Review 2418 : Oranssi Pazuzu – Muuntautuja

Day 2 - 3 - Oranssi Pazuzu

Le démon fou Oranssi Pazuzu est de retour.

Plutôt discret depuis sa précédente sortie, le groupe composé de Jun-His (chant/guitare, Three Pounds Trigger, ex-Kuolleet Intiaanit), Ontto (basse/chant, Atomikylä), Korjak (batterie), EviL (claviers/effets/chant) et Ikon (guitare, Domovoyd), tous également membres de Waste of Space Orchestra, dévoile en 2024 Muuntautuja, son sixième album.

L’album débute par les percussions étranges de Bioalkemisti, suivies par la basse, la batterie et les claviers, puis par le chant qui accentue l’oppression créée alors que la guitare rejoint le mélange. Le son est tout aussi chaotique et psychédélique qu’imprévisible, créant cet espèce de nuage obscur duquel peuvent parfaitement sortir des choeurs imposants comme des leads criards ou des claviers futuristes avant que Muuntautuja ne prenne sa place, développant sa propre mixture inquiétante. Si les premiers moments sont relativement calmes, le son va s’alourdir considérablement pour créer une masse hypnotique mais qui cesse brusquement pour permettre à l’atmosphère envoûtante de Voitelu de la remplacer, s’approchant parfois plus du Metal Avant-Gardiste que du Black Metal. Les parties vocales restent agressives, mais l’instrumentale cherche à retenir notre attention par tous les moyens en s’alimentant avec des sonorités bruitistes permanentes, mais le groupe nous autorise un moment de répit avec Hautatuuli, où les musiciens restent assez calmes. Même le vocaliste se met à murmurer, mais le groupe s’enflamme vers la moitié du titre, dévoilant une création majestueuse et protéiforme qui s’apaise à nouveau pour reprendre ses tonalités originales en nous menant vers Valotus, une composition bien plus énergique qui sait autant tirer parti d’harmoniques singulières que d’un blast véloce. Le groupe conserve son approche saccadée jusqu’à rencontrer une nouvelle pause, puis une véritable apocalypse sonore jusqu’à ce qu’Ikikäärme ne propose sa touche complexe qui devient de plus en plus brumeuse avec le temps. Les apparitions vocales confirment l’étrangeté des riffs, mais le tout finira par s’enflammer avec une saturation abrasive et lancinante avec même une pointe de mélancolie qui va perdurer lorsque la longue composition redescend en intensité, et se perd dans le néant, rejoignant la froide Vierivä usva avec laquelle les musiciens nous bercent et nous fascinent une dernière fois avant de raccrocher leurs instruments.

Bien que relativement habitué à ces expérimentations musicales étranges, je ne peux m’empêcher de penser que les musiciens d’Oranssi Pazuzu sont habités. Vous ne devriez vous attendre à rien avec Muuntautuja, pour être pleinement surpris par sa folie.

80/100

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