À Terre a mis les bouchées doubles pour annoncer son premier album.
Agissant toujours en tant que groupe indépendant, Grégoire Caussèque (chant), Léo Lassalle Saint-Jean (guitare/claviers), Simon Casteran (guitare), Sébastien Bonneau (batterie) et Christian Simon (basse) débutent l’année 2025 avec la sortie d’Embrasser la Nuit.
L’album débute avec ÂCÂB, composition au nom à la forte signification qui s’ancre immédiatement dans ses racines Industrial avec des claviers inquiétants, rejoints par des percussions martiales puis par des riffs lancinants. Les parties vocales torturées n’apparaissent que vers le milieu du morceau, renforçant l’oppression volontaire grâce au contraste entre les influences Screamo et le growl massif avant de laisser doucement place à Paris Sous Les Tombes. Le rythme est rapidement beaucoup plus soutenu, en particulier pour les guitares et les deux voix, mais le groupe s’autorise également quelques moments de flottement plus apaisants qui rendent les explosions suivantes encore plus massives avant d’adopter une approche plus mélancolique sur Prophétie. Le ton du morceau est dans un premier temps assez sombre et dissonant, puis l’atmosphère devient plus progressive et finit enfin par s’embraser pour proposer une instrumentale aussi planante qu’entêtante pour nous laisser rejoindre Presque Morts, où les claviers nous accueillent et nous permettent de respirer un court instant. Nous Sommes la Nuit sonne le déchaînement avec des influences Hardcore vindicatives qui se couplent parfaitement aux racines Post majestueuses, mais le morceau va surprendre avec son break Trip-Hop avant l’explosion finale qui nous assomme une dernière fois avant Tous Morts. Bien qu’il ne soit qu’un interlude, il reste assez perturbant avec ses paroles pessimistes qui nous mènent à L’Appel de la Nuit où on retrouve le chant éraillé, la rythmique imposante et l’approche saccadée complétée par les quelques harmoniques perçantes, mais également ce moment d’apaisement glaçant et inquiétant qui revient progressivement à la lourdeur tout en se teintant des multiples influences qui finiront par s’entrechoquer et s’éteindre.
Les éléments qui composent la musique d’À Terre sont tous bien connus, mais ils prennent ici une toute autre dimension. Embrasser la Nuit est un recueil unique, à la fois brut, intense et sincère, de compositions viscérales qui ne demande qu’à être exploré.
95/100
Quelques questions à Grégoire Caussèque, chanteur du groupe À TERRE pour la sortie de leur premier album, Embrasser la Nuit.
Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de votre temps ! Sans utiliser les étiquettes Metal habituelles, telles que “Post-Metal”, “Hardcore” ou “Industrial”, comment pourriez-vous décrire le groupe À TERRE ?
Grégoire Caussèque (chant): Salut et merci à toi. Je dirais que À TERRE joue une musique sincère et très personnelle, c’est le plus important pour nous. On s’en tape des codes. Nous pouvons composer un refrain très accrocheur comme partir dans des plans plus expérimentaux et je peux écrire des paroles très directes comme quasi ésotériques.
Comment relies-tu personnellement le nom À Terre à la musique du groupe ?
Grégoire : Être à terre c’est être à bout de forces, quasiment fini, mais pas totalement. C’est un état entre deux et la question est «va t-on se relever ou chuter définitivement ? », et par extension allons nous être attiré pas le Noir ou la Lumière ? Le paradis ou l’Enfer ? La Nuit ou le Soleil ? Notre musique et les paroles se nourrissent de cela.
Embrasser la Nuit, votre premier album, est sur le point de sortir. Comment te sens-tu ? Est-ce que tu as déjà eu des retours à son sujet ?
Grégoire : Je ressens un peu de stress et d’impatience. Et oui on a déjà eu des retours qui sont très rassurants, voir au-delà de nos attentes. C’est appréciable, quand on fait une musique qui sort des standards habituels, d’avoir des personnes qui accrochent autant.
Comment résumerais-tu Embrasser la Nuit en trois mots ?
Grégoire : Sincère. Varié. Terreux.
L’album Embrasser la Nuit sort début 2025, pourquoi avoir choisi ce nom pour l’album et que signifie-t-il ?
Grégoire : Embrasser la Nuit c’est la prendre comme elle vient, l’accepter et voir ce qu’il va se passer. Ça peut être négatif ou positif, mais je ressens du souffle, de l’allant dans cette expression. C’est la vision que j’ai de cet album.
Depuis sa création, le groupe a déjà sorti trois EPs, as-tu observé des changements ou des évolutions entre ces productions et Embrasser la Nuit ? Comment pourrais-tu décrire les principales évolutions du processus créatif et des influences ?
Grégoire : Le principal changement est qu’on a mis plus de temps pour composer et une implication plus grande dans la composition de la part de Seb, notre batteur, et de Christian, notre nouveau bassiste. Également une envie très prononcée de sortir des schémas habituels et de saupoudrer notre Metal de certaines de nos influences. Nous aimons bien sûr Cult of Luna, Converge, Isis, Amenra mais nous aimons tout autant PNL, Balavoine, Deftones, Michel Berger, Capra ou le Wu-Tang Clan… L’album a également été plus réfléchi en amont, par exemple quel titre au début et à la fin, trouver des liens entre les paroles, ou placer un interlude etc etc…
Pourquoi avoir choisi le titre Paris Sous Les Tombes pour présenter ce nouvel album ?
