Review 2686 : Karg – Marodeur

Karg a encore évolué.

Bien que créé à la base comme projet solo de V. Wahntraum (Harakiri for the Sky, Lûs, Seagrave), son neuvième album Marodeur est le premier à avoir été créé en tant que collectif réunissant également Paul Färber (batterie, Nekrodeus, Norikum, live pour Ellende et Harakiri for the Sky), Daniel Lang (guitare), Georg Traschwandtner (guitare) et Christopher Pucher (guitare/choeurs), ainsi que la violoniste Klara Bachmair (Firtan, Vinsta).

Schnee ist das Blut der Geister ouvre l’album avec une douceur presque rassurante, mais qui va finalement céder sa place à des riffs plus bruts avant de revenir accompagner le chant saturé, disparaissant de temps à autre pour faire place à des choeurs. Le son ralentit et accueille Perchta pour un duo saisissant avant que le piano de Michael Eder ne nous mène à Findling où les riffs imposants prennent immédiatement possession de notre esprit pendant que V. Wahntraum ne déverse sa peine à pleins poumons. Le morceau est aussi prenant qu’agressif, que ce soit au niveau du chant ou de l’instrumentale, mais il laissera assez vite sa place à Yugen où la rythmique est relativement plus enjouée, profitant d’une allure assez lente pour instaurer son atmosphère contrastée. Les quelques choeurs clairs rebondissent sur les cris du vocaliste pendant que les riffs deviennent plus virulents avant de s’apaiser soudainement via un break salvateur, puis d’exploser une dernière fois de désespoir avant que Verbrannte Brücken ne vienne à nouveau nous autoriser à respirer pour finalement laisser sa mélancolie teinter la rage qui naît sans prévenir. Le son devient alors saccadé, collant avec l’approche directe du chant puis de la double pédale qui apporte des tonalités lancinantes combinées au violon, que l’on retrouve sur la douce introduction d’Annapurna avant que les riffs ne s’embrasent à nouveau pour devenir entêtants puis finalement assez majestueux tout en portant les hurlements poignants. Le groupe nous autorise un nouveau moment de flottement avant de repartir de plus belle pour un final en apothéose qui débouche sur la dissonante Reminiszenzen einer Jugend où les harmoniques planantes tissent naturellement leur langueur contagieuse. Même les non germanophones ressentiront cette détresse avant le break, mais aussi la fureur qui arrive après et qui nous mène à Kimm où le groupe est accompagné de Marko Kolac (Svntarer) qui va apporter sa propre touche brute à des riffs hypnotiques pour renforcer le chaos infernal. Les derniers moments du titre nous laissent une sensation de morosité ambiante avant que le groove sombre d’Anemoia ne s’installe, créant un moment entraînant avant de succomber à nouveau à la tristesse couplée à une certaine vivacité, mais le son va inévitablement s’apaiser et disparaître dans le néant, mettant fin à l’album.

Marodeur fait partie de ces albums dont l’atmosphère pourtant très déprimante parvient à nous faire voyager, et Karg semble être expert en la matière. Sa mélancolie entêtante ne peut qu’emporter votre esprit dans son océan de noirceur.

95/100

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