L’avenir est sombre pour Arkaist.
Émergeant des profondeurs de la Bretagne sous l’impulsion de Beobachten (guitare/basse/claviers, live pour Hanternoz et Créatures) et Maeror (guitare/chant, Azgarath, Formoraich), le projet – plus tard rejoints par Gwenc’hlann An Teñval à la basse et Cryptic à la batterie – signe chez Antiq Records pour la sortie de son premier album, Aube Noire.
L’album débute sur Aube Noire, composition éponyme au mix Old School et aux riffs saccadés qui renforcent l’aspect très brut de ce manifeste de désespoir dont l’agressivité n’a d’égal que la mélancolie du final lancinant. L’atmosphère instaurée avec les deux voix disparaît, mais elle reste pesante avec Ode à la haine où les claviers rejoignent les cris de révolte, mais le titre du morceau est relativement équivoque, et ce n’est pas une surprise que d’entendre l’instrumentale s’enflammer pour devenir beaucoup plus brumeuse. Le son devient plus majestueux pour Prophète du Sang, avec notamment une batterie qui réussit à tempérer un temps la déferlante mystérieuse et mystique, qui finira par se métamorphoser en vague de brutalité plus accrocheuse avant de revenir à ses volutes sombres. Les choeurs reviennent sur Terre Ancestrale, infusant la composition d’une énergie Pagan avant de revenir au Black Metal le plus impur puis de mêler les deux univers dans une lenteur enivrante. Le final aux claviers nous permet une pause au sein de sonorités épiques, puis Anachorète revient à la fureur avec des riffs effrénés qui savent parfaitement devenir froids et aériens pour quelques moments de quiétude angoissante, mais c’est avec un contraste saisissant entre brutalité et mélodies que le titre rejoint son final. Des touches de Doom nous accueillent sur Linceul d’Ether, donnant le ton pour la longue création oppressante – bien que des moments bien plus vifs se fassent entendre – qui prend possession de notre esprit et le laisse vagabonder au son des leads tranchants. On sentirait presque une touche lumineuse par moments, mais le sample vocal nous confirme le contraire en nous guidant après un dernier sursaut à Puer Aeternus, dernière composition dont le climat est nettement plus tendu, passant d’une vague de noirceur étouffante à des relents d’agressivité plus ou moins féroces qui nous prennent par surprise et rythment les ultimes moments jusqu’au silence.
Le Black Metal est plus qu’une musique pour Arkaist, il est un moyen de conter sa rage, son mépris et sa haine à travers des sons Old School forgés dans la noirceur. Aube Noire va sans aucun doute trouver sa place dans les étagères auprès des gemmes du passé.
90/100