Grégoire : En toute franchise c’est son côté assez direct et accrocheur qui nous a fait faire ce choix. Et puis le titre en lui même, clin d’œil à Paris sous les Bombes d’NTM, peut attirer également. Je suis aussi assez content des paroles du refrain, “Paris Traumatisme / Paris Violence / Paris sous les Tombes” ! Il y a d’ailleurs un clip qui l’accompagne, que j’ai réalisé avec Stevo Fallen, on vous invite à aller le voir !
Vos artworks ont toujours été relativement minimalistes, mais assez bruts, quelles sont vos lignes directrices pour leur création, et plus particulièrement pour celui d’Embrasser la Nuit?
Grégoire : La première ligne directrice est que je m’occupe des visuels, notamment pour les pochettes. C’est donc des photos que je fais. Et je tiens à ce que ce soit des photos de notre territoire, le Sud-Ouest (Pays-Basque, Gascogne, Béarn). Notre démarche artistique est globale, musique, artwork, paroles… Tout vient de nous. Il y a quelques temps j’étais passé à côté de cette biche morte qui était sur le bord d’une route d’un village des Landes et par chance j’avais mon appareil photo avec moi. Je ne savais pas que ce serait la pochette de notre premier LP à l’époque. J’ai trouvé que cette photo illustré bien le titre de l’album Embrasser la Nuit et aussi notre territoire. Je l’ai proposé aux gars du groupe et tout le monde l’a trouvé cool, enfin je sais pas si “cool” est le mot 🙂 !!
Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un morceau préféré sur cet album ? Ou celui qui t’a semblé le plus naturel à composer ?
Grégoire : En effet question difficile ! Je dirais L’Appel de la Nuit car c’est le plus personnel au niveau du texte. Ça parle du fait que je n’ai pas pu voir mon fils pendant 4 mois malgré moi, et cela a été une période très compliquée et une douleur intense. C’est d’ailleurs à partir de là que j’ai trouvé le fil rouge de la nuit dans l’album, et le titre Embrasser la Nuit. Et puis il a un super groove d’entrée.
Embrasser la Nuit sort à nouveau en autoproduction, est-ce que c’est une volonté du groupe de rester indépendant ? Seriez-vous ouverts à une collaboration avec un label ? Comment se passe la collaboration avec Clément de Vous Connaissez ? côté promo ?
Grégoire : C’est surtout une envie de faire les choses comme on le souhaite, mais je pense que pour le prochain on se tournera peut être vers un label, il y a aussi des avantages à cela. La collab avec Clément pour la promo se passe très bien. Il a une vision assez similaire à la notre niveau musique. Il ne pense pas que “c’était mieux avant”, il croit aux démarches atypiques…et il aime le Rap comme nous !! Il a compris où on veut aller.
Je n’ai malheureusement jamais eu la chance de vous voir à l’œuvre sur scène, comment se passe un live d’À Terre de votre point de vue ? A quoi peut-on s’attendre en allant vous voir ?
Grégoire : Sur scène nous tentons de rester sincère et de bien jouer les morceaux. Nous réfléchissons à l’agencement du set pour créer plusieurs phases, ambiances. Ha et il y a un marteau et une bouteille de gaz aussi !
Quels sont les prochains projets pour À Terre ?
Grégoire : Il y a quelques concerts qui arrivent (d’ailleurs n’hésitez pas à nous contacter pour nous booker) , un autre clip en préparation et je pense déjà aux prochaines compositions.
Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels vous souhaiteriez collaborer dans le futur ?
Grégoire : Plein ! Je dirais Romain Baudoin, formidable joueur de vielle à roue (notamment dans Artus). J’aimerais collaborer avec un rappeur ou rappeuse aussi, avec Fange, Doodseskader, Syndrome 81, Bleu Reine…
Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien avec cet album ?
Grégoire : Question intéressante. Je pense que j’ai affiné mon style d’écriture pour les paroles déjà. Sur la composition des titres on a progressé, les riffs de guitares de Léo et Simon sont vraiment bons et on ne s’est pas mis de limites, de barrières sur les arrangements. En studio le producteur, Pierre Loustaunau, m’a bien fait bosser pour les placements de chant… donc je dirais oui.
Avec quels groupes rêves-tu de jouer ? Je te laisse imaginer ta date de rêve avec À Terre en ouverture, et trois autres groupes.
Grégoire : Déjà le concert se passerai à l’Atabal à Biarritz. Et l’affiche je dirais… À TERRE, Syndrome 81, SCH, Deftones ! (Ou Daniel Balavoine si j’ai le droit de ressusciter un artiste)
Dernière question : à quel plat pourrais-tu comparer la musique d’À Terre ?
Grégoire : Chipirons à la persillade que mes grands-parents faisaient.
C’était ma dernière question, je te remercie pour ta disponibilité, et je te laisse les mots de la fin !
Grégoire : Merci pour ton interview et merci pour ce que tu fais pour notre scène. À la prochaine !