Review 2438 : Gaerea – Coma

Le néant laisse Gaerea s’exprimer à nouveau.

Deux ans après Mirage, le collectif masqué portugais dévoile la sortie de Coma, son quatrième album, toujours soutenu par Season of Mist et illustré par l’artiste guatémaltèque Nathan Lorenzana.

L’album s’ouvre avec les mystérieuses tonalités de The Poet’s Ballet qui nous mènent à une voix claire rassurante, mais la quiétude est de courte durée, car les racines Black Metal mélodieuses et explosives reprendront le dessus. Le vocaliste hurle à nouveau pendant que les musiciens tissent une toile violente et lancinante avec des passages légèrement plus aérés pour nous permettre d’encaisser la déferlante suivante qui nous projette sur Hope Shatters, une composition à l’atmosphère pesante et relativement macabre. Le son semble plus agressif que sur le titre précédent, mais certains passages criards lui donnent une aura inquiétante comme cette dernière vague intense avant le souffle frais que nous propose Suspended, le morceau suivant. Il ne dure évidemment que quelques secondes, laissant la rythmique oppressante s’abattre sur nous tel un ouragan saccadé aux influences Post-Black marquées, notamment sur la reprise après le break vaporeux, puis elles reprennent avec l’accrocheuse World Ablaze qui mélange les patterns vifs avec des touches diversifiées, rendant le morceau relativement joyeux. Le groupe place également des déferlantes dévastatrices tout comme sur Coma, le titre éponyme, qui mélange inquiétude et puissance brute avec également un moment plus calme vers le centre pour temporiser la fureur des musiciens, mais c’est bel et bien à toute allure qu’ils nous mènent vers la fin. Wilted Flower reprend en douceur et nous enveloppe dans un voile de tonalités planantes que même l’arrivée des éléments saturés viendra à peine déchirer, tant les riffs suivent cette dynamique planante avant de rompre le charme grâce à des murmures. On ressent de plus en plus les racines Post/Shoegaze qui s’expriment, rallumant la flamme avant de nous laisser respirer à nouveau jusqu’à ce que Reborn ne prenne les rênes avec une véritable déflagration, nous amenant de temps à autres dans l’oeil du cyclone avant de nous faire replonger la tête la première dans leur noirceur. Shapeshifter démarre très lentement, avec une approche brumeuse presque Doom, laissant ses mélodies dissonantes danser dans l’air pour créer un cocon énigmatique pour faire naître les murmures puis finalement permettre à la rythmique de tout piétiner sauvagement. Les mélodies déchirantes se joignent au mélange mais elles adopteront un rôle beaucoup plus agressif sur Unknown, ancrant la composition dans des tonalités tranchantes et une démarche plus agressive entrecoupée de nuages planants. On retrouve ce principe de dualité sur Kingdom of Thorns, qui alterne entre phases de double pédale puissantes et harmoniques entêtantes pour développer son ultime tornade accompagnée de quelques claviers.

Il est évident que Gaerea a beaucoup changé. Le groupe exploite toujours ses racines Black Metal avec des mélodies glaciales, mais Coma s’offre un répertoire d’influences plus large, que ce soit les moments vaporeux ou encore les introductions douces. Le mélange reste tout de même extrêmement cohérent.

85/100

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