passage au Hellfest en 2019. Comme tout show de ce style, les musiciens sont relativement statiques, en particulier le batteur Achim Färber (logique, me direz-vous) et le bassiste Rupert Keplinger, qui reste à ses côtés, laissant Alexx Wesselsky (chant) attirer tous les regards, secondé par Noel Pix et Jürgen Plangger (guitares) qui haranguent tout de même sans ménagement un public totalement réceptif. Le vocaliste parle relativement bien français, et il nous apprendra qu’il est heureux de cette seule opportunité de jouer en France cette année avant de remercier le maire de Mennecy, puis d’enchaîner. Les morceaux sont incroyablement entraînants, et la fosse ne manque pas de sauter sur demande, renvoyer des slammeurs et de headbanguer en rythme avec les riffs martiaux des allemands, en adéquation avec des lumières énergiques. A l’image des précédents à avoir foulé la Menn’Stage, Eisbrecher n’est pas venu les mains vides. Le vocaliste nous scrute avec ses jumelles lumineuses, sort des piolets et des chapkas pour tout le groupe (il en offrira même une dans le public), une tenue bavaroise (dont le chapeau finira par atterrir sur le pauvre batteur innocent), un ours en peluche, un polaroïd (sans pellicule)… tout est bon pour amuser la galerie en précisant “on a beaucoup de plaisir avec Eisbrecher”, mais le son reste solide jusqu’au bout et le groupe mérite amplement ses applaudissements !

Setlist: Volle Kraft voraus – Fehler machen Leute – FAKK – Sturmfahrt – 1000 Narben – Himmel, Arsch und Zwirn – Eiszeit – This Is Deutsch – Verrückt – Was ist hier los? – Miststück – Out of the Dark

La journée fut longue, mais non sans émotion ! Si vous aurez compris quels groupes ont remporté la palme du jour selon moi, la fatigue reste présente, et c’est bien décidé à passer une bonne nuit d’un sommeil réparateur que je regagne mes pénates.

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